Compte tenu de mon champ d’expertise et des nombreux articles que j’ai rédigés dans ce domaine, je croyais détenir une assez bonne connaissance des finances personnelles. Jusqu’à ce que je réalise que certaines subtilités du calcul des intérêts sur les soldes de cartes de crédit m’échappaient encore. L’an dernier, j’ai également commis une erreur classique de débutant en utilisant ma carte de crédit pour une dépense importante, au lieu de tirer parti de ma marge de crédit hypothécaire.
Comme quoi, on peut être un cordonnier bien mal chaussé ! Pour assurer la bonne santé de vos finances, voici donc six faux pas à éviter.
Utilisation mal avisée de la carte de crédit
Petit rappel : lorsque vous effectuez un achat avec votre carte de crédit, vous bénéficiez d’un délai de grâce de 21 jours à partir du dernier jour de votre période de facturation pour régler la totalité du solde. En respectant cette règle, vous n’aurez pas d’intérêts à verser sur ces montants.
Mais, si vous n’en payez qu’une partie, alors des intérêts quotidiens seront calculés rétroactivement sur la totalité du montant et ils commenceront à croître à partir du jour où vous avez effectué votre achat. C’est pourquoi on devrait toujours, autant que possible, rembourser le solde complet à chaque période de facturation.
Vous demandez une avance de fonds ? Prudence, car non seulement les intérêts seront plus élevés que sur les achats, mais ils commenceront à courir le jour même de la transaction et non pas après un délai de grâce.
Mauvais choix de carte de crédit
Remise en argent, points, bonis voyage… On ne sait plus où donner de la tête !
Simon Houle, planificateur financier et secrétaire-trésorier de l’organisme ÉducÉpargne, constate qu’avec la multiplication des offres alléchantes des émetteurs de cartes de crédit, on peut être tenté d’en rajouter une dans son porte-monnaie. Or, accumuler ces outils de paiement peut non seulement avoir un impact sur votre cote de crédit, mais aussi vous inciter à multiplier des cartes qui n’auront que peu d’avantages pour vous.
« Par exemple, certaines cartes sont intéressantes pour les personnes qui voyagent, car elles permettent d’obtenir des points et des rabais sur les chambres d’hôtel, les billets d’avion, etc. Mais, si vous voyagez peu, cela n’aura guère d’intérêt pour vous », explique le spécialiste. Avant de remplir le formulaire de demande, analysez plutôt vos habitudes de consommation et optez pour une carte qui y correspond. Ainsi, une carte donnant des rabais ou des points pour les achats à l’épicerie pourrait être plus appropriée dans votre cas. Sans compter que les cartes offrant des récompenses sont souvent assorties de frais annuels coûteux…
Accumuler une équité négative sur votre prêt-auto
Un nouveau véhicule vous fait de l’œil, mais vous n’avez pas fini de rembourser le prêt-auto de votre véhicule actuel ? Qu’à cela ne tienne ! Le concessionnaire est sûrement disposé à vous offrir un arrangement, notamment en transférant le solde du premier prêt sur le deuxième. Mais ce faisant, vous augmentez le montant du capital à rembourser et rallongez la durée de remboursement ainsi que les intérêts à payer.
Bien qu’une nouvelle loi encadre désormais cette pratique, celle-ci reste malgré tout autorisée. « La législation oblige les commerçants à faire preuve de plus de transparence afin que les consommateurs comprennent ce que cela implique réellement sur le plan financier », précise Simon Houle. L’expert souligne que l’idéal est de régler le solde du premier prêt avant d’en contracter un deuxième, ou même d’acheter comptant un véhicule usagé. « Une voiture de deux à trois ans a déjà connu une importante dépréciation et sera beaucoup moins coûteuse. Quoiqu’il en soit, il faut se rappeler qu’une voiture est un actif qui se dévalue rapidement dans le temps ; on devrait donc éviter de contracter un prêt de sept ou huit ans pour la financer », recommande le planificateur financier.
Ne pas tirer avantage de la fiscalité
C’est bientôt le temps des impôts, alors faites le tour des crédits et déductions auxquels vous avez droit. Ne négligez pas, par exemple, les crédits relatifs aux dépenses de santé qui s’accumulent plus vite qu’on le pense et incluent aussi les primes payées pour votre assurance collective. Sans oublier les crédits pour les frais de garde d’enfant, d’activités pour enfants, pour l’achat d’une habitation, pour aidant naturel, de maintien à domicile, etc.
Si vous avez des enfants, souscrire à un Régime enregistré d’épargne-études (REEE) permet d’obtenir d’intéressantes subventions et de garnir plus vite la cagnotte pour leurs études. « Le CELIAPP en vue d’acquérir une propriété permet non seulement de faire fructifier son épargne à l’abri de l’impôt, comme le CELI, mais aussi de bénéficier d’une déduction, comme le REER. Ces deux derniers régimes sont également des outils d’épargne très avantageux », mentionne Simon Houle.
Une erreur coûteuse consiste cependant à considérer le CELI comme un compte d’épargne ordinaire et à investir cet argent dans des placements générant très peu de rendement. Ce faisant, on perd une belle occasion d’optimiser ses économies d’impôt.
Ne pas constituer de fonds d’urgence
Quelle est la meilleure façon de faire face aux imprévus ? C’est tout simple, même si ce n’est pas toujours facile à mettre en place : prévoir un fonds d’urgence.
Si un problème survient — auto à réparer, électro à changer, perte d’emploi, maladie, etc. — vous aurez sous la main une somme d’argent qui vous aidera à accuser le coup sans vous endetter ni avoir recours au coûteux crédit.
Idéalement, ce fonds devrait contenir l’équivalent de trois à six mois de dépenses. Pour le constituer, planifiez des dépôts automatiques sur un compte d’épargne, lorsque vous recevez votre paie par exemple. Ainsi, on s’habitue à vivre sans cet argent et on économise sans trop y penser.
Ne pas négocier
Bien sûr, il est souvent plus facile d’accepter les renouvellements de ses contrats d’assurance sans se poser de questions. Pourtant, magasiner pourrait vous faire économiser des centaines de dollars, en particulier pour les assurances automobile. « On devrait contacter au moins trois compagnies d’assurance pour obtenir des soumissions. La différence de prime avec votre assureur actuel pourrait être conséquente, surtout si cela fait longtemps que vous êtes son client et que vous avez accepté les renouvellements sans négocier », indique Simon Houle.
Des avenants dans le contrat d’assurance auto, comme la valeur à neuf, sont également très coûteux. Questionnez-vous pour savoir si cela en vaut vraiment le coup.
Ne vous arrêtez pas en si bon chemin, et négociez votre abonnement avec votre fournisseur de télécommunications. Il pourrait y avoir de belles économies à la clé.
Si vous cherchez à parfaire vos connaissances, vous pouvez consulter le guide 99 trucs pour économiser sans trop se priver d'ÉducÉpargne ou le guide Finances personnelles de Protégez-Vous.
À lire aussi : 10 questions sur les CELI et les REER