Comment choisir une bonne crème solaire
Que vous optiez pour une crème solaire, une lotion solaire, un vaporisateur ou un écran solaire en bâton, vous devez d'abord décortiquer les étiquettes de ces produits. FPS, rayons UVA et UVB, «résistant à l’eau», crème à large spectre, avec ou sans nanoparticules... Voici comment comprendre les allégations sur les emballages d'écrans solaires.
Un FPS de 30 ou plus
«Large spectre» et protection contre les UVA
«Résistant à l’eau»
Faut-il craindre les écrans chimiques?
Le point sur les nanoparticules
Et l’efficacité?
Crème, lotion, vaporisateur ou bâton?
Vous vous appliquez déjà de la crème solaire? Mettez-en plus.
Ne vous fiez pas uniquement aux écrans solaires
Peu de gens le savent, mais le cancer de la peau peau est la forme de cancer la plus courante qui existe. « Au Québec, on continue d’en traiter des centaines de cas chaque semaine », indique le Dr Joël Claveau, dermatologue à L'Hôtel-Dieu de Québec et spécialiste du mélanome, qui est témoin au quotidien des conséquences des rayons ultraviolets (UV) sur la peau. « Malgré cela, les gens sont encore mêlés au sujet des écrans solaires et ont besoin de se faire rassurer sur leur sécurité », poursuit l’expert.
Il est vrai qu’il existe une multitude de produits sur le marché, et des études mettent régulièrement la population en garde contre certains ingrédients. Difficile, dans ce contexte, de faire un choix éclairé.
Pour mieux vous y retrouver, nous vous présentons ici les caractéristiques à rechercher dans un écran solaire de même que les grands principes à respecter pour vous protéger des rayons nocifs du soleil. Par ailleurs, pour choisir une crème solaire qui allie bonne performance et bon rapport qualité-prix, nous vous invitons à consulter les fiches des 14 produits que nous avons testés.
Un FPS de 30 ou plus
Les dermatologues recommandent de rechercher au minimum un facteur de protection solaire (FPS) de 30, qui convient à la plupart des gens. « Si vous avez la peau claire ou sensible au soleil, optez pour un FPS entre 45 et 60 », précise le Dr Joël Claveau. Un FPS de 60 est aussi indiqué si vous avez déjà eu un cancer de la peau ou si vous prenez des médicaments photosensibilisants (antidépresseurs, antidiabétiques, médicaments contre l’acné, etc.), qui rendent la peau plus sensible aux rayons solaires.
Le FPS indique la capacité d’un écran solaire à vous protéger contre les rayons ultraviolets B (UVB), grands responsables des coups de soleil. Attention, toutefois : vous ne doublez pas le degré de protection solaire en optant pour un FPS deux fois plus élevé. Un FPS de 15 signifie qu’il vous protège contre 93 % des rayons UVB du soleil, tandis qu’un FPS de 30 en bloque 97 %. Au-delà de 30, le gain n’est pas si grand : la protection d’un FPS de 50 passe à 98 %, et pour ce qui est d’un FPS de 60, à 98,3 %.
Peu importe l’indice de protection de l’écran solaire que vous utilisez, vous devez en réappliquer toutes les deux heures, après les baignades ou suivant des activités physiques intenses, car la transpiration ou le frottement avec des tissus, par exemple, réduisent le temps de protection.
« Large spectre » et protection contre les UVA
Il ne faut pas oublier les UVA, ces rayons qui pénètrent plus profondément dans la peau – jusque dans le derme – et sont associés au vieillissement prématuré de la peau, tout en augmentant, comme les UVB, le risque de cancers cutanés. Pour une protection contre les deux types de rayons UV, recherchez un écran à protection « large spectre », une mention réglementée par Santé Canada.
S’il est facile de comparer le degré de protection contre les UVB entre les produits (grâce au FPS), il n’existe pas de mesure comparable pour les UVA. N’hésitez pas à décortiquer les étiquettes, souligne le Dr Joël Claveau, qui recommande de rechercher des filtres chimiques particulièrement efficaces contre ce type de rayons, soit Mexoryl (XL ou SX), Helioplex, Tinosorb et avobenzone (ou Parsol 1789).
« Résistant à l’eau » ou « résistant à la transpiration »
Si vous pensez vous baigner ou que vous faites du sport, recherchez l’une de ces mentions. Pour qu’elles puissent figurer sur l’emballage d’un produit, l’écran solaire doit répondre à des normes édictées par Santé Canada. C’est également le cas quand le fabricant indique un nombre de minutes (40 ou 80) durant lequel le produit peut résister à l’eau ou à la sueur. Le test de résistance à l’eau indique que le produit conservera son efficacité plus longtemps qu’un écran solaire normal dans ces conditions, mais pas plus de deux heures.
Faut-il craindre les écrans chimiques ?
Deux types de filtres sont employés pour créer des écrans solaires : les filtres chimiques, qui absorbent les rayons UV, et les filtres physiques ou minéraux, qui les réfléchissent. Mais lesquels privilégier ?
Depuis quelques années, plusieurs experts accusent les filtres chimiques de passer au travers de la peau et d’être potentiellement dangereux pour la santé. « Les preuves s’accumulent au sujet d’ingrédients, particulièrement l’oxybenzone et l’octocrylène, qui se rendent dans le plasma dans des concentrations plus élevées qu’estimées autrefois », explique Normand Voyer, chimiste et professeur titulaire au Département de chimie de l’Université Laval. Des études réalisées sur des animaux ont aussi montré que ces ingrédients peuvent, à fortes doses, agir comme perturbateurs endocriniens.
Par ailleurs, il est désormais connu que l’oxybenzone blanchit les coraux, ce qui a poussé plusieurs endroits dans le monde – dont Hawaï et le petit archipel micronésien des Palaos – à bannir son usage. Lors de notre précédent test d’écrans solaires, en 2020, 9 produits sur 22 contenaient de l’oxybenzone, tandis qu’en 2022, seuls 2 en renferment.
Toutefois, puisqu’il n’existe pas de preuves scientifiques que ces ingrédients induisent pour autant des effets néfastes sur la santé humaine, rien n’indique que vous devriez craindre les écrans chimiques, conclut l’Association canadienne de dermatologie (ACD). « Des preuves scientifiques solides démontrent que l’exposition aux rayons UV est plus dommageable pour la santé que les effets négatifs hypothétiques des écrans solaires », soutient l’ACD, qui rappelle que les composés chimiques sont réglementés par Santé Canada au même titre que tout autre médicament en vente libre. Si vous souhaitez tout de même les éviter par précaution, vous pouvez privilégier les écrans minéraux – composés de dioxyde de titane et/ou d’oxyde de zinc –, s’entendent les experts. Parmi les 14 produits que nous avons évalués, seuls 2, tous de marque québécoise, sont de ce type.
Les dermatologues invitent par ailleurs les personnes allergiques ou intolérantes aux produits chimiques à privilégier les écrans solaires minéraux, qui sont moins susceptibles de provoquer de réactions. « Je ferais la même recommandation pour les enfants, afin d’éviter de les sensibiliser », indique Christine Lafforgue, professeure associée en cosmétologie à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) et maître de conférences en dermopharmacologie à l’Université Paris-Saclay. L’ACD, de son côté, n’émet pas de restriction pour les enfants, tandis que l’Association américaine de pédiatrie suggère aux parents de jeunes enfants d’utiliser un écran sans oxybenzone.
« Il faut se servir du gros bon sens, indique le Dr Joël Claveau. Pour éviter de mettre de très grandes quantités d’écran solaire sur un jeune enfant, je recommande de garder ce dernier habillé, et d’en mettre seulement sur le visage et les avant-bras, car on ne peut pas laisser la peau d’un enfant brûler. Ce sont probablement les coups de soleil en bas âge qui sont les plus nocifs pour le cancer à long terme. »
Le point sur les nanoparticules
Quant aux écrans dits physiques, ils suscitent aussi des préoccupations. Au cœur des débats : la présence de nanoparticules. « Les fabricants diminuent la taille des particules [de dioxyde de titane et d’oxyde de zinc] pour augmenter l’efficacité du filtre et, surtout, pour rendre le produit plus translucide », ce qui évite de laisser la peau blanchâtre, explique Christine Lafforgue, de l’UQAC.
Revers de la médaille : ces particules ultrafines sont soupçonnées de pénétrer dans la peau, spécialement lorsque celle-ci est lésée, et de potentiellement s’infiltrer dans le sang. « Les nanoparticules ont un pouvoir inflammatoire. Une fois dans l’organisme, elles sont associées à de nombreux effets indésirables sur les systèmes pulmonaire, immunitaire, cardiovasculaire et nerveux, et à certains cancers », explique l’immunologue Denis Girard, directeur du Laboratoire de recherche en inflammation et physiologie des granulocytes de l’INRS-Institut Armand-Frappier, qui recommande de réduire l’exposition aux nanoparticules puisqu’elles ont envahi notre quotidien. Elles sont présentes dans les emballages alimentaires, les textiles et les médicaments, par exemple, et pas uniquement dans les écrans solaires, dit-il.
Plusieurs études récentes ont toutefois démontré que les nanoparticules d'oxyde de zinc et de dioxyde de titane contenues dans les écrans solaires ne pénètrent pas au-delà de l’épiderme. Par conséquent, l’Association canadienne de dermatologie conclut que, comme pour les ingrédients chimiques, aucune preuve ne laisse croire que les lotions qui en renferment soient toxiques.
« Les études relatives aux nanoparticules sont encore marginales et beaucoup d’aspects nécessitent plus de recherche. Dans ce cas, il vaut mieux être plus prudent », justifie la marque Attitude sur son site. Cette allégation n’est pas réglementée par Santé Canada.
Et l’efficacité ?
Les lotions minérales sont-elles aussi efficaces que les chimiques ? Année après année, notre partenaire au sein de l’International Consumer Research and Testing (ICRT), le magazine américain Consumer Reports, conclut dans ses tests que les écrans physiques ne performent pas aussi bien que les écrans chimiques. Suite à nos essais en laboratoire des deux crèmes de ce type, un seul des deux produits est recommandé.
Pour les gens qui souhaitent éviter les produits chimiques, le Dr Joël Claveau recommande tout de même les lotions minérales, qu’il juge efficaces, en rappelant toutefois qu’il ne faut pas vous fier uniquement aux écrans solaires pour vous protéger contre les rayons UV.
Crème, lotion, vaporisateur ou bâton ?
« Il vous faut un produit que vous aimez appliquer, parce que c’est plate, vous mettre de la crème solaire, et il faut en mettre souvent », explique le Dr Joël Claveau, qui ne conseille pas un type de produits plus qu’un autre. Dans le cas des formules vendues sous forme de vaporisateur, Santé Canada recommande de les utiliser dans un lieu aéré et de ne pas vaporiser directement sur le visage, en raison du risque d’inhalation.
Vous vous appliquez déjà de la crème solaire ? Mettez-en plus.
Le principal problème avec les écrans solaires, selon les dermatologues : vous n’en mettez pas suffisamment. Santé Canada recommande d'utiliser environ 7 cuillères à thé (35 ml) pour couvrir le corps d'un adulte. Plusieurs études ont néanmoins montré que les gens en appliquent de deux à quatre fois moins. Résultat : « Une personne qui utilise un FPS de 60, mais qui s’applique le quart de la quantité nécessaire, se retrouve en réalité avec un FPS de 15 », signale le Dr Joël Claveau. Certaines parties du corps sont aussi négligées, poursuit-il ; en premier lieu les tempes, les oreilles, la nuque et le dos.
Pour vérifier si vous en utilisez assez, rappelez-vous qu’une bouteille de 240 ml ne suffit que pour environ sept utilisations. Sur la plage ou sur le bord de la piscine, alors que vous en remettrez régulièrement (et après chaque baignade), vous devriez donc prévoir presque une bouteille complète par jour ! Si vous optez pour l’une des 14 crèmes solaires testées, sachez qu’une seule application de 35 ml pourrait vous coûter de 1 à près de 12 $, selon la marque choisie.
Ne vous fiez pas uniquement aux écrans solaires
Vous fier uniquement aux crèmes solaires pour vous protéger du soleil est une erreur, martèlent les experts. Pour limiter les dangers liés aux rayons UV, rien de tel que de fuir le soleil ou de vous couvrir. Veillez plus particulièrement à vous protéger entre 11 h et 16 h, lorsque les rayons UV sont à leur plus fort. Portez un chapeau, des lunettes de soleil et des vêtements, et réservez l’écran solaire aux zones de votre corps qui sont exposées, soit le visage, les avant-bras et les jambes. « Préférez les vêtements foncés ou colorés, car les colorants dans les fibres absorbent plus efficacement les rayons ultraviolets », conseille Normand Voyer, chimiste et professeur titulaire au Département de chimie de l’Université Laval.
La Société canadienne du cancer recommande également d’opter pour un tissage serré, qui ne laissera pas passer les rayons UV, ou pour des vêtements offrant un facteur de protection contre les rayons ultraviolets (identifiable au sigle FPRUV, ou UPF en anglais), lequel indique la proportion de rayons UV filtrés.
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