Suppléments pour sportifs : que valent les conseils donnés en magasin ?

Notre cliente-mystère, une adolescente de 15 ans, a visité, avec l’accord de ses parents, une succursale de cinq chaînes populaires au Québec : Naturiste, Avril Supermarché Santé, Nutrizone, Popeye’s Supplements et Shop Santé. Elle devait demander quels suppléments lui seraient utiles pour passer de voltigeuse à porteuse, un rôle qui implique de soutenir ses partenaires, au sein de son équipe de cheerleading. Les visites se sont déroulées en septembre 2025 à Montréal et à Longueuil.

Nos constats : les cinq magasins visités ont fait de bons et de moins bons coups. Bien sûr, vous pourriez vivre une expérience différente selon la succursale choisie, le vendeur qui vous conseillera ou même l’heure de votre visite.

Plusieurs produits proposés

La majorité des vendeurs rencontrés ont présenté plus d’un produit à notre cliente-mystère. Celui de Nutrizone lui en a même suggéré quatre – trois isolats et un lactosérum (whey) hydrolysé, tous de marques différentes, en lui expliquant en quoi différait leur valeur nutritionnelle. C’est le seul à lui avoir parlé d’options végétales pour les personnes intolérantes au lactose. Par contre, les informations fournies sur la présence d’arômes artificiels, de colorants et de sucres étaient contradictoires et pas tout à fait justes.

À la boutique Naturiste, le vendeur a souligné à plusieurs reprises le jeune âge de notre cliente-mystère, en insistant sur l’importance de bien s’alimenter et de manger des protéines à chaque repas avant de se tourner vers des suppléments. Au lieu des protéines, on lui a suggéré d’opter pour de la carnitine afin d’améliorer la performance et la récupération musculaires, en lui précisant de ne pas en prendre trop. Le problème, c’est que c’est aussi un « brûleur de graisses », ce qui n’est pas pertinent pour notre athlète.

La nutritionniste Annie Ferland souligne que les suppléments en poudre ne sont pas interdits aux moins de 18 ans, mais elle se dit mal à l’aise d’en recommander aux adolescents qui sont encore en croissance. « Je préfère miser sur une évaluation de l’alimentation. »

Quatre des cinq magasins visités ont proposé un supplément adapté à notre scénario.

Bons coups

Avril Supermarché Santé, Nutrizone et Popeye’s Supplements ont suggéré un supplément de protéines.

Shop Santé : le vendeur a proposé de la créatine, puis des protéines en complément.

Moins bon coup

Naturiste a d’abord proposé la carnitine, un produit peu approprié pour le profil de notre cliente-mystère, en mentionnant à plusieurs reprises qu’elle était jeune pour en consommer et qu’elle ne devait pas en prendre trop. C’est aussi un « brûleur de graisse », ce qui n’est pas pertinent pour notre athlète. Le vendeur a tout de même souligné l’importance de bien s’alimenter et de manger des protéines chaque repas.

Trois des cinq magasins visités ont donné au moins une information erronée ou confuse.

Moins bons coups

Avril Supermarché Santé : explication confuse de la différence entre lactosérum et isolat.

Nutrizone : propos contradictoires sur les additifs artificiels. Après avoir affirmé qu’il n’y avait pas de couleurs, d’arômes ou de sucres artificiels dans les suppléments de protéines, le vendeur a souligné la présence de substituts de sucre, comme le sucralose et le stévia, dans ce type de produits.

Shop Santé : informations inexactes sur la créatine et les éventuels problèmes aux reins. Le vendeur a assuré que le produit ne causait aucun effet néfaste et qu’il n’était pas contre-indiqué chez les personnes qui présentent des troubles rénaux, ce qui est faux.

Deux des cinq magasins visités ont clairement suggéré d’éviter un produit ou une catégorie de produits.

Bon coup

Popeye’s Supplements et Shop Santé : les vendeurs ont ciblé un ou des produits à éviter et donné des explications pertinentes.

Bon et moins bon coups

Naturiste : a conseillé de s’en tenir aux protéines, mais a ajouté que notre cliente-mystère pourrait prendre un peu de carnitine, ce qui n’est pas approprié pour elle.

Moins bon coup

Avril Supermarché Santé et Nutrizone : absence de conseils sur les produits à éviter, malgré une question de notre cliente.

Une incitation à la consommation ?

À un moment ou à un autre durant la visite, les vendeurs des cinq magasins ont recommandé à notre cliente-mystère de prendre des protéines en poudre. Dans un cas, on lui a conseillé d’intégrer de la créatine à sa routine, et dans un autre, d’opter pour de la carnitine et un électrolyte.

Ces suggestions supplémentaires ne sont pourtant pas nécessaires, voire pertinentes dans le cas de la carnitine, pour notre cheerleader.

Nous avons aussi perçu une certaine pression à l’achat dans deux établissements. Si elle était plutôt légère chez Naturiste, où elle s’est traduite par plusieurs recommandations de produits, elle était explicite chez Shop Santé, dont l’argumentaire était orienté vers le statut et la bonne réputation de l’entreprise et les aubaines.

Trois des cinq magasins visités n’ont pas fait pression sur notre cliente-mystère ni proposé de produits supplémentaires.

Bon coup

Avril Supermarché Santé, Popeye’s Supplements et Nutrizone : aucune incitation à acheter de la part des vendeurs.

Moins bon coup

Naturiste : bien qu’il ait peu fait pression sur notre cliente-mystère, le vendeur a proposé un produit pour chaque objectif ou problème exprimé, comme des électrolytes, même si elle a dit bien s’hydrater.

Shop Santé : forte pression (p. ex. : réputation de l’entreprise et aubaines mises en avant). « Aujourd’hui, il y a beaucoup de rabais […]. En ce moment, c’est vraiment LE moment d’acheter », nous a-t-on dit.

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