Le Vendredi fou en 10 questions

Depuis les années 1950 aux États-Unis, les acheteurs à la recherche de cadeaux de Noël courent les commerces à la recherche d’aubaines lors du Black Friday, qui a lieu tous les ans le vendredi suivant l’Action de grâce américaine. Cette tradition, propre à nos voisins du Sud jusqu’à tout récemment, est maintenant tout aussi importante au Canada.

« Le Vendredi fou est débarqué ici il y a à peine une vingtaine d’années, avec l’arrivée des grandes chaînes américaines qui ont importé leurs façons de faire », explique Jacques Nantel, professeur émérite de HEC Montréal. Ce n’est toutefois que depuis une dizaine d’années que le phénomène a pris l’ampleur qu’on lui connaît aujourd’hui.

Selon un sondage de Léger Marketing, 54 % des Canadiens ont participé au Vendredi fou en 2021, soit en achetant des biens, soit en consultant les aubaines. Ceux qui ont acheté quelque chose ont, en moyenne, dépensé un total de 401 $ pendant les soldes liés à l’événement.

Et toutes les catégories de produits y passent. Chez les Québécois qui avaient prévu dépenser au Vendredi fou en 2022, la catégorie d’achats la plus populaire était celle des vêtements, suivie par les produits technologiques, les articles pour la maison et les chaussures, selon le Baromètre d’octobre 2022 du Conseil québécois du commerce de détail.

Les pages qui suivent vous diront si cette journée d’achat spéciale en vaut réellement la peine, et comment bien en profiter le cas échéant.

Voici tout ce qu’il faut savoir sur le Vendredi fou

Est-ce vraiment le plus gros événement de magasinage de l’année?

Oui. Le Vendredi fou n’est pas le seul événement consacré au magasinage : de nombreux rabais sont aussi proposés le lendemain de Noël, à l’occasion des soldes d’après-Noël (Boxing Day en anglais), et le détaillant en ligne Amazon rassemble depuis quelques années des aubaines pour ses Prime Days, qui se déroulent généralement l’été. Le Vendredi fou est toutefois, et de loin, le plus important des trois : « Ça n’a aucune commune mesure », estime Jacques Nantel, de HEC Montréal.

Est-ce vraiment durant le Vendredi fou qu’on trouve les plus gros rabais?

Tous les rabais proposés au Vendredi fou ne sont pas forcément les meilleurs de l’année, mais c’est souvent le cas, oui, et c’est certainement à ce moment-là qu’il y en a le plus. « On veut que ce soit le meilleur moment pour magasiner; on ne veut pas que les clients soient déçus ni qu’ils trouvent de meilleurs rabais deux semaines plus tard », résume Thierry Lopez, responsable du marketing et des affaires pour Best Buy au Québec. Jacques Nantel observe cependant de son côté un certain ralentissement depuis la pandémie. « Ça ne veut pas dire que ça ne reviendra pas, mais les trois dernières années ont été plus maigres », dit-il.

Qu’est-ce que le Cyberlundi?

Les commerces en ligne ont lancé il y a plusieurs années le Cyberlundi, le lundi suivant le Vendredi fou, pour pouvoir tirer profit eux aussi de cet événement de magasinage qui était jusque-là réservé aux boutiques physiques. Aujourd’hui, comme les commerces qui ne vendent qu’en ligne ou qu’en magasin se font rares, la journée se veut plus une continuation de l’autre. « On voit rarement de meilleurs rabais au Cyberlundi qu’au Vendredi fou », observe Kate Musgrove, directrice de RedFlagDeals.com, un site web canadien destiné aux chasseurs d’aubaines. Thierry Lopez fait toutefois remarquer que certaines chaînes, dont Best Buy, ont une plus grande variété de produits en ligne que dans les boutiques, et qu’elles en profitent donc pour offrir des rabais exclusifs au Cyberlundi sur ces produits.

Combien de temps le Vendredi fou dure-t-il?

De plus en plus longtemps. Autrefois réservé à une seule journée, puis à une fin de semaine complète, le Vendredi fou est maintenant souvent précédé d’aubaines « pré-Vendredi fou », qui ont généralement cours pendant la semaine précédant l’événement. En 2022, ce dernier a même duré un mois complet dans les magasins Best Buy. La durée exacte du Vendredi fou varie cependant d’une enseigne à l’autre, et d’une année à l’autre. Il est d’ailleurs bon de noter que les rabais ne sont pas forcément les mêmes tout au long de l’événement. En règle générale, certains gros rabais sont réservés au vendredi lui-même.

Vaut-il mieux acheter le plus tôt possible ou attendre au Vendredi fou?

Dans les commerces proposant un « pré-Vendredi fou », si vous avez vraiment besoin d’un produit offert en rabais, profitez de l’aubaine pendant qu’elle passe. « Les chances que vous trouviez mieux plus tard sont faibles, et vous courez le risque que le produit soit en rupture de stock si vous attendez », prévient Kate Musgrove.

Quelles sont les catégories de produits qui affichent les meilleurs rabais?

Celles avec les meilleures aubaines varient d’une année à l’autre. « Après la pandémie, on a remarqué par exemple que les gros articles, comme les meubles, étaient vendus à des prix particulièrement réduits », précise Kate Musgrove. D’une manière générale, certains produits sont aussi plus propices aux rabais que d’autres. « C’est sûr qu’il est possible d’accorder un plus gros rabais sur un produit avec de grandes marges », fait valoir Thierry Lopez, ce qui explique pourquoi le prix des téléviseurs, par exemple, baisse souvent de plusieurs centaines de dollars. D’autres produits, tels les ordinateurs d’Apple, ne sont habituellement pas réduits d’une manière significative.

Les rabais varient-ils beaucoup d’un commerce à l’autre?

Oui, mais pas sur tout. Certains d’entre eux sont dictés par les fabricants et sont donc les mêmes partout. D’autres sont décidés par les commerces seulement, et d’autres encore sont choisis entre les fabricants et les commerces. « C’est quelque chose qui est négocié des mois à l’avance, puisqu’il faut s’entendre sur le prix, mais aussi sur les quantités », explique Thierry Lopez.

Comment trouver les meilleures aubaines?

Certains sites web, notamment RedFlagDeals.com, rassemblent toutes les circulaires du Vendredi fou et les publient à mesure qu’elles sont en ligne, ce qui permet aux consommateurs de comparer les prix dans les différents commerces. « Il existe aussi des outils pour voir à quel point une aubaine est unique », mentionne Kate Musgrove. Le site camelcamelcamel.ca, par exemple, conserve l’historique des prix sur Amazon. « Ce n’est pas infaillible, mais ça nous donne une idée si un rabais revient souvent ou si, au contraire, c’est le plus grand à ce jour », poursuit la directrice.

Les meilleures aubaines sont-elles offertes en magasin seulement?

Certains offrent en effet des produits à bas prix (ce qu’on appelle en anglais des doorbusters) exclusivement en magasin, mais en quantité limitée; le but est alors d’attirer les foules. Depuis les cohues filmées dans les grandes chaînes aux États-Unis et diffusées sur les réseaux sociaux où l’on voyait des consommateurs se battant pour des téléviseurs (entre autres exemples), le phénomène se veut toutefois de plus en plus rare. « De notre côté, nous avons pris la décision de mettre les mêmes prix partout », indique Thierry Lopez, de Best Buy. Les visites en magasin ont, malgré tout, encore leur intérêt. « Quand il y a un produit couru, il peut être plus facile de l’acheter sur place que par Internet; c’était le cas, par exemple, avec la console PlayStation 5 les premières années », souligne Kate Musgrove.

Le Vendredi fou encourage-t-il la surconsommation?

Oui. « Toutes les études le démontrent », confirme Jacques Nantel. Les aubaines peuvent permettre à certains consommateurs d’acheter d’une manière plus responsable qu’en temps normal – si vous avez besoin de chaussures, aussi bien les acheter à 50 % de rabais! –, mais, dans l’ensemble, le Vendredi fou crée plutôt un phénomène de surconsommation. Depuis plus de 30 ans, des activistes organisent d’ailleurs divers événements à l’occasion de la Journée sans achat (Buy Nothing Day), en même temps que le Vendredi fou, pour manifester contre le gaspillage et la surconsommation.

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