Les pneus à clous, ça vaut la peine ou pas ?

Aussi appelés « pneus à crampons » ou « pneus cloutés », les pneus à clous sont dotés de petites pointes métalliques qui améliorent l’adhérence du véhicule sur des surfaces verglacées. Le principe est le même que si vous installiez des crampons sous vos bottes d’hiver pour éviter de glisser sur un trottoir gelé.

« Là où ils performent le mieux, c’est sur la glace, y compris la glace noire, croit Michel Poirier-Defoy, expert en pneumatique. Ils fonctionnent bien sur la neige durcie, mais pas autant dans la neige folle, car les crampons ne peuvent s’agripper à une telle surface. » Et sur le béton ? « La distance de freinage est possiblement un peu rallongée par rapport à un pneu d’hiver standard », estime le spécialiste.

Ces avantages ont toutefois un prix, puisque les pneus à clous coûtent généralement plus cher. « Si on compare un pneu cramponné à un modèle d’hiver classique, il faut compter jusqu’à 18 $ de plus », dit Michel Poirier-Defoy, qui considère que ce surplus est largement compensé par les avantages.

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Acheter des pneus à clous, une bonne idée ou pas?

Même si les pneus d’hiver standards sont de plus en plus performants et que plusieurs voitures sont dotées de système d’aide à la conduite, Michel Poirier-Defoy estime que les crampons offrent tout de même une plus-value.

Une opinion que partage Sylvain Légaré, analyste en recherche automobile chez CAA-Québec. « Si on veut être “béton”, le pneu à crampons sera plus efficace qu’un pneu d’hiver standard », mentionne-t-il. Selon lui, leur pertinence s’évalue au cas par cas. Êtes-vous satisfait de vos pneus actuels? Quelles routes empruntez-vous? Sortez-vous lorsque la chaussée n’a pas été dégagée? Ce sont les questions à se poser, selon M. Légaré.

Michel Poirier-Defoy et Sylvain Légaré s’entendent pour dire que, si vous ne conduisez que lorsque le chasse-neige a dégagé la route, des pneus d’hiver traditionnels d’excellente qualité feront l’affaire.

Autrement, les pneus à crampons sont avantageux si l’une ou plusieurs de ces situations s’appliquent à vous:

• vous habitez en région rurale où les chaussées sont moins bien dégagées;

• vous roulez fréquemment sur des routes glacées ou de la neige dure;

• vous montez ou descendez souvent une pente glacée très inclinée;

• vous avez une faible tolérance au risque;

• vous conduisez un véhicule à propulsion (les rares sur le marché sont des voitures puissantes comme la Subaru BRZ ou la Ford Mustang).

La grande question maintenant : le fait de posséder un véhicule à quatre roues motrices rend-il les pneus cloutés inutiles? « Pas nécessairement, dit Sylvain Légaré. Certes, un tel véhicule permet de sortir plus facilement d’un banc de neige. Or, l’avantage des pneus cloutés concerne plutôt l’adhérence à la route lors du freinage et des accélérations, donc on ne parle pas de la même chose. »

Comment acheter des pneus à crampons?

Les deux experts interrogés sont catégoriques : la meilleure option consiste à acheter des pneus déjà cloutés, c’est-à-dire dont l’insertion des clous a été faite en usine. Tous deux affirment que la pose uniforme fera en sorte que les pneus seront plus performants et silencieux.

Beaucoup moins courante, l’autre option consiste à acheter des pneus d’hiver cloutables et à faire installer les crampons par un atelier spécialisé (de 18 $ à 25 $ par pneu). « Le pneu cloutable est de moindre qualité : la forme des crampons est moins sophistiquée, ces derniers ne sont pas toujours installés de manière uniforme et le roulement est beaucoup plus bruyant », précise M. Poirier-Defoy.

N’en déplaise aux conducteurs irrités par le bruit des pointes de métal sur la chaussée, au Canada, les fabricants ne sont pas tenus d’indiquer le nombre de décibels émis par leurs pneumatiques. « En Europe, toutefois, les grands fabricants, comme Nokian — le chef de file dans le domaine —, Continental, Michelin, Pirelli, Toyo ou Hankook, doivent respecter des normes sonores, de sorte que les pneus de ces marques sont moins bruyants », souligne M. Poirier-Defoy.

Porte-parole au ministère des Transports et de la Mobilité durable, Émilie Lord affirme que, si vous optez pour des pneus à clous, la loi vous oblige à les poser en paires, à savoir quatre au total ou encore deux à l’arrière (il est interdit d’en poser à l’avant seulement). Cela dit, les fabricants recommandent d’en installer quatre.

Performance sur l’asphalte et consommation d’essence

Sur l’asphalte sec ou mouillé, les nouvelles générations de pneus à crampons ont une distance de freinage à peine légèrement plus longue qu’avec des pneus d’hiver classiques, explique M. Légaré. Cela dit, il estime que leur distance de freinage sur les surfaces glacées est tellement raccourcie que cela compense largement ce désagrément.

Quant à la consommation d’essence, aucune étude sérieuse n’a révélé que les pics de métal la faisaient augmenter. En dépit de la croyance populaire, les deux experts considèrent que les crampons n’ont aucune incidence sur la consommation. « L’idée erronée selon laquelle les clous la font augmenter vient probablement du fait qu’à la base, un pneu d’hiver standard engendre une plus grande consommation d’essence qu’un pneu d’été », estime Sylvain Légaré, en précisant que plusieurs facteurs accentuent la consommation de carburant en hiver.

Interdictions et réglementations liées aux pneus à clous

Au Québec, il existe une date limite à laquelle on doit retirer les pneus à clous. En effet, il est permis de les utiliser seulement du 15 octobre au 1^er mai inclusivement, ce qui n’est pas le cas des pneus d’hiver standards que vous pouvez laisser aussi longtemps que vous le voulez (retirez-les tout de même avant l’été, car ils requièrent une plus grande distance de freinage lorsqu’il fait chaud). Si vous dépassez la date limite, l’amende est de 60 $ à 100 $ par véhicule, indique Émilie Lord, du ministère des Transports et de la Mobilité durable.

Au Nouveau-Brunswick, là aussi, ils sont permis du 15 octobre au 1^er mai. Aux États-Unis, chaque État a ses propres règles. Le Vermont et le New Hampshire, par exemple, les permettent en tout temps, alors que le Maine les autorise du 2 octobre au 30 avril.

Porte-parole à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), Sophie Roy souligne que les dates auxquelles on les installe et on les retire doivent être définies par les conditions météorologiques qui prévalent dans le lieu où on habite, comme pour les pneus d’hiver standards. « Un automobiliste qui emprunte souvent le Parc des Laurentides (entre Québec et le Saguenay–Lac-Saint-Jean) voudra probablement les garder plus longtemps [que celui qui vit ailleurs au Québec], dit-elle, car il n’est pas rare que cette zone reçoive de la neige dès la fin d’octobre jusqu’à la fin d’avril. »

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