Quelle est la capacité de remorquage des véhicules électriques?

Vous envisagez d’acheter un véhicule électrique (VE) et souhaitez tirer une remorque pour transporter votre motoneige ou votre bateau, ou encore une roulotte pour partir à l’aventure? Bonne nouvelle : les modèles de VE qui sont en mesure de supporter une telle charge sont de plus en plus nombreux, et leurs performances continuent de s’améliorer (autonomie, vitesse de recharge, etc.).

La première chose à vérifier auprès du concessionnaire est la capacité de remorquage conseillée par le constructeur. Soulignons que les barres ou attaches-remorques vendues en option avec les voitures électriques ne diffèrent pas de celles qui sont destinées aux véhicules à essence.

Sur la route, vous n’aurez pas de souci avec le comportement de votre VE, car le poids de la batterie le stabilise, et le couple est instantané pour tirer la charge. Cependant, si votre roulotte est équipée de freins électriques, il peut être intéressant d’installer un contrôle de freins dans l’habitacle. Le Ford F-150 Lightning, entre autres, est livré de série avec ce type de dispositif, qui comprend une commande manuelle permettant de diminuer ou augmenter la puissance des freins de la remorque.

Pour choisir le VE qui vous convient, consultez notre tableau ci-dessous portant sur la capacité de remorquage des modèles les plus populaires. À noter que pour un même modèle, la capacité de remorquage peut varier, par exemple la capacité de la version de base peut être inférieure à celle de la version haut de gamme. Sachez aussi que tracter une charge lourde et volumineuse diminue l’autonomie du véhicule, une perte que vous pourriez atténuer en roulant moins vite ou en optant pour une roulotte aérodynamique.

La capacité de remorquage de véhicules populaires comme le KIA EV9 et le Hyundai Ioniq 5

En Amérique du Nord, les constructeurs doivent se conformer à la norme SAE J2807 pour déterminer la capacité de remorquage de leurs véhicules afin de permettre aux consommateurs de mieux comparer les différents modèles offerts sur le marché. 

Certains VE ne sont tout simplement pas faits pour tracter de lourdes charges, et leurs manufacturiers en déconseillent la pratique. C’est le cas, notamment, des Chevrolet Bolt EV et EUV; Cadillac Lyriq (versions à propulsion); Fiat 500e; Ford Mustang Mach-E; Hyundai Ioniq 6 et Kona électrique; Kia Niro EV et Soul EV; Nissan Ariya (version à traction avant) et Leaf; Tesla Model 3; Subaru Solterra; et Toyota bZ4X. Pour les autres modèles, la capacité permise se situe généralement entre 1 500 et 5 000 lb (entre 680 et 2 267 kg). À titre d’exemple, une motoneige pèse entre 500 et 700 lb (entre 227 et 318 kg) – un poids auquel il faut en ajouter un similaire pour la remorque –, alors qu’une petite roulotte pèse entre 1 500 et 3 000 lb (entre 680 et 1 361 kg).

« On recommande de toujours respecter la limite de la capacité de remorquage », insiste Jesse Caron, expert automobile à CAA-Québec. Sinon, vous risquez d’endommager le véhicule ou la roulotte, ou encore de perdre le contrôle des deux engins sur la route et d’avoir un accident que l’assureur refuserait de rembourser.

* Les capacités de remorquage sont indiquées pour les versions de base des différents modèles; elles pourraient par conséquent être plus élevées avec des versions supérieures de la gamme ou munies de batteries à plus grande autonomie. Source : sites web des constructeurs.

Une autonomie largement réduite à prévoir

« Dès que vous avez une charge attelée à un véhicule électrique, vous pouvez prévoir une perte d’autonomie de 30 à 50 % », prévient Julien Provençal, formateur technique à L’atelier branché, à Saint-Hubert. Cette diminution est cependant en partie atténuée par le freinage régénératif, qui permet de récupérer de l’énergie. Plusieurs autres éléments influencent cette autonomie.

L’aérodynamisme de l’objet tracté s’avère un critère majeur. « Quand on tire une charge lourde et haute, offrant une résistance au vent supérieure, la consommation d’énergie augmente, qu’il s’agisse d’un véhicule à essence, hybride ou 100 % électrique », fait remarquer Jesse Caron. Quand ce dernier a remorqué une roulotte de 2 000 lb (907 kg), la consommation d’essence de son Ford F-150 hybride rechargeable est passée de 10 à 18 litres aux 100 kilomètres.

Dominique Nadeau, présidente de Safari Condo, un fabricant de caravanes qui se trouve en Beauce, estime que « 95 % de l’autonomie dépend de l’aérodynamisme ». Ses modèles Alto série A, prévus pour être remorqués par des VE, ont un sous-plancher qui uniformise le dessous – réduisant ainsi les turbulences –, et le climatiseur est installé dans le plancher plutôt que sur le toit.

- Photo : Safari Condo

Une vitesse élevée entraîne une consommation supérieure d’énergie. En roulant à une vitesse modérée, vous pouvez augmenter votre autonomie. Sylvie Lespérance, créatrice de la microroulotte iGoutte, affirme qu’il est possible « d’éviter un arrêt pour recharger en roulant à 90 km/h au lieu de 110 km/h sur le trajet de Saguenay à Québec. »

Les conditions routières et météorologiques peuvent également influer sur l’autonomie du VE. Dans les descentes, le freinage régénératif est un atout, selon Jesse Caron. « Mais réglé au maximum, [ce dispositif] peut provoquer un ralentissement brusque si on relâche l’accélérateur, ce qui est dangereux sur une chaussée glissante, surtout avec une charge lourde », dit-il.

L’art de planifier ses voyages

Un voyage en VE effectué avec une roulotte ne s’improvise pas. « Il est habituellement conseillé de charger la batterie à 80 % maximum pour préserver sa durée de vie. Mais pour un long voyage, il vaut mieux partir avec une charge à 100 % », conseille Sébastien Raîche, directeur général de l’Association des véhicules électriques du Québec.

Pour de très longs trajets, par exemple un voyage jusqu’à Vancouver, Marie-Pier Arpin et Eric Rousseau, les animateurs de la chaîne YouTube Véhicule récréatif en électrique, recommandent de choisir une roulotte aérodynamique et minimaliste, de même qu’un VE compatible avec les réseaux de Superchargeurs Tesla (tels que ceux qui sont offerts par GM, Ford, Nissan, Polestar, Rivian et Volvo). Cela permet d’éviter des arrêts de recharge prolongés.

Des applications existent pour trouver sur votre trajet les bornes compatibles avec votre bolide et leur puissance de recharge, ainsi que leur disponibilité. Par exemple, le planificateur de trajet de l’appli mobile du Circuit électrique permet de calculer de manière réaliste votre autonomie et votre temps de parcours en tenant compte de votre vitesse, du poids de votre remorque chargée, du type de pneus, de l’état de la chaussée et de l’utilisation du chauffage ou de la climatisation. Vous pouvez aussi faire le calcul avec le VE que vous songez à vous procurer.

« Dès que vous branchez la remorque et précisez via l’ordinateur de bord son poids et d’autres données, certains véhicules peuvent estimer l’autonomie. D’autres vont même jusqu’à détecter automatiquement la remorque et adapter l’autonomie », explique Julien Provençal, de L’atelier branché. Ces fonctionnalités sont courantes dans les modèles conçus pour tracter de lourdes charges, comme le Ford F-150 Lightning, le Rivian R1T, le Kia EV9 ou le Model X de Tesla.

Puisque les stations de recharge ne sont pas toutes prévues pour accueillir un VE muni d’une remorque, il vous faudra parfois détacher cette dernière, ce qui fera augmenter la durée de votre trajet.

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