Marketplace, Kijiji ou LesPAC : comment bien utiliser les petites annonces ?
Acheter ou vendre des biens d’occasion a des bienfaits pour la planète et le portefeuille, mais il y a des choses à savoir pour le faire avec efficacité et en toute sécurité.
Choisir une plateforme
Bien rédiger une annonce
Être un acheteur averti et se démarquer
Payer en toute sécurité
Éviter les risques inutiles
Virginie Landry est une adepte des plateformes de ventes d’articles de seconde main. Si elle est acheteuse à ses heures, elle est surtout une vendeuse chevronnée.
« Je composte, je recycle, j’utilise des couches lavables pour mon bébé et je vends mes biens qui sont toujours en très bonne condition parce que c’est écologique, lance la jeune maman de 29 ans. Il y a tellement de produits en circulation ! Mais c’est aussi tout simplement pour me débarrasser de ce dont je n’ai plus besoin et qui pourrait être utile à d’autres. » Et, avantage supplémentaire, elle fait un peu d’argent à travers tout cela.
C’est aussi le constat de Caroline Boivin, professeure à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke et cofondatrice de l’Observatoire de la consommation responsable (OCR) : « Bien que la majorité de ceux qui achètent ou vendent des biens d’occasion ont en tête des motivations économiques, nous observons que les gens mentionnent de plus en plus des motifs altruistes et écologiques. »
Même si une personne souhaite avant tout gagner ou économiser un peu d’argent, il y a quand même des impacts sociaux ou écologiques positifs, ajoute la chercheuse. Par exemple, donner une seconde vie à des objets, c’est les rendre accessibles à moindre coût à des gens, mais aussi leur éviter de prendre la poussière dans un placard, voire de se retrouver dans un site d’enfouissement. Et si vous achetez un objet usagé plutôt que neuf, vous contribuez à limiter la circulation de nouveaux biens sur le marché.
Loin d’être marginal
Les plateformes en ligne ne sont pas nouvelles : le site canadien LesPAC a été lancé par un Québécois en 1996, tandis que Kijiji – une société filiale de l’entreprise américaine eBay – voyait le jour presque dix ans plus tard, en 2005. Arrivé en 2016, Marketplace, un outil sur le réseau social Facebook, est venu augmenter l’offre.
Environ un Québécois sur deux utilise fréquemment de tels sites web ou applications mobiles pour la vente, l’échange ou le don de biens usagés, selon le plus récent Baromètre de la consommation responsable, une étude publiée en 2020 par l’OCR. Et cette proportion grimpe aux trois quarts de la population de la province en incluant les gens qui le font à l’occasion. « Ce n’est plus quelque chose de mal vu, au contraire », pense Caroline Boivin, qui est elle-même une habituée de ces plateformes.
Pour Virginie Landry, c’est même devenu un plaisir. Pour rendre l’expérience aussi positive que la sienne, voici quelques bons conseils.
Choisir une plateforme
Plusieurs sites internet et applications se spécialisent dans des secteurs particuliers. Pour vendre ou acheter des vêtements, par exemple, Virginie Landry aime utiliser le site internet Bon magasinage, qui prend les allures d’une boutique en ligne.
Pour le reste, la jeune femme a une préférence pour Kijiji. « L’application mobile est vraiment bien faite et très facile à utiliser », souligne-t-elle. De plus, le profil des vendeurs comme le sien peut être évalué par les acheteurs avec qui ils ont fait affaire. Comme potentiel nouveau « client », ce sont des informations qui peuvent vous rassurer.
Sur d’autres plateformes, comme Marketplace, les vendeurs peuvent récolter des notes. « J’aime moins le côté ‘’voyeur’’ », soulève Virginie Landry. L’idée que tout le monde puisse cliquer sur son profil Facebook personnel la dérange. « C’est paradoxal, car moi-même je le fais quand j’y achète quelque chose ! », admet-elle.
Sur ce réseau social, des groupes réunissent par exemple les habitants d’un même quartier ou les personnes partageant un même loisir, et leurs membres mettent en ligne leurs biens à vendre ou à donner. Ces groupes sont utiles pour vous informer rapidement des articles susceptibles de vous intéresser.
Utiliser ces plateformes est le plus souvent gratuit, mais certaines permettent aux vendeurs d’augmenter la visibilité de leur annonce pour quelques dollars, comme LesPAC et Kijiji. Le montant varie selon le nombre de jours ou le type de visibilité. Chez LesPAC, par exemple, vous pouvez épingler votre annonce dans le haut de la page des résultats pendant trois jours pour 5,99 $ ou jusqu’à 30 jours pour 39,99 $.
Bien rédiger son annonce
« Je ne vends pas pour faire le plus de profit possible, assure Virginie Landry. Je regarde les produits similaires en vente et j’affiche toujours moins cher : je veux que ça parte vite ! » Et ça marche. Elle a l’habitude de vendre ses articles à l’intérieur d’une semaine.
Pour rendre son annonce attirante, la jeune femme s’assure aussi de prendre de belles photos, qui montrent l’article sous ses différents angles. « Je peux mettre dix photos ? Alors j’en mets dix ! », illustre-t-elle. Par exemple, si elle vend un lot de vêtements, elle prend le temps d’assembler plusieurs ensembles pour en démontrer le potentiel.
Celle qui travaille dans les communications prend en outre soin de rédiger son annonce dans un français impeccable. Une description complète doit contenir les informations essentielles, par exemple les dimensions s’il s’agit d’un meuble, de même que l’usage qui en a été fait.
Par souci de transparence, elle recommande aussi de spécifier et de montrer s’il y a un accroc ou un défaut sur l’objet, le meuble ou le vêtement. Cela évite ainsi à un acheteur d’être désappointé après s’être déplacé et de faire perdre du temps à tous.
À son avis, une telle annonce démontre le sérieux de la démarche et invite à la confiance. Comme acheteuse, ce sont aussi des critères importants pour elle.
Être un acheteur averti et se démarquer
Un article vous tombe dans l’œil ? Connaître la valeur du bien à l’état neuf, de même que le comparer avec des items d’occasion semblables vous permet de vous faire une tête et de ne pas vous faire rouler dans la farine.
Sachez par ailleurs que la Loi sur la protection du consommateur ne s’applique pas sur les ventes et achats entre particuliers. Si un litige survenait, vous faire rembourser pourrait s’avérer complexe et peu fructueux. Bref, c’est « à vos risques et périls » la plupart du temps. De ce fait, l’idéal est de voir l’objet de vos propres yeux avant de le payer.
Puisque la compétition peut être féroce sur les plateformes en ligne, comment vous démarquer ? « Pour moi, la politesse et un message bien rédigé dans lequel la personne ne demande pas des choses qui ont déjà été indiquées dans l’annonce, ça fait toute la différence », affirme Virginie Landry.
Selon elle, ce type de transaction, quel que soit votre rôle, est avant tout basé sur un sentiment de confiance réciproque, ce qui demande une certaine communication. « Je n’ai aucun problème à réserver un article pour une personne lorsque cette confiance-là est établie », indique-t-elle à titre d’exemple.
Offrir de venir chercher le bien rapidement peut aussi peser dans la balance et vous démarquer de la compétition, selon Caroline Boivin de l’OCR, aussi une vendeuse aguerrie sur LesPAC et Kijiji.
Et la négociation ? Elle n’est pas légion et la plupart des vendeurs obtiennent le prix demandé, selon la plus récente édition publiée en 2019 de l’Indice Kijiji de l’économie de seconde main, une étude de l’OCR pour l’entreprise.
Mais vous pouvez bien sûr négocier. Quand un acheteur fait une offre à un prix raisonnable, cela ne rebute pas Virginie Landry ou Caroline Boivin. Mais elles recommandent toutefois de négocier en amont, dès les premiers échanges.
Payer en toute sécurité
Le temps où l’argent comptant était la seule option est dépassé. N’empêche, Virginie Landry et Caroline Boivin soulignent que, de leur expérience, c’est encore le mode de paiement le plus répandu. Mais c’est surtout la méthode la plus sûre, puisque plus difficile à falsifier, selon le site internet de Kijiji, qui fait plusieurs recommandations de sécurité.
Comme solution de rechange, la populaire plateforme propose d’utiliser un mode de paiement tiers sécurisé, comme le virement Interac. Une telle transaction permet l’échange d’argent entre clients de différentes institutions financières au moyen d’une adresse courriel ou d’un numéro de téléphone ainsi que d’une question de sécurité.
Desjardins, par exemple, ne déconseille pas les virements Interac pour les achats entre particuliers, mais invite à la vigilance. Jean-Benoît Turcotti, porte-parole de la coopérative financière, explique que, dans le contexte et pour protéger les deux parties, la transaction complète devrait avoir lieu lorsque les individus sont face à face. De plus, pour éviter la fraude – que votre transaction se conclue en personne ou à distance –, « prévoyez une réponse à la question de sécurité que seule l’autre personne est à même de connaître », conseille-t-il aussi.
D’ailleurs, Kijiji et Desjardins n’encouragent pas les ententes qui incluent un paiement avant l’obtention du bien – par exemple « un dépôt » qui vise à le réserver et à garantir au vendeur qu’on ne lui fera pas faux bond – puisque le véritable risque ne repose que sur l’acheteur.
Éviter les risques inutiles
Votre sécurité financière dépend avant tout de votre bon jugement, il faut donc éviter de prendre des risques inutiles. Et cela s’applique aussi à votre intégrité physique.
Comme plusieurs, Virginie Landry a l’habitude de recevoir les acheteurs chez elle, et vice versa quand elle tient l’autre rôle. Elle se fie avant tout à son instinct. Mais n’hésitez pas à faire vos transactions dans un lieu public. D’ailleurs, dans certaines municipalités, comme Montréal, Longueuil, Châteauguay et Repentigny, une zone d’échanges sécurisée à cette fin a été mise à la disposition du public par les services de police, souvent devant leur poste.
Ce sont aussi des endroits pratiques dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Bien sûr, la distance de deux mètres, le port du couvre-visage et la désinfection des mains avant et après l’échange sont de mise, peu importe le lieu de rencontre. Et si vous décidez de procéder à des échanges à domicile, faites-le à l’extérieur autant que possible.
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