Prêts étudiants : les taux d’intérêt font mal
Les centaines de milliers de détenteurs de prêts étudiants subissent eux aussi la hausse importante des frais d’intérêt au Québec. Pour y faire face, étudiants et nouveaux diplômés doivent plus que jamais planifier leur budget.
Alors que le taux d’intérêt était d’un peu moins de 3 % il y a à peine un an, ce taux s’établissait à 7,7 % début septembre. Il est calculé sur le taux préférentiel de la Banque du Canada plus 0,50 %.
Quelque 380 000 ex-étudiants doivent rembourser leurs dettes d'études. Le prêt moyen s’établit à 11 579 $, un montant qui génère plus de 800 $ d’intérêts par an, au taux actuel.
Pour ceux et celles qui font leurs premiers pas sur les campus, la facture de ces intérêts s’ajoutera au remboursement de leurs prêts, et le paiement commencera au plus tard six mois après la fin de leurs études.
Ces derniers mois, les partis d’opposition ont proposé au gouvernement Legault d’imiter les autres provinces et d’abolir les intérêts sur les prêts étudiants.
Québec a préféré bonifier l’aide financière aux étudiants plutôt que d’éliminer les frais d’intérêt pour les diplômés, en réservant une enveloppe de 140 millions de dollars pour le programme d’Aide financière aux études. « Le modèle québécois d’accessibilité aux études est plus avantageux qu’ailleurs au pays, avec un taux d’endettement plus faible. On a fait le choix de continuer d’investir en ce sens », a indiqué la ministre de l’Enseignement supérieur Pascale Déry, sur le réseau social X (anciennement Twitter).
Des bourses dans des matières ciblées
Avant de vous tourner vers les prêts, vérifiez si vous êtes admissible aux différents programmes de bourses du Québec qui soutiennent les étudiants.
Parmi ceux-ci, mentionnons le programme de bourses Perspective Québec offert aux étudiants collégiaux et universitaires, pourvu qu’ils aient réussi au moins une session à temps plein dans un programme d’études ciblé. Pour l’université, il s’agit notamment des domaines de l’enseignement, du génie, des technologies de l’information ainsi que de la santé et des services sociaux. Grâce à ce programme, un étudiant au collégial peut recevoir 1500 $ par session, et 2500 $ pour un programme universitaire.
Love money, REEE et prêt à taux fixe
« Pour faire face à la hausse des taux d’intérêt et du coût de la vie, de plus en plus de jeunes empruntent de l’argent à leurs parents, et ce phénomène s’accélère plus vite au Québec qu’ailleurs au Canada », note Emile Khayat, directeur régional principal à Gestion de patrimoine TD à la Banque TD.
Un sondage mené par la RBC pour la rentrée scolaire révélait que 43 % des étudiants âgés de 18 à 29 ans comptent sur l’aide financière de leurs parents, contre 29 % il y a 10 ans. De plus, un plus grand nombre d’entre eux (47 %, contre 36 % en 2013) vont rester vivre dans leur famille pour joindre les deux bouts.
Certains parents (ou grands-parents !) ont souscrit un Régime enregistré d’épargne-études (REEE) pour soutenir leurs jeunes dans leurs études supérieures. « Si on s’y est pris à l’avance, c’est de loin le moyen le plus rentable de financer des études au pays grâce aux subventions des deux gouvernements », souligne Emile Khayat.
Pour ceux et celles qui ne peuvent ni compter sur un REEE, ni sur un prêt familial, ni sur les bourses gouvernementales, il est parfois possible de s’entendre avec son institution financière sur un prêt à taux fixe, c’est-à-dire un taux établi à l’avance qui ne changera pas pendant la durée des études. Évidemment, si le taux préférentiel venait à baisser durant le temps des études, l’étudiant ne profiterait pas de cette baisse de taux.
Avant de souscrire un prêt avec une institution financière, soyez tout de même attentif aux conditions du prêt : sont-elles vraiment meilleures que ce que vous pourriez obtenir auprès du Programme de prêts et bourses du Québec, dont les obligations de remboursement ne commencent que six mois après la fin des études ?
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Payer d’abord les dettes les plus coûteuses
« Si vous devez recourir en ce moment aux prêts pour étudiants ou que vous avez une dette d’études à régler, rappelez-vous que les frais d’intérêt des prêts étudiants ne se comparent pas à ceux liés aux cartes de crédit », dit Emile Khayat.
« Si vous avez des dettes sur ces cartes, remboursez d’abord celles-ci plutôt que de payer plus rapidement votre prêt étudiant », recommande le spécialiste.
Si vous n’avez pas d’autres dettes et voulez réduire votre prêt étudiant, planifiez votre budget pour être à même de rembourser le plus vite possible : « Vous pouvez vous servir des applications disponibles dans la plupart des banques pour savoir d’où vient l’argent et où il s’en va, ajoute M. Khayat. Faire un budget est plus facile grâce à ces applications qui viennent colliger les informations de la carte de crédit, du compte bancaire et des autres produits financiers. »
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Des astuces pour rembourser plus vite
Outre le budget, Emile Khayat suggère d’adopter pour quelque temps un mode de vie plus simple afin de prioriser le remboursement de sa dette. Il conseille, par exemple, les actions suivantes :
- Privilégier les achats en seconde main sur des sites en ligne comme Kijiji ou Marketplace.
- Réduire le nombre d’abonnements en ligne : 9,99 $ par mois, ça ne fait pas un gros trou dans un budget, mais cinq abonnements à ce prix pèsent plus de 600 $ par an dans le budget.
- Consommer moins pour un temps : les voyages, les soupers au resto, les achats compulsifs ont des conséquences financières.
- Profiter des programmes de point sur les cartes de crédit pour accumuler des remises en argent et rembourser sa dette étudiante, à condition évidemment de payer intégralement le solde de ses cartes. Pour ce faire, il faut choisir la meilleure en fonction de ses besoins.
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Incapable de rembourser votre prêt ?
Si vous êtes incapable de rembourser votre prêt, vous pouvez faire une demande de remboursement différé qui vous permettra de diminuer le montant de vos paiements pendant une période renouvelable de six mois.
Toutefois, si vous cessez de rembourser votre prêt, votre institution financière transférera votre dossier au service du recouvrement qui vous demandera de conclure une entente de remboursement. Les montants que vous pourriez recevoir tels que des remboursements d’impôt provincial ou des crédits d’impôt pour solidarité serviront à payer votre prêt.
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