Comment nous avons analysé les suppléments de protéines pour sportifs

Notre enquête sur les suppléments de protéines pour sportifs comportait deux volets : une évaluation de produits offerts sur le marché et des visites dans des magasins effectuées par une cliente-mystère. Cette enquête a été réalisée grâce au soutien financier du Collectif Vital, une initiative relevant de l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ).

Volet évaluation des suppléments de protéines pour sportifs

Nous avons analysé la liste d’ingrédients et le tableau de la valeur nutritive de 68 suppléments de protéines pour sportifs. Les produits se détaillaient de 21 à 140 $ l’emballage, qui contenait de 9 à 87 portions.

Nous avons ciblé les suppléments en poudre à saveur de vanille (ou qui s’en rapprochait) appartenant aux catégories populaires suivantes : protéines de lactosérum (whey), isolat de protéines de lactosérum et protéines végétales.

Nous avons exclu les produits qui s’affichent clairement comme des substituts de repas, ceux destinés à des problèmes de santé précis (p. ex. : « support rénal ») et ceux combinés ou appartenant à une catégorie spécialisée, comme le collagène. Les produits retenus aux fins de notre analyse étaient vendus dans au moins une épicerie, un supermarché, un magasin d’aliments naturels, une pharmacie ou un magasin de suppléments du Québec en juillet et août 2025.

Notre sélection constitue un échantillon représentatif, mais non exhaustif, du marché. Certains produits de marques populaires n’en font pas partie pour les raisons suivantes :

• indisponibilité dans les succursales visitées (p. ex. : Rule 1 et Ryse) ;
• changement de formule annoncé (p. ex. : Yummy Sports) ;
• absence de saveur vanillée (p. ex. : Alani nu et Ghost) ;
• informations (valeur nutritionnelle ou ingrédients) incomplètes en magasin (p. ex. : Vrac de Shop Santé).

Les critères de l’analyse ont été fixés par Protégez-Vous, en collaboration avec la nutritionniste du sport Evelyne Deblock, et incluent l’adaptation au contexte canadien d’une base de données d’additifs évalués par notre homologue français UFC-Que Choisir, également membre de l’International Consumer Research & Testing (ICRT).

La valeur nutritionnelle

Pour évaluer la valeur nutritive, nous nous sommes basés sur la portion de référence du fabricant et avons considéré que la poudre serait mélangée avec de l’eau uniquement.

Protéines

Comme la quantité idéale à prendre varie selon le poids d’un individu (de 1 à 1,5 g par kilogramme de poids corporel), tout produit offrant au moins 20 g de protéines par portion a obtenu une très bonne note à ce critère. Ceux procurant de 15 à 20 g pourraient tout de même convenir à une personne de petit gabarit.

Acides aminés à chaîne ramifiée

Notre analyse prend d’abord en compte la teneur en leucine, puis celles en isoleucine et en valine, puisque ces trois acides aminés à chaîne ramifiée (AACR) sont essentiels à la récupération et à la synthèse musculaires. Les produits qui ne contenaient pas suffisamment de leucine ou qui n’affichaient pas d’informations claires sur les teneurs en AACR ont été pénalisés.

• Leucine : de 2 000 à 3 500 mg par portion, 2 500 mg étant la quantité optimale pour favoriser le gain musculaire ;
• Isoleucine et valine : de 1 000 à 2 000 mg par portion.

Lipides, sodium et sucres

Considérant qu’un supplément pour le sport s’ajoute aux repas consommés dans la journée, nous avons établi la teneur maximale des nutriments à limiter, comme le sodium et les lipides, à 10 % de la valeur quotidienne à ne pas dépasser. Les produits qui n’affichaient pas d’informations claires sur leurs teneurs ont été pénalisés.

• ≤ 250 mg de sodium
• ≤ 5 g de lipides
• ≤ 10 g de sucres

Fibres

Un léger avantage a été accordé aux produits contenant des fibres, un ajout jugé bénéfique par la nutritionniste consultée.

La qualité des ingrédients

Avec l’aide d’expertes, nous avons dressé une liste d’ingrédients à prioriser ou à éviter afin de déterminer la qualité des produits. Par exemple, nous avons pénalisé l’utilisation d’huile de coco, ainsi que celle de saveurs et d’arômes artificiels.

Les additifs

Un aliment transformé ou ultratransformé peut contenir toutes sortes d’additifs qui lui permettent de se conserver plus longtemps et d’être plus savoureux et esthétiquement attrayant. Nous nous sommes appuyés sur la base de données de UFC-Que Choisir pour évaluer les additifs alimentaires présents dans les produits de notre analyse. Nous avons établi les correspondances avec les dénominations canadiennes d’ingrédients avec l’aide de nos expertes et déterminé ceux à limiter qui sont présents dans les listes d’ingrédients.

Nous avons ajouté une pénalité pour l’utilisation des édulcorants de synthèse suivants : acésulfame potassium (ou acésulfame k), aspartame et sucralose.

L’évaluation des additifs se base sur les plus récentes données scientifiques, les avis d’experts, les réglementations en vigueur au Canada et dans l’Union européenne, ainsi que sur les publications de grands groupes spécialisés en santé ou en environnement, dont l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), la Commission européenne, le Codex Alimentarius, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), la base de données Additive Screener, de Foodinnov, et le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

De plus, nous avons tenu compte des évaluations réalisées par d’autres organisations et publications, telles que Testachats et Stiftung Warentest.

Parmi les quelque 460 additifs autorisés par Santé Canada, 155 sont peu recommandables ou à éviter.

La lactase est considérée comme un additif au Canada. Son utilisation n’est cependant pas problématique selon nos expertes.

Nos « meilleurs choix »

Pour se classer parmi les « meilleurs choix », les suppléments de protéines devaient obtenir une note globale de 84 % et plus.

Les produits contenant des additifs « à éviter » selon l’Union européenne ou au moins un édulcorant de synthèse ont été exclus de nos recommandations. Les suppléments protéinés qui ne renfermaient pas assez de leucine ou qui n’affichaient pas d’information claire sur cette teneur ont aussi été exclus.

Au moment de notre enquête, en juillet et août 2025, tous les produits étaient vendus par au moins un détaillant (épicerie, supermarché, pharmacie, magasin d’aliments naturels ou magasin de suppléments) au Québec.

Les produits évalués sont ceux qui se trouvaient sur le marché au moment de nos visites dans les magasins. Il se peut toutefois que plusieurs versions – anciennes et récentes – d’un même produit se côtoient sur les tablettes. Avant d’acheter un de nos « meilleurs choix », assurez-vous d’avoir en main la bonne version du produit.

Voyez la liste des suppléments de protéines pour sportifs recommandés.

Volet cliente-mystère

En septembre 2025, une cliente-mystère a visité une succursale de cinq magasins populaires offrant des suppléments : Avril Supermarché Santé, Naturiste, Nutrizone, Popeye’s Supplements et Shop Santé. Les succursales visitées étaient situées à Montréal et à Longueuil.

En collaboration avec la nutritionniste du sport Evelyne Deblock, nous avons établi un scénario de visite précis pour notre cliente-mystère, très sportive et âgée de moins de 18 ans. Celle-ci devait aborder les employés en se présentant comme une cheerleader qui devait changer de rôle au sein de son équipe, dans le but d’observer :

• les types de suppléments qui lui seraient proposés ou déconseillés ;
• la qualité des informations et des conseils donnés, en particulier ceux sur les suppléments de protéines et sur l’identification de produits exempts de substances dopantes ;
• l’utilisation, ou non, de certaines techniques de vente sous pression.

Protégez-Vous est un organisme sans but lucratif indépendant et autofinancé entièrement voué à l’information et à l’éducation des consommateurs québécois.