Les autos électriques enfin moins chères, sauf que…
Des véhicules électriques au prix des véhicules à essence ? On n’y est pas encore tout à fait, mais ça s’en vient. Sauf que le prix global des véhicules, lui, augmente.
Un peu avant la pandémie, l’industrie promettait que le coût des composants des véhicules électriques baisserait assez vite (sur un horizon de cinq ans) et que le prix de vente des modèles d’entrée de gamme serait comparable à celui de véhicules à essence de gammes similaires.
Au printemps 2021, dans le dossier de Protégez-Vous sur les véhicules électriques, on comparait le prix d’une Bolt EV de Chevrolet (une marque de General Motors) à celui d’une Mazda 3 Sport. En fonction d’un certain kilométrage, on arrivait à la conclusion qu’il est possible d’amortir la surprime payée à l’achat d’une Bolt en moins de deux ans. Ça, c’était avant que le prix de l’essence ne fasse un bond à la pompe dont personne n’anticipait l’ampleur.
GM mène la charge
C’est encore General Motors (GM) qui mène la charge cet automne. Cette fois, le groupe met deux véhicules Chevrolet sur le marché : les Equinox EV et Blazer EV. Ces deux VUS, le Equinox EV de format compact et le Blazer EV de catégorie intermédiaire, vont prendre la route au Canada d’ici Noël. GM du Canada n’a pas encore annoncé le prix du Blazer EV, un peu plus cossu, mais on sait déjà que le Equinox EV se vendra à partir de 37 700 $, avant l’aide gouvernementale à l’achat.
Ses dimensions se comparent à celles d’un Honda HR-V, dont le prix de détail est de 30 800 $ en version deux roues motrices. En version quatre roues motrices, son prix grimpe légèrement au-dessus de 33 000 $. La version Sport, un peu plus attrayante, coûte 36 000 $.
L’électrique accote l’essence !
La différence de prix est donc mince entre un HR-V et un Equinox tout électrique, avant même l’aide à l’achat qui sera très probablement de 5 000 $ au fédéral et de 7 000 $ au Québec. En soustrayant ces montants, on n’a plus besoin de calculer l’économie de carburant pour justifier l’achat d’un véhicule électrique plutôt qu’à essence.
On peut donc affirmer qu’il existe au moins un cas, à l’heure actuelle, où le prix d’un véhicule électrique est comparable à celui d’un véhicule à essence similaire. Le prix du véhicule est même plus avantageux, grâce à l’aide gouvernementale.
C’est à peu près la même chose du côté des véhicules commerciaux : des camions lourds comme ceux de la société Vicinity Motors, en Colombie-Britannique, sont vendus ces jours-ci à un prix très attrayant, sans avoir à calculer les coûts évités en carburant… mais en tenant tout de même compte de l’aide gouvernementale.
Basculement en 2027 ?
C’est un petit revirement de situation par rapport à ce qui se produisait dans le marché automobile l’automne dernier. La Chevrolet Bolt était en arrêt de production pour des raisons liées à la fabrication de ses batteries. Toutes les autres nouveautés se vendaient plus cher qu’espéré. Plutôt que de réduire les prix, les constructeurs ont voulu rehausser la fiche technique de leurs véhicules.
Ça se poursuit cette année. À part Chevrolet, les marques automobiles continuent de vendre des véhicules électriques à un prix plus élevé que le prix médian payé pour un véhicule neuf au Canada ces jours-ci, soit 40 000 $.
Même Hyundai a dû revoir à la hausse le prix du Ioniq 5 pour 2023.
« Courage ! », disent les experts. Pour reprendre le slogan des défunts Expos de Montréal, le meilleur est à venir. « On n’est pas encore rendu à l’ère des véhicules électriques réellement abordables à l’achat, concède Daniel Breton, président et directeur général de l’organisme Mobilité électrique Canada. Mais si Chevrolet connaît du succès avec ses deux nouveautés, le mouvement pourrait s’accélérer. »
« Il y a un an, je trouvais désolant de voir que les prix de tous les nouveaux véhicules électriques étaient trop élevés : Mustang Mach E, Polestar, Hummer, poursuit Daniel Breton. Quand allait-on voir arriver des modèles de base ? » Aujourd’hui, il pense qu’il est raisonnable d’espérer qu’en 2027-2028, les prix des véhicules électriques deviendront comparables à ceux des véhicules à essence, et ce, sans aides gouvernementales.
Bientôt moins d’incitatifs
Il le faudra, car le gouvernement du Québec vient de réduire de 1 000 $ son incitatif à l’achat et continuera de le faire jusqu’en 2030, probablement. On ne sait pas trop comment on prévoit agir à Ottawa.
Entre-temps, ce sont moins les prix des véhicules électriques qui baissent que le prix de tout le reste qui augmente ! Le prix de l’essence se maintient à des niveaux élevés. Avec une production au ralenti, les constructeurs préfèrent se concentrer sur des véhicules neufs plus haut de gamme.
Bref, on peut dire que les véhicules électriques sont de plus en plus compétitifs à l’achat. Mais ça ne signifie pas que l’achat d’un véhicule tout court soit une solution de mobilité de plus en plus abordable…
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