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Robot financier : jamais sans l’intervention d’un professionnel

Article d'un partenaire de Protégez-Vous

Par Chambre de la sécurité financière Partenaire de Protégez-Vous Mise en ligne : 16 Juin 2023 Shutterstock.com

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Vous vous posez des questions en lien avec l’utilisation d’un robot financier? Voici ce qu’il faut savoir à ce sujet.

En entendant les mots robots financiers, vous imaginez des appareils que vous n’avez qu’à consulter pour effectuer les meilleurs investissements possibles? Détrompez-vous. Ce type d’appareil n’existe pas. « Ce qui existe en revanche, ce sont des robots partiels, soit des ensembles de logiciels qui utilisent des algorithmes extrêmement performants afin d’extraire des données », dit Michel Mailloux, co-fondateur et dirigeant du Collège des professions financières, ce qui a pour effet d’enrichir les connaissances des professionnels. »

Les robots financiers puisent leurs données des très nombreuses études fondamentales réalisées chaque année et portant notamment sur le comportement du consommateur, sur le type de portefeuilles qu’il choisit selon son âge ou son domaine d’expertise ainsi que sur le risque que comportent les différents types de portefeuilles. « Elles permettent de découvrir, par exemple, que des personnes de tel âge, de telle profession ou tel niveau de richesse investissent généralement dans tel ou tel produit, dit Michel Mailloux. Ou encore que tel produit ou telle assurance serait pertinent pour tel ou tel type de consommateurs. » 

Ensuite, le robot financier peut mettre en relation les données collectées et celle d’un client (si on les lui fournit), ce qui lui permet de faire des « suggestions », selon le mot utilisé par Michel Mailloux. Mais attention! prévient-il, celles-ci ne doivent être faites qu’au conseiller en services financiers qui, après les avoir étudiées, les utilisera pour conseiller son client. « Mettre directement en relation un robot financier et le client doit absolument être évité, dit Michel Mailloux, car cela pourrait mener à des catastrophes. »

Pourquoi un tel avertissement? Parce que les produits financiers sont aussi nombreux que complexes, et que la très grande majorité des consommateurs n’ont pas les connaissances nécessaires pour s’y retrouver. Et aussi, parce que ce robot s’adresse à un être rationnel alors que, selon M. Mailloux, le consommateur ne l’est généralement pas.

Il y a aussi que le robot financier, malgré les apparences, n’est pas objectif. Puisqu’il a été programmé par des humains, il est fort possible que, lors de la programmation, on lui ait transmis des préjugés ou encore des biais (en lien avec les produits d’une institution financière, par exemple). « Comme professionnel, nous pouvons repérer cela, dit Michel Mailloux. Mais ce n’est pas le cas de monsieur et madame Tout-le-monde. » Sans compter que l’utilisation du robot comporte également certains risques en matière de protection des renseignements personnels.

Le type de programmation qui a été utilisé a aussi une grande importance. Michel Mailloux prend l’exemple d’un jeune professionnel trentenaire ayant un revenu très substantiel (donc pouvant prendre des risques), mais ayant un profil très conservateur. « Est-ce que le robot respectera son profil? Ou est-ce qu’il tiendra davantage compte des cycles de vie? », demande-t-il. 

Il indique que la suggestion faite par le robot dépendra de l’approche philosophique qui aura été adoptée lors de la programmation. Dans son livre intitulé Robots financiers et I.A., Michel Mailloux, qui est éthicien, décrit les différentes approches possibles, soit l’éthique des conséquences, l’éthique déontologique et l’éthique de la vertu, ainsi que l’impact de ces approches sur les suggestions d’un robot.

Un rôle primordial

Quel est donc le rôle du conseiller en services financiers dans ce contexte? Il consiste d’abord à « remettre en question » ce que dit le robot financier en utilisant son « gros bon sens », selon les mots utilisés par Michel Mailloux. Puis de prendre la distance nécessaire pour prodiguer à son client des conseils réellement adaptés à sa situation. « Le conseiller en services financiers a le devoir de présenter à son client des options qui lui conviennent, dit M. Mailloux. Il doit aussi à l’amener à connaître les conséquences qui y sont liées. »

Utiliser un robot financier ne va pas toujours de soi. Car, pour le professionnel, il est extrêmement difficile, voire impossible, de savoir quelles étapes ce robot a parcourues pour faire ses suggestions. M. Mailloux entrevoit d’ailleurs, dans les prochaines années, des débats juridiques en lien avec la responsabilité des professionnels qui suivent ou ne suivent pas les suggestions d’un robot. Et il espère la mise en place d’un comité ou d’une table ronde, découlant du ministère des Finances ou d’une autre instance, dont le mandat sera d’étudier les grands enjeux que soulève l’utilisation du robot financier. « Il ne faut pas laisser aux grandes organisations la gestion des robots, dit-il. Ce n’est pas leur rôle de protéger les consommateurs. »

En attendant, que peut-on faire pour se protéger? « S’informer et rester critiques », répond M. Mailloux. Et se rappeler que « lorsque l’on se fait promettre des taux de rendement trop beaux pour être vrai, c’est peut-être qu’ils sont trop beaux pour être vrai. »

Cela n’empêche pas M. Mailloux d’être optimiste quant à l’impact des robots financiers sur le travail des professionnels. « Les conseillers en services financiers ne disparaîtront pas avec l’arrivée des robots, dit-il. Ils vont s’améliorer grâce à eux. »