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Loi sur la location à court terme: encore plus de pression sur un marché en crise

Par Martine Letarte
airbnb Shutterstock.com

Alors qu’il est déjà difficile de trouver un logement abordable au Québec, plusieurs s’inquiètent de l’adoption de la loi 67 qui permet le Airbnb, ou la location à court terme, partout dans la province. À moins qu’une municipalité ne l’interdise par un référendum.

«Il y a beaucoup de profit à faire avec le Airbnb, mais qu’est-ce qui doit compter en premier? Le droit de faire de l’argent ou le droit de loger du monde décemment pour leur permettre de rester dans leur milieu de vie?», questionne Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).

Son inquiétude par rapport à l’effritement du parc de logement locatif est appuyée par des données récentes. Pas moins de 31 000 logements ont été retirés du marché locatif à long terme au Canada à cause de la location à court terme, d’après la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

«Ce n’est plus possible d’avoir des logements abordables pour loger des familles dans bien des secteurs, déplore Mme Laflamme. On pense spontanément à Montréal, mais on le voit aussi dans les villages où le parc locatif est déjà limité. Plus les prix augmentent, plus les gens sont exclus de leur milieu de vie.»

>> À lire aussi : Du Airbnb permis partout (ou presque!) au Québec

Hausse des prix des logements

La location à court terme vient effectivement changer la donne dans les quartiers, d’après Jean-Philippe Meloche, professeur spécialisé en économie urbaine et développement économique local et régional à l’Université de Montréal.

«Des quartiers historiquement résidentiels deviennent touristiques grâce à l’accès aux plateformes comme Airbnb, indique-t-il. C’est au plus fort la poche! Quand un touriste est prêt à payer cher pour passer quelques nuits dans un quartier, cela vient gonfler les prix du secteur. Ce n’est pas parce que les quartiers attirent des touristes particulièrement riches, mais parce que, en vacances, on a généralement un budget par nuit qui n’a rien à voir avec ce qu’on peut se payer comme loyer de tous les jours.»

Face à cette manne, des propriétaires de résidences dans des quartiers particulièrement recherchés préfèrent donc faire de la location à court terme à un tarif plus élevé par nuit que de la location à long terme. Cela réduit donc le nombre de loyers disponibles dans une ville et tire les prix de ceux qui restent vers le haut.

«Les habitants de quartiers très attractifs finissent par ne plus avoir les moyens d’y habiter, ajoute M. Meloche. Ce phénomène vide des quartiers de leurs résidents et vient mettre de la pression sur les quartiers où ces gens vont s’installer.»

Un compromis ?

Si le FRAPRU souhaite l’interdiction complète de la location à court terme pour protéger le parc locatif, Jean-Philippe Meloche est d’avis qu’il serait difficile d’y arriver.

«Qu’on aime ou pas, en 2021, les gens partagent leur résidence et leur voiture sur Internet, affirme-t-il. Interdire une activité ne l’empêche pas. Mais, lorsqu’on permet une pratique, on peut l’encadrer. C’est ce qu’on fait avec la loi 67 et l’attestation de résidence principale. Si le Airbnb devient vraiment une activité commerciale, les règles sont différentes. C’est un compromis.»

Certains points sont tout de même à surveiller de près, comme la notion de résidence principale. «Des gens peuvent avoir une résidence principale, mais passer presque tout leur temps au chalet, indique-t-il. Leur résidence principale peut ainsi être louée presque en permanence à des touristes, avec les désagréments que cela peut engendrer. Parce que, par définition, un touriste se couche tard, prend un verre de trop et peut déranger. Il faudra peut-être arriver à un resserrement des règles pour s’assurer que le bon voisinage soit respecté.»

Il croit aussi qu’il faudrait adapter la construction de logements en tenant compte à la fois de l’évolution du nombre de ménages et de la place occupée par Airbnb. «Je ne pense pas que ce soit le cas actuellement. C’est pour cette raison qu’Airbnb devient un facteur aggravant dans la surchauffe du marché. En ce moment, on a de la misère à construire des logements pour les besoins impératifs.»

>> À lire aussi : Les précautions à prendre avant de louer votre maison sur Airbnb et N’attendez pas à la dernière minute pour chercher un logement

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