Ce qu’il faut savoir sur les boissons « sans alcool »
Le temps des fêtes va de pair avec les célébrations… mais pas nécessairement avec la consommation d’alcool. Les boissons « sans alcool » ou « non alcoolisées », comme les bières et les « mocktails » prêts-à-boire en canettes, gagnent en popularité. Mais avant de trinquer, posez-vous la question : sont-elles vraiment de bons choix pour vous ?
Pourquoi les boissons non alcoolisées contiennent-elles des traces d’alcool ?
Boissons sans alcool : un choix santé ?
Des boissons qui ne s’adressent pas aux jeunes
Les boissons non alcoolisées sont-elles à éviter en cas de dépendance ?
Des boissons sans alcool, mais pas sans sucre
Solutions maison : pour le gout et pour le prix
Préparer des mocktails maison
Soif de recettes ?
Toutes les raisons sont bonnes pour renoncer à consommer de l’alcool : vous prenez le volant, vous êtes enceinte, vous suivez les recommandations de santé… Ou par préférence, point.
Vous souhaiterez peut-être alors troquer les traditionnelles boissons – bières, vins, cidres, spiritueux et cocktails – pour leurs pendants sans alcool. Dans les grandes chaines d’épicerie, dans les boutiques spécialisées et même à la Société des alcools du Québec (SAQ), les choix ne manquent pas.
Dans son rapport annuel de 2023-2024, la SAQ parle d’ailleurs d’une « tendance grandissante avec une croissance globale des ventes en litres de 36 % » par rapport à l’année financière précédente. Les prêts-à-boire en canettes de cette catégorie – les « produits chouchous » – ont pour leur part connu une croissance de 49 %. Les ventes de bières sans alcool, elles, ont triplé depuis 2019, et ces produits occupent 15 % du marché de la bière, selon l’Association des brasseurs du Québec. La firme NielsenIQ rapportait en juin 2024 que les ventes de boissons non alcoolisées avaient augmenté de 24 % en un an au Canada.
« On vend à peu près autant de prêts-à-boire non alcoolisés que de versions standards à base de gin », affirme Stéphane Rochefort, vice-président à la direction de Duvernois Esprits Créatifs, l’entreprise derrière la marque Romeo’s Gin et les bières non alcoolisées BockAle.
D’ailleurs, 75 % des Canadiens qui achètent des boissons sans alcool se procurent aussi des produits alcoolisés à l’occasion, selon la firme NielsenIQ. Et ils font avant tout ce choix pour le meilleur bilan santé qu’offre les options non alcoolisées.
Cela dit, ces différentes boissons affichent généralement un taux d’alcool de 0,5 % ou moins. Faut-il accorder de l’importance à ce pourcentage ? Ces produits constituent-ils vraiment de bons choix pour vous ? Levons le doute avant de lever le verre.
Pourquoi les boissons non alcoolisées contiennent-elles des traces d’alcool ?
Plusieurs procédés existent pour retirer en partie ou en totalité l’alcool éthylique (ou éthanol) d’un produit comme le vin ou la bière commerciale. Dans le cas des bières de microbrasserie, ce sont plutôt les conditions de fermentation qui diffèrent : plus courte durée, température contrôlée ou utilisation de levures spécifiques. Ces bières sont rarement à 0,0 %.
Du côté d’autres produits, comme les imitations de spiritueux ou de cocktails, il s’agit plutôt de mélanges spéciaux. Un prêt-à-boire est créé à partir d’eau gazéifiée et d’ingrédients aromatiques, comme du sucre, du jus de fruits, des distillats botaniques ou des essences naturelles. Alors, comment se fait-il qu’on y retrouve de l’alcool ?
« Certains composés qu’on utilise, surtout ceux à base d’huile essentielle, sont conçus avec de faibles quantités d’éthanol pour pouvoir s’amalgamer au liquide, explique Stéphane Rochefort. Et en particulier les essences et extraits d’agrumes. »
Le fabricant doit par la suite s’assurer que le produit demeure stable sur les étalages. « La grosse différence avec la bière, c’est qu’on ne préconise pas la pasteurisation, qui vient atténuer le côté aromatique », mentionne-t-il. Pour reproduire le même gout, encore plus d’aromates seraient nécessaires, ce qui risquerait de faire dépasser la barre du 0,5 % d’alcool résiduel par volume. « C’est pour ça qu’il y a des agents de conservation – comme le benzoate de sodium et le sorbate de potassium – dans nos prêts-à-boire et dans la majorité des autres produits sur le marché », conclut-il.
Bref, ces différentes boissons peuvent contenir une faible quantité d’éthanol à cause des ingrédients qu’elles renferment ou de leurs conditions de fabrication, ce qui n’en fait pas pour autant des produits alcooliques au sens légal. Au Québec, la loi n’oblige pas une boisson à 0,5 % et moins d’afficher le taux d’alcool puisqu’elle est considérée comme un aliment. Mais inscrire « moins de 0,5 % alc./vol. » (ou « < 0,5 % alc./vol. ») constitue une pratique répandue dans l’industrie et une exigence pour vendre à la SAQ.
- En général, on ne retrouve pas d’alcool dans la liste d’ingrédients des prêts-à-boire en canettes à 0,5 % d’alcool ou moins. Or, à la SAQ, nous avons déniché deux produits qui en contiennent : l’un renferme du cidre (photo de gauche), et le second, du gin (photo de droite). Si c’est important pour vous, vérifiez ces informations. Vous pourriez aussi y trouver d’autres détails non négligeables, comme la présence de caféine ou de sulfites, des ingrédients auxquels certaines personnes sont sensibles.
Des traces d’éthanol ici et là
Qu’ont en commun les différents produits fermentés ou non pasteurisés tels que le kombucha, le kéfir et certaines bières de gingembre ? Ces boissons peuvent contenir de faibles concentrations d’éthanol, selon Santé Canada. « Bien que ces produits ne soient pas conçus pour être alcoolisés, leur teneur en éthanol peut varier en fonction de divers facteurs, dont le processus de fermentation [et] les conditions de distribution et d’entreposage », souligne l’institution fédérale, qui rappelle aussi que de faibles concentrations d’éthanol peuvent se retrouver dans les fruits et certains jus de fruits.
Boissons sans alcool : un choix santé ?
En principe, la consommation d’une boisson renfermant 0,5 % ou moins d’alcool n’entraine pas de risque pour la santé, selon le Dr Stéphane Perron, médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
Si vous êtes enceinte, mieux vaut toutefois opter pour des produits qui affichent 0,0 % d’alcool ou d’autres types de boissons par mesure de précaution. Les données scientifiques actuelles ne permettent pas de déterminer si boire de petites quantités d’alcool est sans risque pour le fœtus.
« L’INSPQ n’a pas de position spécifique sur ce sujet, mais comme clinicien, si une patiente enceinte me demande si elle devrait éviter les produits à faible teneur en alcool, je vais lui répondre que oui, c’est préférable », dit le Dr Stéphane Perron. Si vous allaitez, vous pourriez prendre les mêmes précautions qu’avec une consommation d’alcool standard.
Si votre médecin vous conseille d’éviter tout alcool pour une autre raison – parce que vous souffrez d’une maladie hépatique (du foie) grave, que vous avez un cancer ou que vous prenez des médicaments, par exemple –, c’est aussi un bon réflexe d’éviter les boissons à faible teneur en alcool. Dans le doute, consultez votre médecin.
Des cocktails qui ne s’adressent pas aux jeunes
Évidemment, il vaut mieux que votre adolescent boive un « mojito » en canette à moins de 0,5 % d’alcool qu’une version à 5 %. Cela dit, la consommation de ces boissons ne doit pas être encouragée ou banalisée, selon Marie-Josée Harbec, psychoéducatrice et conseillère scientifique spécialisée à l’INSPQ, puisque la plupart du temps, ce sont des produits qui imitent l’apparence et le gout des boissons alcoolisées, comme la bière et les cocktails. « Il y a le risque d’inculquer une habitude de consommation », mentionne-t-elle.
Les boissons non alcoolisées sont-elles à éviter en cas de dépendance ?
« Si je devais faire une recommandation, je dirais de ne pas prendre de risque et de ne pas en consommer, surtout dans la première année suivant la démarche d’abstinence », indique Anne Elizabeth Lapointe, directrice générale de la Maison Jean Lapointe, un établissement reconnu en prévention et en traitement des dépendances. Mais le potentiel taux résiduel d’alcool n’est pas le problème. Celui-ci réside plutôt dans les saveurs, voire dans l’apparence des produits qui rappellent les boissons alcoolisées.
De plus, troquer l’une pour l’autre ne casse pas l’habitude. « L’idée est d’apprendre à vivre sans, alors que la boisson non alcoolisée devient plutôt une forme de béquille, souligne-t-elle. La ligne est mince entre les deux. » Bien sûr, Anne Elizabeth Lapointe, comme plusieurs autres experts en dépendance, reconnait que chaque cas est unique et que certaines personnes, mêmes vivant avec une dépendance, peuvent consommer ce type de boissons sans problème.
Des boissons sans alcool, mais pas sans sucre
Même si elles sont sécuritaires pour la population générale, les boissons à faible teneur en alcool du commerce demeurent des sources de sucre aux quantités bien variables... et qui sont évitables, comme le soulèvent les deux experts de l’INSPQ consultés. « Même s’ils sont souvent moins sucrés que des boissons gazeuses, ces produits devraient être consommés à l’occasion seulement », rappelle le Dr Stéphane Perron.
En nous rendant dans différents magasins, nous avons par exemple observé des quantités de sucre variant entre 7 et 34 g par canette de 355 ml de prêt-à-boire, mais le plus souvent, elles se situent autour de 15 à 20 g. Dans la bière sans alcool, elles sont plutôt de 10 g ou moins. Un jus de fruits, si on tient strictement compte de sa teneur en sucre, en contient pour sa part autour de 20 à 30 g pour 250 ml. Alors que la consommation de sucres ajoutés ne devrait pas excéder 50 g (12 c. à thé) par jour, selon l’Organisation mondiale de la santé.
« Si on a un problème de santé comme le diabète, surveiller sa glycémie, et donc le sucre que contiennent ses boissons, est important », indique la diététiste-nutritionniste Claudie-Anne Fortin. De même, une personne atteinte de stéatose hépatique (maladie du foie gras) ou dont le surpoids entraine divers problèmes de santé doit y porter plus d’attention. Autrement, si vous buvez une ou deux boissons dans une soirée à l’occasion, la nutritionniste ne croit pas qu’il soit nécessaire de s’en soucier outre mesure.
Si c’est pertinent pour vous, observez la liste d’ingrédients et le tableau nutritionnel du produit ou de ceux que vous combinerez. Ces informations doivent figurer sur les boissons ayant une teneur en alcool de 0,5 % et moins. Pour mieux comparer, portez attention aux formats : les contenants sont parfois de 250 ml plutôt que de 355 ml, alors que les grandes bouteilles sont divisées en plus petites portions.
« Ça demeure des options intéressantes qui permettent de diminuer sa consommation d’alcool et qui offrent l’avantage d’un produit pratique et facile à emporter en chalet ou chez les amis », fait remarquer Claudie-Anne Fortin.
Solutions maison : pour le gout et pour le prix
Une canette à l’unité de bière ou de prêt-à-boire à faible teneur en alcool se vend rarement sous la barre des trois ou quatre dollars, et un « faux spiritueux » tourne autour d’une trentaine de dollars pour 700 ou 750 ml, et ce, avant les taxes. Exagéré ?
« L’alcool agit comme une colonne vertébrale sur laquelle viennent se greffer plein d’arômes dont il amplifie les effets, explique Stéphane Rochefort. Quand tu ne l’as pas et que tu veux créer un produit qui est aussi savoureux, ça prend une concentration aromatique plus élevée : donc plus d’arômes naturels, plus d’épices... Et tout ça a un prix. » Il admet que les prêts-à-boire non alcoolisés Romeo’s Gin n’auraient jamais vu le jour en deçà des prix actuels du marché.
Qu’il s’agisse de prêts-à-boire, d’imitations de spiritueux (gin, amaretto, rhum épicé, etc.) ou encore de bières ou de vins désalcoolisés, ces produits vous couteront plus cher qu’une boisson concoctée avec des ingrédients que vous avez à la maison. Alors, la question se pose : votre boisson doit-elle rappeler le gout de l’alcool ou simplement conserver un petit caractère festif ?
Préparer des mocktails maison
Une foule de recettes existent sur le Web, mais vous pouvez aussi user de votre créativité pour concocter des boissons à votre gout. « C’est sûr qu’il va falloir explorer un peu et faire des essais », souligne la nutritionniste Claudie-Anne Fortin. Par ailleurs, pour les jeunes, ou afin de vous éloigner de la culture de l’alcool, vous pourriez donner des noms à vos créations qui ne font pas référence à des produits alcoolisés.
La base : Différents jus de fruits (canneberge, raisin, ananas, etc.) peuvent être utilisés ou mélangés, alors qu’un soupçon de lait de coco en conserve apporte un gout tropical et de l’onctuosité. Pour diluer le jus, n’hésitez pas à ajouter un peu d’eau, voire à en faire votre base. Pour donner une touche plus herbacée ou fruitée, mais moins sucrée, optez pour un thé ou une tisane sans caféine refroidis au réfrigérateur.
Des bulles : L’effervescence est essentielle pour vous ? Utilisez une base d’eau pétillante (maison ou du commerce) dans laquelle vous ajouterez d’autres ingrédients. Vous pouvez aussi employer du soda tonique ou différentes boissons gazeuses pour obtenir à la fois une saveur sucrée et des bulles (gingembre, cola, citron-lime).
Du sirop (peut-être) : Si votre base est plutôt amère ou qu’elle n’est pas assez sucrée à votre gout, incorporez une petite quantité de sirop d’érable ou de sirop maison à base de sucre granulé ou de fruits. Un soupçon du fameux sirop de grenadine du commerce apporte en plus de la couleur, mais un colorant alimentaire peut également faire le travail.
Une touche d’aromates : Une branche de romarin ou des feuilles de menthe fournissent de la saveur et enjolivent la présentation, tout comme des tranches de fruits frais (citron, lime, ananas, orange, etc.). Un bâton de cannelle apporte ce petit je-ne-sais-quoi à votre café ou à votre thé (chauds ou glacés), voire à votre punch aux fruits, alors qu’un peu de jus de lime ou de citron ou des morceaux de gingembre procurent de la saveur sans flafla.
Des glaçons hors du commun : En plus des glaçons classiques, utilisez des fruits surgelés, comme des raisins rouges, des canneberges ou des framboises, pour décorer, refroidir et donner un peu de gout.
Limonade menthe-framboise sur le pouce
Pour une portion. À mélanger et à adapter selon votre gout.
- 200 ml d’eau plate ou pétillante
- 30 ml de jus de citron
- 15 ml de sirop d’érable (environ 12 g de sucre)
- Une dizaine de feuilles de menthe mojito
- Quelques framboises fraiches ou surgelées
- Une tranche ou un quartier de citron, de lime ou d’orange pour décorer
- Quelques glaçons (ou non)
Soif de recettes ?
Les cocktails sans alcool (mocktails) du site Alternalcool, par Éduc’alcool

Travailler sur un ordinateur portatif peut causer des maux de dos et de...

Vous adorez les jeux de société mais n’êtes jamais assez nombreux pour v...

Les experts de l’Association pour la protection des automobilistes (APA)...

Les experts de l’Association pour la protection des automobilistes (APA)...
L'envoi de commentaires est un privilège réservé à nos abonnés.
Déjà abonné? Connectez-vous
Il n'y a pas de commentaires, soyez le premier à commenter.