Sites de streaming, de musique ou d’activité physique… Tous se mettent de la partie pour vous faire une proposition irrésistible : un abonnement gratuit pour bénéficier de leurs services pendant une période déterminée, qui sera suivi d’un abonnement payant à moins que vous ne l’annuliez.
Récemment, j’ai failli succomber à un site de streaming diffusant des films et séries que je ne retrouve pas sur ma plateforme habituelle. C’est au moment où l’on m’a demandé d’entrer mes coordonnées de carte de crédit que j’ai reculé. Pas si vite ! Si c’est gratuit, pourquoi me demande-t-on déjà mon numéro de carte ? Et une fois la promotion échue, comment pourrais-je me désabonner ? Il m’a fallu pas loin de 10 minutes de recherche sur le site pour trouver la façon d’annuler l’abonnement…J’ai renoncé à profiter de cette offre !
Un pensez-y-bien
Vérification faite avec Me Sylvie De Bellefeuille, avocate et conseillère budgétaire auprès d’Option consommateurs, la pratique des abonnements « gratuits » est bel et bien devenue un modèle d’affaires, même si la formule ne date pas d’hier. L’organisme a d’ailleurs publié un rapport de recherche sur le sujet, en juin 2018.
« Le commerçant offre une période gratuite ou à rabais, et des frais seront appliqués automatiquement par la suite, à moins que le consommateur ne l’informe qu’il souhaite mettre un terme à l’abonnement », explique l’avocate. Puisqu’on a déjà donné nos informations de crédit, rien de plus facile que de commencer à facturer au prix courant ! « L’entreprise compte sur le fait qu’on va oublier d’annuler », poursuit Me De Bellefeuille. C’est ce qu’on appelle dans le jargon un abonnement sous forme de contrat à option négative (opt-out).
Au Québec, théoriquement, l’article 230 de la Loi sur la protection du consommateur interdit cette pratique. Mais une décision de la Cour d’appel est venue baliser son application. Ce que le commerçant doit faire, c’est aviser le consommateur que le prix courant lui sera facturé à la fin de la période promotionnelle. Du moment qu’il l’a indiqué dans le contrat (oui, cette longue litanie de termes juridiques au bout de laquelle vous avez coché machinalement la case « j’accepte »…), il est dans la légalité.
Pour commencer… vérifiez comment vous désabonner
Moralité ? Si vous souhaitez malgré tout profiter de ces offres, assurez-vous de vérifier préalablement que la procédure de désabonnement est simple. « Cela ne sera pas toujours aussi facile que de cliquer sur un lien, prévient Sylvie De Bellefeuille. Il faudra parfois envoyer un courriel, ou même téléphoner. »
Prenez aussi connaissance des termes du contrat et notez dans votre agenda la date à laquelle vous devrez commencer à payer afin de pouvoir l’annuler à temps. Car, passé ce délai, il sera trop tard. La compagnie ne vous préviendra pas à l’avance qu’elle va commencer à prélever le montant de l’abonnement sur votre carte de crédit. Astuce : planifiez une alerte sur votre téléphone intelligent pour ne pas oublier la date fatidique.
Enfin, prenez la bonne habitude de passer en revue votre relevé de carte de crédit, chaque mois, vous aurez peut-être de drôles de surprises. Un petit 10 $ par-ci, un petit 15 $ par-là font une somme rondelette au bout d’un an : vous préférerez sans doute avoir ces sommes dans votre porte-monnaie plutôt que de payer pour des services que vous n’utilisez pas.
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