Garantie prolongée pour votre auto : une bonne ou une mauvaise idée?

Honnie par certains, recommandée par d’autres, la garantie prolongée peut vous aider à mieux dormir et s’avérer utile si un pépin majeur survient au-delà de la période couverte par la garantie de base du constructeur (généralement entre 3 et 5 ans ou entre 60 000 et 100 000 km et davantage pour les systèmes de propulsion des véhicules électriques).

Cette garantie supplémentaire, dont les modalités, le coût et la durée (un, deux, trois ans et même plus) varient énormément, peut toutefois pimenter allègrement une facture déjà salée.

Pascal* (prénom fictif) de Québec, a dû jongler avec 12 options différentes en juin dernier au moment de l’achat de son véhicule Hyundai neuf, avoisinant les 50 000 $. Les plans offerts impliquaient des déboursés additionnels entre 1 100 et 4 736 $.

« Le risque de bris de l’écran [sur le tableau de bord] et le coût associé à ça ont vraiment été mis de l’avant. Ça fait peur un peu… Je n’ai rien pris finalement. C’est carrément un coup de dés. Le temps me dira si j’ai bien fait ou non », philosophe-t-il, assailli par le doute.

« La garantie prolongée, ce n’est pas toujours oui ou toujours non. C’est un outil qui peut avoir des avantages quand on achète certains modèles, mais il faut faire ses devoirs avant d’accepter. », résume Jesse Caron, expert automobile à CAA-Québec

Généralement entre 2 000 et 3 000 $

Il y a plus de 200 modèles de véhicules neufs vendus au Canada. Chaque fabricant propose des options variées de garantie supplémentaire pour chacun, et il serait impensable de les répertorier. « Ça va souvent coûter entre 2 000 et 3 000 $, mais ça varie énormément », précise Jesse Caron.

Dans le marché des véhicules d’occasion, des assureurs (comme iA Groupe financier avec la Garantie Nationale) offrent également des garanties supplémentaires.

Sans oublier les 27 autres entreprises indépendantes comme Garantie Avantages Plus, Ensurall ou KM+ qui détiennent un permis de l’Office de la protection du consommateur (OPC) pour vendre aussi des garanties supplémentaires d’automobiles ou de motocyclettes.

Comment s’y retrouver alors? Ces conseils de l’Association pour la protection des automobilistes (APA), qui collabore avec Protégez-Vous depuis de nombreuses années en évaluant les véhicules sur le marché, pourraient vous aider à y voir plus clair.

Les recommandations de l’APA 

• Consultez les fiches des autos neuves et d’occasion sur notre site web. Si la fiabilité du véhicule est mauvaise ou très mauvaise (comme pour certains modèles Jeep, Fiat, Volkswagen, Nissan ou autres), cela n’augure rien de bon. Vous devriez envisager une garantie prolongée afin d’éviter des réparations coûteuses dans l’avenir. La même logique prévaut si vous achetez un véhicule de prestige (Audi, BMW, Mercedes, Volvo, etc.) en raison du coût élevé de potentiels bris mécaniques ou électroniques. Pour des véhicules dont la fiabilité est moyenne ou supérieure à la moyenne (comme ceux des marques Acura, Honda, Mazda, Toyota ou Subaru), l’APA juge que ce n’est pas nécessaire.
   
• Si vous en achetez une, il est préférable de choisir celle qui offre la couverture la plus complète possible (et non une garantie qui couvre uniquement le groupe motopropulseur ou certains composants). Vous devriez aussi privilégier la durée la plus longue possible. Une garantie prolongée allant jusqu’à 7, 8 ou même 10 ans (âge du véhicule) représente une option plus avantageuse qu’une extension de garantie de seulement un an, bien que le prix soit plus élevé. Après la 6^e année, il est probable que certains composants, comme le climatiseur, nécessitent des réparations, même sur les modèles les plus récents.
   
• Privilégiez toujours les garanties offertes par le fabricant, car elles sont transférables sans frais à un autre propriétaire (si vous vendez ou léguez votre auto) et comportent moins de limitations ou exclusions que celles des entreprises tierces. Vous pourrez également faire réparer votre véhicule chez n’importe quel concessionnaire de la marque de votre véhicule.
   
• Avant de signer, renseignez-vous en posant les questions suivantes : Y aura-t-il une franchise à payer et un montant maximal pour les réclamations (sachant que le remplacement d’un moteur, par exemple, peut coûter plus de 10 000 $)? La garantie est-elle « pare-choc à pare-choc » ou y a-t-il des exclusions? Couvre-t-elle le système électronique et le climatiseur?

Le prix d’une garantie, ça se négocie?

Selon l’APA, les concessionnaires qui vendent une garantie supplémentaire du manufacturier font un profit qui oscille entre 25 et 30 %. Du côté des autos usagées, les concessionnaires et marchands font un profit pouvant dépasser les 100 % lorsqu’ils vendent une garantie offerte par un tiers.

« Ce ne sont pas des produits qui se magasinent beaucoup, surtout si on veut la garantie du constructeur, mais on peut quand même essayer de négocier », suggère Jesse Caron, de CAA-Québec.

Pascal* et Dominic*, deux résidents de Québec, ont reçu une deuxième offre plus avantageuse de leurs concessionnaires respectifs, Hyundai et Mazda, après un premier refus. Dans les deux cas, le rabais proposé à la dernière minute, au moment de la prise de possession du véhicule, était d’environ 300 $. Cet exemple illustre bien qu’il y a une marge pour négocier.

Comment annuler une garantie prolongée?

Vous avez cédé à la pression et vous regrettez l’achat d’une garantie prolongée? Sachez que vous pouvez changer d’avis.

La Loi sur la protection du consommateur prévoit un délai de 10 jours suivant votre achat pour annuler sans frais ni pénalité une garantie supplémentaire. Il suffit d’envoyer un avis écrit au commerçant qui vous l’a vendue. Vous devrez peut-être acquitter des frais au-delà de cette période.

Bien peu de gens prennent le temps de lire les documents détaillant les conditions d’une garantie, difficiles à comprendre « si vous n’êtes pas du domaine de la mécanique auto », selon George Iny, de l’APA.

Les dépliants promotionnels de garanties, remis aux clients avant de boucler une transaction, ne précisent pas toujours les limitations ou exclusions puisqu’ils réfèrent au contrat… que vous n’avez pas encore en main, ne l’ayant pas signé.

Lorsque ce sera fait, prenez le temps de l’examiner à tête reposée, si possible, et ne vous fiez pas uniquement à vos échanges verbaux avec le vendeur, lequel pourrait avoir omis des détails importants.

N’oubliez pas les garanties légales

La garantie de base offerte par le constructeur est expirée ? Vous avez des recours, même sans garantie prolongée.

Votre véhicule est couvert par différentes garanties légales (durée raisonnable, usage normal et vices cachés), que vous l’achetiez neuf ou d’occasion.

Depuis le 5 avril 2024, la garantie de bon fonctionnement, prévue par la loi, a même été étendue pour inclure les autos ayant jusqu’à 7 ans ou 120 000 km au moment de l’achat. Cette garantie, qui couvre les pièces et la main-d’œuvre, varie de 1 mois ou 1 700 km à 6 mois ou 10 000 km, selon l’âge du véhicule.

Consultez le site web de l’OPC et notre article en ligne pour faire appliquer les différentes garanties, en cas de litige.

À lire aussi : Automobile en direct.com coupable d'avoir mal informé ses clients à propos des garanties légales

Le défi du directeur financier : « maximiser le profit »

Le directeur financier – ou directeur commercial – est celui (ou celle) que vous rencontrez après le représentant des ventes, dans une concession, à la fin du processus d’achat d’un véhicule, lorsque votre choix est fait.

Son rôle est on ne peut plus clair, selon le site web du Centre de Formation Automobile du Québec (CFAQ) : il doit « maximiser le profit généré pour chaque véhicule livré, par la vente du financement de même que des produits d’après-vente offerts par le concessionnaire, tout en visant l’entière satisfaction de la clientèle et en coopération étroite avec tous les départements du concessionnaire ».

Les garanties prolongées font partie des produits promus, sur la vente desquels il peut récolter une commission intéressante. Selon le CFAQ, la commission sur le profit des produits vendus, versée à un directeur financier, s’élève en moyenne à 18 %.

Un double discours lors de l’achat d’un véhicule

Critique à l’égard de ces derniers, parfois trop insistants, George Iny invite les consommateurs à se méfier de certains arguments de vente.

« Ils vont vous dire que la mécanique peut briser n’importe quand ou que le produit peut rouiller et fondre comme du sucre après deux ans, ironise-t-il. C’est bizarre parce que, dans la salle de montre [auparavant], on vous a vanté un produit très durable. […] Comme consommateur, si on agissait de façon logique, on mettrait fin à la conversation et on irait acheter autre chose, mais les gens vivent avec cette contradiction-là. »

Trop stressant pour certains

Lorraine Lévesque est courtière automobile, un métier méconnu. À l’instar du courtier immobilier, elle cherche et trouve des véhicules pour ses clients, puis elle s’occupe de toutes les démarches, incluant la négociation du prix. Plusieurs acheteurs, parmi sa clientèle, veulent à tout prix éviter de rencontrer les directeurs commerciaux.

« Certains [clients] ne sont pas capables de dire non, pour plein de raisons. Ils font affaire avec moi parce qu’ils ne veulent pas aller s’asseoir avec eux... C’est épouvantable à quel point il y en a qui ont peur d’entrer dans ce bureau-là! » rapporte-t-elle, levant malgré tout son chapeau aux hommes et femmes qui pratiquent ce métier difficile. « Ils ont le pire job dans une concession. »

Cet élément était d’ailleurs ressorti clairement lors d’un sondage mené par Protégez-Vous en 2023. Plusieurs répondants disaient avoir eu une excellente expérience avec le vendeur, mais ils avaient détesté le moment où le directeur commercial avait tenté de leur vendre un extra quelconque.

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