Limiter au maximum sa consommation d’essence est essentiel pour diminuer l’impact qu’on a sur la planète. Ainsi, voyager à pied ou à vélo, ou encore prendre les transports en commun au quotidien constitue la meilleure solution – et de loin –, selon les experts ayant collaboré à l’enquête.
Catherine Houssard mentionne même que, selon des analyses du CIRAIG, le transport quotidien a plus de poids sur l’empreinte carbone (et donc sur les changements climatiques) que l’alimentation au Québec. « Ça s’explique entre autres par la forte utilisation de l’auto en solo, par les grandes distances parcourues et par le manque d’infrastructures en transport en commun. On a vraiment du retard en Amérique du Nord », dit-elle.
Dans plusieurs pays européens – l’Espagne, la France, l’Autriche et l’Allemagne –, au moins la moitié des personnes sondées disent souvent (ou presque toujours) marcher, faire du vélo ou prendre les transports en commun lors de leurs déplacements au quotidien. Au Canada, on parle du tiers seulement.
Et qu’en est-il de conduire un véhicule électrique (VÉ)? Dans le contexte québécois, c’est une option plus écologique que dans plusieurs provinces et pays, parce que notre électricité provient d’une source d’énergie renouvelable : la puissance de l’eau (l’hydroélectricité) en grande majorité. Or, même si la voiture électrique se révèle rapidement plus écologique que sa cousine à essence – après 32 000 km au Québec, selon des chiffres de 2016 du CIRAIG en termes d’impacts sur les changements climatiques –, elle n’est pas non plus une panacée. Le véhicule le moins polluant demeurera toujours celui qui n’est ni fabriqué ni utilisé!
Les gestes les plus importants
(en ordre d'importance, selon le consensus des experts)
1. Marcher, utiliser le vélo ou emprunter les transports en commun lors des déplacements quotidiens.
2. Éviter l’avion et privilégier des moyens de transport moins polluants.
3. Ne pas avoir de voiture (en louer une, faire du covoiturage ou utiliser un service d’autopartage au besoin).
4. Utiliser sa voiture seulement lorsque c’est nécessaire ou avoir un véhicule peu polluant (par exemple une voiture électrique).
5. Pratiquer le tourisme durable.
Attachés à nos autos
Au chapitre des habitudes de transport, les Canadiens et les Québécois ne font donc pas très bonne figure puisqu’ils utilisent beaucoup la voiture.
D’ailleurs, 77 % des Canadiens et 81 % des Québécois possèdent au moins une voiture par foyer. Les Européens nous font concurrence à ce propos, selon notre sondage : seuls les Russes, les Danois, les Britanniques et les Tchèques sont moins nombreux que les Canadiens à posséder au moins un véhicule.
« Les voitures des Européens consomment environ deux litres de moins aux 100 km que les véhicules des Nord-Américains », nuance Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC Montréal et titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de cet établissement d’enseignement. En effet, de l’autre côté de l’Atlantique, on conduit des autos plus petites pour éviter des taxes supplémentaires sur l’essence de même que des coûts d’immatriculation et de taxes de vente plus élevés (pour les véhicules plus puissants et plus gros).
L’essence, toujours l’essence!
Du côté des catégories de véhicules, ceux qui sont strictement à essence règnent toujours en maîtres. Les voitures 100 % électriques ainsi que les hybrides et hybrides rechargeables ne sont pas encore très répandues, à en croire notre sondage. Le Danemark est champion dans ce domaine grâce à un parc automobile électrifié à 13 %, ce qui comprend 5 % de véhicules pleinement électriques. Au Canada et au Québec, environ 6 % des répondants affirment qu’ils ont un véhicule hybride ou électrique.
Et dans les faits? Ces types de véhicules représentent environ 4 % des quelque 5 millions de véhicules de promenade qui circulaient sur les routes du Québec, selon le rapport État de l’énergie au Québec, édition 2022, signé par Pierre-Olivier Pineau et sa collègue Johanne Whitmore. En ne comptant que les véhicules 100 % électriques et les hybrides rechargeables (regroupées sous le terme « VÉ »), ce chiffre tombe à moins de 2,5 %.
Si les ventes de VÉ sont en croissance, celles de plusieurs bolides à essence le sont aussi; pensons ici aux véhicules utilitaires sport (VUS), plus polluants que les petites voitures. « Il s’est ainsi vendu environ 15 camions légers [VUS, minifourgonnettes, camionnettes] pour chaque VÉ vendu en 2020. Ces tendances sont contraires à l’atteinte des cibles de réduction des émissions de GES », indique le rapport.
Voitures électriques : plus chères, vraiment?
Pour justifier leurs (mauvaises) habitudes en matière de transport, 37 % des Canadiens et 20 % des Québécois sondés invoquent le coût élevé des choix écologiques.
Si les voitures électriques coûtent effectivement plus cher à l’achat, selon Pierre-Olivier Pineau, elles deviennent rapidement plus économiques que celles à essence. Un rapport effectué par ses collègues en 2021 démontre qu’à partir de 20 000 km parcourus, un véhicule entièrement électrique devient plus avantageux qu’un autre comparable à essence au Québec.
Le professeur rappelle toutefois que cette option demeure plus chère et moins écologique que le transport collectif ou actif (vélo, marche, etc.). Posséder une voiture encourage en outre son utilisation et, au bout du compte, l’étalement urbain (qui vient renforcer la dépendance au transport en solo).
Cela dit, 25 % des Canadiens et 29 % des Québécois montrent du doigt le manque d’infrastructures et de services comme barrière à l’adoption d’habitudes plus durables en transport.
« Il faut développer l’offre de mobilité durable, convient Pierre-Olivier Pineau, mais aussi toutes les solutions de covoiturage et d’autopartage. Ce sont des moyens qui sont très efficaces et qui ne coûtent rien à l’État québécois si on utilise des équipements qui existent déjà pour optimiser leur utilisation. »
Voyager autrement
Au Québec, 38 % des personnes sondées (24 % au Canada) disent qu’elles évitent presque complètement l’avion, par exemple en renonçant aux voyages non essentiels. Les pratiques de tourisme durable – choisir des destinations moins éloignées, séjourner dans des hôtels certifiés durables ou ayant des politiques écologiques, etc. –, quant à elles, sont plus ou moins populaires.
Parce qu’ils contribuent fortement à l’émission de GES, et ce, en un temps record, les voyages en avion devraient être évités autant que possible, surtout pour parcourir des distances courtes ou moyennes (par exemple entre Montréal et Toronto), selon Catherine Houssard. De même, si le train est à privilégier, les croisières, elles, sont à éviter, car elles sont très polluantes. Envisagez plutôt d’adopter les principes du slow travel, c’est-à-dire de moins vous déplacer une fois à destination (en évitant de cumuler les vols ou de louer une voiture sur place, entre autres décisions). Bref, espacez vos voyages dans le temps… mais n’hésitez pas à allonger votre séjour si ce dernier se fait de manière durable!
>> À lire aussi : Êtes-vous prêt pour l’auto électrique ? et Comment voyager de façon plus durable ?
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