Femmes et accès à la retraite : des embûches et des solutions
Par Chambre de la sécurité financière Partenaire de Protégez-Vous Mise en ligne : 14 mai 2024

Un sondage réalisé récemment par Léger pour le compte de la Chambre de la sécurité financière et d’ÉducÉpargne lève le voile sur la situation financière des femmes et sur leur capacité d’épargne pour la retraite. Coup d’œil sur les résultats et pistes de solution.
Moins d’argent
Lorsqu’il s’agit de mettre des sous de côté, les femmes sont désavantagées dès le départ. Selon le sondage intitulé Étude sur le revenu à la retraite des Québécoises et Québécois, 60 % des femmes ont un salaire inférieur à celui de leur conjoint et 30 % affirment ne pas avoir assez de revenus leur permettant d’épargner pour la retraite (alors que seulement 20 % des hommes affirment être dans cette situation). « Cela a d’énormes conséquences, surtout quand on sait qu’un 5 000 $ investi judicieusement très tôt dans sa vie pourrait valoir 40 000 $ au moment de la retraite », dit Hélène Belleau, professeure à l’INRS et titulaire de la Chaire argent, inégalités et société créée en partenariat avec la Chambre de la sécurité financière.
Plus de tâches
Parallèlement à cela, les femmes qui vivent en couple ont plus de tâches à effectuer au foyer. Ainsi, 61 % d’entre elles affirment assumer une charge supérieure à celle de leur conjoint en ce qui a trait à la gestion des tâches ménagères et éducatives (seulement 23 % des hommes disent être dans cette situation). « Parmi les personnes âgées de 25 à 34 ans qui ont des enfants, 41 % des femmes contre 19 % des hommes estiment que leur congé parental a été un frein à l’épargne au cours des 5 dernières années », dit Hélène Belleau.
Si c’est généralement la femme qui diminue ses heures de travail pour s’occuper des enfants, la plupart du temps, c’est aussi elle qui, plus tard, fera de même pour prendre soin de ses parents ou beaux-parents âgés. « Elles n’ont pas le choix, car elles effectuent alors les tâches du quotidien, comme celles en lien avec les soins personnels, dit Hélène Belleau, alors que les hommes s’occupent davantage des choses comme l’entretien du terrain ou les finances, ce qu’ils peuvent aisément faire en dehors du boulot. »
Chaque fois que la femme interrompt sa carrière ou choisit de travailler à temps partiel, elle voit son salaire diminuer, souvent sans que cela ne soit compensé d’aucune façon par son conjoint. Ironiquement, à ce moment-là, son conjoint se met souvent à travailler davantage ou bénéficie de promotions, ce qui augmente son salaire et contribue à accentuer l’iniquité.
Une gestion inadéquate
La manière dont est géré l’argent au sein du couple n’aide en rien. Ainsi, il n’est pas rare que les deux conjoints mettent leurs revenus en commun, mais qu’ils se répartissent les dépenses. Ces dernières peuvent être partagées moitié-moitié ou au prorata. Or, selon Hélène Belleau, ces deux modes de gestion sont inéquitables. « Souvent, on présente le partage des dépenses au prorata comme étant quelque chose de très égalitaire, dit-elle. Mais lorsqu’il y a de grands écarts de revenus entre les deux conjoints, ce n’est pas le cas. Dans une telle situation, la personne qui gagne le moins s’appauvrit parce qu’elle a un train de vie qui est au-dessus de ses moyens. » La conjointe arrime son train de vie à celui de quelqu’un ayant des revenus plus élevés, ce qui finit par creuser les iniquités. Par exemple, même si on partage l’addition au resto, il se peut que l’endroit choisi convienne au budget de l’un et moins à celui de l’autre.
Tout cela se fait sans que l’un ou l’autre des deux conjoints se rende vraiment compte des conséquences pouvant en découler. « Une des choses qui m’a le plus frappée lors de l’étude, c’est que les couples s’arrêtent rarement à réfléchir à la manière dont ils gèrent leur argent, dit Hélène Belleau. Et s’ils le font, ils ne poussent jamais leur réflexion très loin. »
Que peut faire le professionnel en services financiers?
On observe à la longue que, souvent, les femmes se désintéressent de toutes questions d’ordre financier. « Comme elles ont peu d’argent, elles ne se sentent pas légitimées de faire des placements », dit Hélène Belleau. De plus, elles ont peu confiance en leurs compétences financières et ont un niveau de tolérance au risque considérablement plus bas que les hommes. Combinés, ces facteurs peuvent avoir des conséquences néfastes pour leur retraite. D’ailleurs, selon le sondage, 69 % des femmes redoutent de manquer de revenus à la retraite et 58 % d’entre elles craignent de ne pas pouvoir se payer les soins nécessaires pour préserver leur autonomie.
Devant cette situation préoccupante, le conseiller en services financiers a un rôle à jouer. « Il peut conscientiser les conjoints sur leur situation particulière en leur demandant, par exemple, de réfléchir à ce qui leur arriverait en cas de séparation », dit Geneviève Beauvais, chef, qualité et conformité des pratiques à la Chambre de la sécurité financière. Il peut aussi les aider à équilibrer leur épargne à long terme en proposant un compte de placement pour chacun. Enfin, il peut les inciter à planifier leur retraite ensemble, et veiller à faire en sorte que le processus permette au conjoint moins nanti d’obtenir une certaine compensation.
Selon Geneviève Beauvais, quelle que soit la situation, le professionnel a intérêt à rencontrer ensemble les deux conjoints au moins la première fois, car cela lui permettra d’observer la dynamique du couple. Par la suite, s’il a l’impression qu’il est impossible de bien servir ses deux clients en les voyant ensemble, il pourra leur proposer des rencontres individuelles. « Dans certains cas, cela peut être nécessaire pour qu’il puisse faire des recommandations adaptées à chacun d’eux », dit-elle. Si, de votre côté, vous préférez un entretien seul à seul, n’hésitez pas à le dire à votre conseiller en services financiers.
Vous craignez qu’en faisant affaire avec le même professionnel que votre conjoint, ce dernier puisse avoir vent de renseignements que vous ne voulez pas lui dévoiler? Ce sera notamment le cas si vous cachez de l’argent à votre conjoint – selon le sondage, 27 % des gens sont dans cette situation. Geneviève Beauvais se veut rassurante. « Le conseiller qui sert un couple doit traiter ses deux clients de manière indépendante et respecter la confidentialité des informations détenues sur chacun. Il n’a pas le droit de répéter à l’un ce que l’autre lui a dit. »
À cause de la complicité qui existe entre votre conjoint et son conseiller en services financiers ou parce que votre conjoint et vous avez décidé de vous séparer, vous préférez vous tourner vers un autre professionnel? N’hésitez pas à le faire. Il est important que vous puissiez obtenir les services d’un conseiller en services financiers avec lequel vous vous sentirez à l’aise et que vous percevrez comme veillant vraiment à vos intérêts.

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