Immigration au Canada : comment fonctionne le système d’éducation au Québec?
Immigrer au Canada, et plus précisément au Québec, c’est aussi apprivoiser un nouveau système scolaire, son fonctionnement et ses particularités. Comment s’y retrouver en matière d’éducation?
Le service de garde (de 0 à 5 ans)
L’inscription à l’école
Au public ou au privé ?
Le préscolaire (de 4 à 6 ans)
L’école primaire (de 6 à 12 ans)
L’école secondaire (de 12 à 17 ans)
La formation professionnelle et le cégep
L’université
Au Canada, chaque province et territoire est responsable de son système d’éducation. Au Québec, il est régi par la Loi sur l’instruction publique. Le ministère de l’Éducation est chargé de l’enseignement préscolaire, primaire et secondaire, tandis que le ministère de l’Enseignement supérieur est responsable des cégeps et des universités.
Fréquenter l’école est obligatoire de 6 ans à 16 ans, soit de la première année du primaire à la cinquième année du secondaire. Dans le système scolaire public, l’éducation est laïque et gratuite pour tous les enfants dont les parents résident au Québec pour une période temporaire, définie ou indéfinie, sans égard à leur statut d’immigration ou à celui des parents en question. Cela dit, certains enfants qui ne répondent pas à ce critère – par exemple les ressortissants de la France et les enfants demandeurs d’asile n’étant pas accompagnés de leurs parents – peuvent être exemptés des frais.
Par ailleurs, l’éducation québécoise se fait en français, comme ont pu le constater Marcel et sa conjointe après leur arrivée du Cameroun en 2023. Le couple, d’abord établi à Montréal avant de s’installer à Trois-Rivières, songeait à l’éducation en anglais, mais il ne répondait pas aux critères d’admissibilité.
Comme eux, vous aimeriez que vos enfants fréquentent une école anglophone? Au Québec, l’éducation en anglais, au public comme au privé, est autorisée sous certaines conditions bien strictes. Y sont entre autres admissibles les enfants dont un parent ayant la citoyenneté canadienne a reçu la majeure partie de son éducation primaire en anglais au Canada. Par ailleurs, si vous êtes un travailleur ou une travailleuse temporaire au Québec, votre enfant pourrait être scolarisé en anglais durant votre séjour. Pour connaître l’ensemble des critères d’admissibilité, consultez le site Educaloi.qc.ca.
Au bout du compte, Marcel et sa famille sont très satisfaits de l’école francophone publique. Malgré les quelques embûches qui ont ponctué leur parcours à travers le système de garde et d’éducation québécois – soit l’absence d’une place en garderie et les longues distances à parcourir entre la maison et l’école –, leur expérience est globalement positive. Pour Marcel, une éducation sans correction physique constitue un avantage considérable, tout comme l’est la communication étroite avec les enseignants.
Vous souhaitez vous aussi vous établir au Québec ? Voici un aperçu de chaque étape du parcours scolaire, du service de garde jusqu’à l’université.
Le service de garde (de 0 à 5 ans)
Pour procéder à l’inscription de votre enfant au service de garde, rendez-vous sur le site web de La Place 0-5, qui répertorie les différents milieux (sauf les services de garde non reconnus en milieu familial) en fonction de votre lieu de résidence.
Attention : prenez de l’avance, car les places sont limitées, surtout dans les milieux subventionnés. Marcel s’est d’ailleurs buté à des listes d’attente à Montréal et n’a toujours pas de place assignée pour son enfant de 4 ans, même depuis que la famille s’est installée à Trois-Rivières, une ville pourtant moins populeuse.
L’idéal est d’inscrire votre enfant dès que vous connaissez la date de votre arrivée au Québec. Vous devrez alors fournir le numéro de téléphone canadien et l’adresse de résidence d’une personne-ressource, que vous pourrez modifier une fois que vous serez installé sur le territoire.
Plusieurs options s’offrent à vous, selon vos besoins et votre budget, pour la garde de vos jeunes enfants :
· Le centre de la petite enfance (CPE) est un milieu qui peut recevoir au maximum 100 enfants par installation. Il comprend plusieurs locaux ainsi que des aires de jeux, et les groupes sont divisés par tranche d’âge. Dans un CPE, 1 éducatrice sur 3 doit être qualifiée, et le ratio personnel/enfants maximal est le suivant : 1 éducatrice pour 5 enfants âgés de moins de 18 mois, 1 pour 8 enfants âgés de 18 à 48 mois, et 1 pour 10 enfants âgés de plus de 48 mois. Comme le CPE est subventionné, vous payez 9,35 $ par jour, un prix qui est fixé par le gouvernement du Québec et indexé chaque année. Vous pourriez aussi être admissible à la déduction fédérale.
· La garderie, elle, fournit ses services dans une installation semblable à celle d’un CPE, mais elle est à but lucratif. Elle peut être subventionnée (9,35 $ par jour) ou non. Les frais sont fixés par la garderie, mais les parents ont la possibilité d’obtenir des déductions fiscales. Par exemple, un couple dont les conjoints gagnent chacun 50 000 $ par année et qui paie 40 $ par jour pour la garderie non subventionnée pourrait payer finalement 7,17 $ au quotidien grâce au crédit d’impôt provincial et à la déduction fédérale.
· Le service de garde reconnu en milieu familial exerce ses activités dans une résidence privée et peut être subventionné ou non. La personne responsable peut recevoir au maximum 6 enfants à la fois, dont au plus 2 sont âgés de moins de 18 mois. Si elle est assistée par une autre personne, ce ratio augmente à 9 enfants, dont au plus 4 ont moins de 18 mois.
· Le service de garde non reconnu en milieu familial peut offrir plus de flexibilité, mais il n’est pas soumis à la surveillance d’un bureau coordonnateur. À partir de septembre 2026, cette pratique sera interdite, sauf pour des services à 2 enfants au maximum.
Peu importe le milieu de garde que vous choisissez pour votre enfant, l’important est de vous sentir en confiance. N’hésitez pas à le visiter avant de prendre une décision. Sur place, posez des questions et observez l’environnement, l’attitude du personnel et la propreté des lieux.
Si vous suivez des cours de francisation, vous pourriez obtenir une allocation de 9 $ par jour du gouvernement du Québec pour chaque enfant que vous devez faire garder en vue de participer à un cours de francisation de 3 heures ou plus.
L’inscription à l’école
Pour inscrire votre enfant à l’école, vous devez communiquer avec le centre de service scolaire (CSS) affilié à votre adresse de résidence. Vous serez convoqué à une rencontre lors de laquelle on vous demandera certains documents, dont le certificat de naissance de votre enfant, une preuve de résidence (facture de téléphone ou d’électricité, relevé d’emploi) et des bulletins scolaires. C’est aussi à ce moment-là que le niveau de français de l’enfant sera évalué.
Si l’école déterminée est loin de votre résidence, pensez à inscrire votre enfant au transport scolaire, qui est gratuit le matin et le soir si vous habitez sur le territoire du CSS. Il vous est également possible de faire appel au service de garde selon vos besoins : de manière régulière, sporadique ou pour un dépannage, pour les périodes du matin, du midi et du soir. Le tarif maximal est de 8,95 $ par jour et indexé le 1er juillet de chaque année par le gouvernement.
Au public ou au privé ?
Les écoles publiques et privées québécoises sont réglementées par le ministère de l’Éducation et tenues de suivre le Programme de formation de l’école québécoise. La distinction principale réside dans le prix : alors que l’éducation publique est gratuite, l’éducation dans une école privée subventionnée coûte en moyenne 4 500 $ par année, selon la Fédération des établissements d’enseignement privés. (Sachez toutefois qu’il existe des aides financières.)
Par ailleurs, tous les élèves sont admissibles à l’école publique, alors que pour l’école privée, c’est un peu différent : le processus de sélection est variable d’une école à l’autre, et il peut être basé sur les intérêts du jeune ou sur ses résultats scolaires, par exemple. Des listes d’attente sont parfois établies.
« Dans mon pays, il n’y aurait même pas d’hésitation : ce serait l’école privée, dit Marcel. Mais ici, on a opté pour l’école publique, et je pense qu’elle offre ce qu’il faut. »
À lire aussi : Rentrée scolaire : quels frais devriez-vous payer… ou pas ?
Le préscolaire (de 4 à 6 ans)
Votre enfant sera en mesure de commencer la maternelle à partir de l’âge de 4 ou 5 ans. La maternelle 4 ans est offerte à tous les enfants qui ont 4 ans au 30 septembre de l’année scolaire visée dans les écoles participantes, et selon les places disponibles. L’objectif est de favoriser le développement de l’enfant par le biais de jeux et d’activités, et d’assurer une transition harmonieuse vers le primaire.
L’école primaire (de 6 à 12 ans)
L’éducation primaire comprend la première année jusqu’à la sixième année et est divisée en trois cycles. L’année scolaire débute généralement à la fin août et se termine à la fin juin. Les élèves vont en classe du lundi au vendredi, entre 8 h et 9 h du matin jusqu’à 15 h à 16 h, en fonction de l’école où ils vont.
N'oubliez pas que le moment de votre arrivée est susceptible d’influencer l’année scolaire de votre enfant. À titre d’exemple, ce dernier pourrait devoir recommencer l’année scolaire en cours même si vous arrivez en avril, comme cela a été le cas pour un des fils de Marcel. « Il ne cache pas que ça l’a beaucoup gêné; il a perdu une année et il le ressent qu’il a un âge un peu plus avancé que ses camarades », observe le père de famille.
En plus de vous adapter à ce nouveau fonctionnement, vous constaterez peut-être quelques différences quant aux mœurs. « Ce ne sont pas tous les immigrants qui connaissent la communication famille-école. Pour eux, ça n’existe pas; ils parlent à leurs enfants et non aux enseignants », fait remarquer An Zhen Liu, conseillère en intégration dans le cadre du projet ICI Scolaire au CACI (Centre d’appui aux communautés immigrantes) de Montréal.
Pour Marcel, la communication étroite avec les enseignants est un plus. « Il y a des applications sur lesquelles je peux voir ce qui s’est passé dans la journée, si l’enfant a reçu une médaille, si des photos ont été prises lors d’une activité, etc. J’ai beaucoup apprécié que l’on détaille les aptitudes de l’enfant, et pas seulement ses performances académiques », se réjouit-il.
L’école secondaire (de 12 à 17 ans)
Après la sixième année du primaire, le jeune transite vers l’école secondaire, dont le parcours dure cinq ans. Il s’agit d’une étape marquante pour lui : nouveaux camarades, établissement d’horaires à gérer soi-même… Bref, cette nouveauté exige inévitablement de l’adaptation et de l’autonomie.
Au privé comme au public, une foule de programmes sont offerts : le programme régulier, international ou enrichi en anglais; la concentration art dramatique et médiatique; le programme Sport-études; etc. Or ces différents programmes spéciaux ne sont pas offerts partout; c’est pourquoi vous devez vous informer des possibilités dans votre secteur. De plus, votre jeune devra répondre aux conditions d’admission, par exemple en passant un test ou un entretien.
Selon les observations d’An Zhen Liu, les élèves nouveaux arrivants qui intègrent le secondaire ont besoin d’un plus grand soutien social que les enfants qui sont admis au primaire, mais ils n’ont pas tendance à aller chercher de l’aide. Les écoles proposent généralement les services d’un psychologue scolaire. Informez-vous pour connaître les différents services offerts.
Sachez d’ailleurs que les services de professionnels tels que les orthopédagogues et les orthophonistes sont intégrés dans les écoles pour répondre aux besoins spécifiques de certains jeunes, et ce, au primaire comme au secondaire.
L’apprentissage ou la mise à niveau en français
Au primaire tout comme au secondaire, si votre enfant ne parle pas français (ou le parle peu), il est possible qu’il soit placé dans une classe d’accueil spécialisée pour les nouveaux arrivants ou qu’il reçoive des services de francisation d’appoint dans une classe ordinaire jusqu’à ce qu’il soit capable de suivre l’enseignement en français dans toutes les matières.
À lire aussi : Comment choisir la bonne école secondaire ?
La formation professionnelle et le cégep
Dans les établissements d’enseignement postsecondaire francophones, les étudiants doivent avoir un niveau de français suffisant avant de commencer leur programme d’études. Des cours de francisation sont proposés et vous pourriez recevoir de l’aide financière pour y participer.
Plusieurs options s’offrent à vous et à votre famille si vous souhaitez entamer ou poursuivre vos études.
La formation générale aux adultes permet de suivre une formation ou des cours préalables nécessaires à un projet professionnel (ou à la préparation aux études postsecondaires).
La formation professionnelle mène au marché du travail avec un diplôme, soit le diplôme d’études professionnelles (DEP), l’attestation de spécialisation professionnelle (ASP) ou l’attestation d’études professionnelles (AEP). Ils permettent d’apprendre un métier tel que boulanger, secrétaire, électricien ou encore guide de chasse et pêche.
Les études collégiales du réseau public des cégeps ou des collèges privés donnent accès à une formation préuniversitaire de deux ans ou à une formation technique (généralement de trois ans). Cette dernière permet de se former à un métier – par exemple designer d’intérieur ou technicien en génie civil – tout en suivant les cours de base pour obtenir un diplôme d’études collégiales (DEC), nécessaire pour poursuivre ses études à l’université. Certains cégeps, et surtout les collèges privés, proposent aussi des attestations d’études collégiales (AEC), une formation plus rapide vers l’emploi puisqu’elle est sans cours de base.
En vertu d’une entente établie entre le Québec et la France, les étudiants français ne paient pas de droits de scolarité dans les cégeps. Tout comme les étudiants québécois, ils doivent néanmoins assumer des frais d’inscription d’environ 400 $ par session et acheter les ouvrages nécessaires à leurs études. Les étudiants d’autres pays, eux, doivent payer les droits de scolarité de 7 354 $ à 11 398 $ par session à temps plein, selon le domaine de formation.
L’université
Les études universitaires sont divisées en trois cycles, soit le baccalauréat au premier cycle, la maîtrise au deuxième cycle et le doctorat au troisième cycle. D’autres programmes sont à durée variable, comme le certificat (premier cycle) ou le diplôme d’études supérieures spécialisé (deuxième cycle). D’ailleurs, sachez que plusieurs programmes universitaires de premier cycle acceptent les adultes de 21 ans ou plus qui ont une expérience jugée pertinente, même s’ils n’ont pas obtenu de DEC.
Les droits de scolarité varient d’une université à l’autre en fonction du programme et du statut de l’étudiant. Pour l’année 2024-2025, les droits de scolarité de base pour les étudiants québécois à temps plein (30 crédits) au premier cycle sont de 2 967 $, auxquels d’autres frais sont ajoutés selon l’établissement. Pour avoir accès au tarif québécois, il faut être citoyen canadien ou résident permanent et être résident du Québec au sens de la loi.
Les Canadiens non résidents du Québec paient au minimum 9 261 $ pour 30 crédits, ce qui correspond à une année à temps plein. C’est ce même tarif qu’on impose aux étudiants français et belges qui sont admissibles au premier cycle. Les autres étudiants internationaux, eux, paient au minimum 21 236 $ par année.
Jean-Benoît Tremblay, registraire de l’Université Laval, à Québec, apporte cependant une nuance. « Il y a de très nombreuses catégories d’étudiants et des situations de facturation différentes dont il faut tenir compte avec les exceptions qui existent », mentionne-t-il, précisant que certains étudiants ont accès à de l’aide financière ou à des tarifs spéciaux en fonction d’ententes conclues avec certains gouvernements ou de domaines d’études qui sont favorisés par le ministère de l’Enseignement supérieur.
D’autres étudiants sont exemptés des droits de scolarité supplémentaires et paient le tarif québécois, tels que les réfugiés qui sont titulaires d’un Certificat de sélection du Québec, ainsi que les conjoints et les enfants de moins de 22 ans des travailleurs ayant un permis de travail fermé ou un permis de travail postdiplôme.
Parfois, certaines circonstances peuvent conduire un étudiant à se trouver en situation de précarité financière une fois au Québec, mais il existe du soutien. « Que ce soit de la mortalité dans la famille, les ressources qui ne sont plus disponibles ou un conflit ou une guerre dans le pays d’origine, on veut pouvoir aider les étudiants », illustre Luis René Ayala Robledo, directeur du Bureau de la vie étudiante à l’Université Laval.
Plusieurs séances d’information prédépart sont offertes par les universités, par exemple, et des ateliers de soutien à l’intégration sont proposés en ligne ou en personne par des organismes communautaires lorsque vous arrivez au Québec.
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