Attention

Votre navigateur n'est plus à jour et il se peut que notre site ne s'affiche pas correctement sur celui-ci.

Pour une meilleure expérience web, nous vous invitons à mettre à jour votre navigateur.

Vous louez un véhicule? Attention à la valeur résiduelle!

Par Nadine Filion
Vous louez un véhicule? Attention à la valeur résiduelle! max2500/Shutterstock.com

La valeur de l’option d’achat à la fin du bail de location est une variante importante à considérer au moment de louer une automobile, révèle notre analyse.

Une cinquantaine de véhicules analysés
La valeur résiduelle : une bibitte bien mystérieuse
Comment sont déterminées les valeurs résiduelles à la fin des locations ?
Honda Civic et CR-V : mieux vaut les acheter
Des aubaines du côté de Nissan
Kia Forte et Chevrolet Malibu : non merci !
Quelle période de location choisir ?
Rendre le véhicule ou l’acheter à la fin de la location ?

L’une des meilleures définitions de la location d’une automobile revient à Éric Brassard, auteur du livre Finance au volant : « La location est une dette dont le solde n’est pas nul à l’échéance. » 

Ce solde, c’est la valeur de l’option d’achat. Cette valeur résiduelle est fixée par les constructeurs, qui tentent de prédire ce que vaudra tel ou tel modèle dans deux, trois, quatre ou cinq ans. Votre contrat de location l’indique clairement : c’est ce que vous devrez acquitter si, à échéance, vous souhaitez garder le véhicule. Contrairement au prix des véhicules neufs, qui est négociable (et, parfois aussi, le taux d’intérêt), la valeur résiduelle ne l’est pas. 

Bien qu’elle ait ses avantages, la location d’une automobile demeure un couteau à deux tranchants. Oui, ses mensualités sont moins élevées pour un même véhicule qu’à l’achat, donnant l’impression que l’auto coûte moins cher. Mais ce n’est qu’une impression; au terme de la location, vous aurez dépensé beaucoup d’argent pour un véhicule qui ne vous appartient pas.

C’est particulièrement le cas si vous optez pour des modèles dont la valeur résiduelle prévue au contrat est trop pessimiste par rapport au marché et que vous prévoyez remettre l’auto au constructeur. « Voilà qui peut faire une sérieuse différence dans vos paiements », dit Tim Cain, analyste en ventes d’automobiles et fondateur du site internet GoodCarBadCar.net

Une cinquantaine de véhicules analysés

Au début du mois de juillet, nous avons « magasiné » la location d’une cinquantaine de berlines, de VUS et de camionnettes d’à peu près toutes les marques d’entrée de gamme. (Nous avons exclu les marques de luxe.) Ainsi, nous avons pu dégager plusieurs tendances en location d’automobiles au Québec, lesquelles, si vous en tenez compte, pourront vous faire épargner quelques dizaines de dollars par mois – et même jusqu’à 5 000 $ au terme d’une location de 4 ans.

Nous avons magasiné en ligne la location sur des périodes de deux, trois, quatre et cinq ans pour des véhicules de l’année-modèle 2024; nous avons opté pour des variantes à mi-chemin entre celles de base et celles les mieux équipées. Les prix indiqués plus bas incluent tous les frais, comme l’exige la Loi sur la protection du consommateur (mais pas les taxes de vente). Nous avons choisi une allocation de 20 000 km / an, sans versement d’acompte. Lorsque des rabais étaient offerts, nous les avons inclus dans nos calculs.

Notre objectif était de vous guider vers les meilleures aubaines de location. Surprise : nous avons plongé dans un univers obscur où les valeurs des options d’achat à la fin des contrats de location dictées par les constructeurs n’ont souvent rien à voir avec la réalité. Plutôt, elles sont un « outil pour faire “bouger la tôle” », comme les a décrites l’un de nos intervenants du milieu, qui a requis l’anonymat.

Voici donc comment vous familiariser avec cette carte cachée du marketing automobile – pour pouvoir mieux en profiter.

La valeur résiduelle : une bibitte bien mystérieuse

Les valeurs d’options d’achat inscrites aux contrats de location d’automobiles ne reflètent pas toujours les valeurs résiduelles sur le marché de l’occasion. Tous les experts interviewés pour ce reportage nous ont confié que, pour un modèle donné d’une même marque, les valeurs d’options d’achat varient plusieurs fois par année – voire de mois en mois. 

Pire : ces valeurs résiduelles sont parfois dissimulées. En effet, si la majorité des marques mentionnent l’information dans leurs outils de configuration en ligne, certains constructeurs ont choisi de ne pas divulguer ce qu’il vous en coûte pour conserver, à échéance, un véhicule loué. C’est le cas pour Ford, Hyundai, Mazda et Stellantis (Jeep, Ram, Dodge, Chrysler, Fiat et Alfa Romeo).

Nous avons fortement insisté auprès du service de communication de chacun de ces constructeurs afin d’obtenir l’information manquante, mais, exception faite de Mazda, tous les autres porte-parole ont décliné notre requête. 

L’unique façon de découvrir la valeur de l’option d’achat à la fin de la location d’un Hyundai Kona, d’un Ford F-150 ou d’un Jeep Wrangler aurait été d’aller s’asseoir avec un représentant commercial d’un concessionnaire.

Pourtant, connaître cette donnée est essentiel afin de prendre une décision financière éclairée. Car comme le prix de vente du véhicule, le taux d’intérêt et la période du contrat, la valeur de l’option d’achat à la fin du bail influe sur l’ensemble de l’équation.

Le principe est fort simple : 

  • Plus la valeur de l’option d’achat est élevée, moins vous paierez cher la « portion » du véhicule que vous louez. « Lorsque le constructeur augmente la valeur résiduelle d’un modèle, c’est à l’avantage du locataire, qui en paie alors une plus petite partie », explique Tim Cain.
  • À l’opposé, plus la valeur de l’option d’achat est basse, plus vous aurez à verser d’argent pendant la location. En prédisant que tel ou tel modèle vaudra moins que ce qu’il vaudra réellement sur le marché de l’usagé à l’échéance de la location, le constructeur vous fait payer davantage.

Analysons de plus près la location d’un Honda HR-V et d’un Mazda CX-30, deux petits VUS de valeur similaire :

  • Pour une location de quatre ans, c’est le Honda HR-V qui affiche la valeur de l’option d’achat la plus basse du lot (45 % de sa valeur à neuf). À l’opposé, le Mazda CX-30 s’annonce avec la valeur résiduelle la plus élevée (60 %). 
  • Au terme d’une location de 48 mois, le HR-V (variante LX-B AWD) ne vaudra que 15 005 $, prédit son constructeur. Pourtant, les modèles Honda sont parmi ceux qui conservent le mieux leur valeur; aujourd’hui, un HR-V vieux de 4 ans se vend encore entre 20 000 et 23 000 $ sur AutoHebdo.net (région montréalaise). 
  • Au contraire, le CX-30 (variante GS) reflète beaucoup mieux la réalité du marché de l’usagé, avec sa valeur de l’option d’achat de 20 523 $. Ainsi, louer ce Mazda pendant 4 ans vous coûterait 13 389 $, contre 18 378 $ pour le Honda.
  • Il s’agit donc d’une différence de très précisément 4 989 $, qui restent – ou pas – dans vos poches si vous ne prévoyez pas acheter le véhicule à la fin de votre contrat de location. Ou, pour employer le langage familier de la vente d’automobiles, c’est une économie de 76 $ par mois (plus taxes), entre la mensualité du Mazda CX-30 (457 $) et celle du Honda HR-V (533 $).

Et c’est le cas même si le VUS de Mazda est affiché à un taux d’intérêt légèrement plus haut (5,2 % contre 4,99 %) que celui du VUS de Honda. D’ailleurs, à ce sujet, vous avez sans doute déjà remarqué que les intérêts sont, historiquement, plus élevés en location qu’à l’achat avec financement. 

Mais ce que vous n’avez peut-être pas remarqué, et c’est là un aspect peu publicisé de la location d’automobiles : les intérêts courent sur le prix total du véhicule, non pas que sur la portion louée. C’est un peu comme une maison, qu’il faut refinancer à l’échéance du prêt hypothécaire.

Comment sont déterminées les valeurs d’options d’achat ?

Pour obtenir réponse à cette question, nous avons dû promettre l’anonymat à plusieurs des intervenants de l’industrie automobile que nous avons interrogés. Représentants commerciaux, ancien propriétaire de concession, gens du secteur bancaire… Tous n’ont pas souhaité parler à découvert. C’est vous dire à quel point le sujet est sensible. Voici ce qu’ils nous ont révélé.

Les constructeurs automobiles paient les services de firmes d’analyse (Canadian Black Book ou ALG, une division de JD Power) afin d’obtenir leurs prévisions en valeurs résiduelles. Mais rien ne les oblige à utiliser ces prévisions. 

« Les constructeurs ont le droit de manipuler les chiffres de la manière qu’ils le souhaitent – et ils le font, dit Yves Varin, un ancien directeur du Canadian Black Book aujourd’hui retraité. Si “ça va mal” [dans les ventes], ils font [l’une de ces] deux choses : ils augmentent la valeur résiduelle [pour diminuer les mensualités] ou ils subventionnent les taux d’intérêt. » 

Un directeur des ventes d’une concession du groupe Stellantis l’a confirmé : « La valeur résiduelle est savamment établie par une équipe d’actuaires selon les tendances du marché futur. À partir de là, une autre équipe du constructeur participe au processus : c’est celle du marketing. Son rôle ? Décider de la “recette” pour en arriver au paiement mensuel voulu – quitte à gonfler la valeur résiduelle, à réduire le taux d’intérêt… ou à faire un mélange des deux. »

Honda Civic et CR-V : mieux vaut les acheter

On s’en doute, les véhicules à la fiabilité légendaire, donc en forte demande, n’ont pas besoin d’être loués au rabais par leurs constructeurs. C’est probablement la raison pour laquelle certains sont affichés à des valeurs d’options d’achat aussi prudentes par rapport à leur valeur marchande prévue à la fin du contrat de location. Ceux-là, mieux vaut les acheter – et les conserver; c’est alors vous qui profiterez de leur longévité, non pas les autres. 

Honda, plus que tout autre constructeur, sous-estime systématiquement ses valeurs résiduelles par rapport aux valeurs marchandes de ses véhicules dans l’usagé. D’ailleurs, notre analyse montre, par rapport à l’ensemble des modèles que nous avons magasinés, que ceux du constructeur japonais sont désavantagés par des valeurs d’options d’achat jusqu’à sept points de pourcentage plus basses que la moyenne.

Conséquence de ces valeurs d’options d’achat si faibles : vous payez 2 450 $ de plus pour la location sur 4 ans d’une Civic et 2 760 $ de plus sur 5 ans pour la location d’un CR-V, soit une surprime mensuelle de 45 à 51 $ par rapport aux moyennes de notre analyse.

Certes, tout cet argent versé en amont est compensé par une plus petite somme à débourser si vous décidez de racheter le véhicule. Mais alors, vous aurez « financé » cette acquisition à des taux d’intérêt moins avantageux que ceux à l’achat.

Devant des mensualités plus élevées que chez la concurrence, Tim Cain, pourtant un locataire de longue date de véhicules Honda, a choisi de louer une Kia. « La marque m’offrait un Kia Telluride qui, après 3 ans, conservait 83 % de sa valeur. Je loue donc un luxueux VUS de 55 000 $ qui, avec les intérêts, ne me coûtera que 5 000 $ par année. »

Des aubaines du côté de Nissan

Il y a parfois de ces véhicules neufs que les constructeurs veulent écouler. Visiblement, au début de l’été, Nissan avait un surplus d’inventaire, « ce qui s’est rarement vu ces dernières années », souligne Tim Cain. 

Par exemple, la Nissan Sentra et le Nissan Rogue s’offraient en location pour deux ans avec des valeurs résiduelles parmi les plus généreuses rencontrées dans notre recherche (72 % pour la berline et 70 % pour le VUS). Qui plus est, ces deux modèles étaient « subventionnés » avec des taux d’intérêt parmi les plus faibles du moment (respectivement 2,49 % et 1,99 %).

Conséquence : à respectivement 371 $ et 567 $ par mois, ces deux Nissan (variantes SV) se seraient stationnés dans votre entrée de garage pendant 2 ans moyennant entre 104 et 170 $ de moins par mois en comparaison à d’autres véhicules loués de même catégorie.

Kia Forte et Chevrolet Malibu : non merci !

Ces véhicules peu populaires ou qui sont en fin de production, les constructeurs ne veulent pas les revoir au terme d’une location. C’était notamment le cas, lorsque nous avons magasiné en début d’été, de la Kia Forte et de la Chevrolet Malibu. Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, les offres de location pour ces deux berlines en voie d’extinction sont tout sauf alléchantes.

D’abord, leurs valeurs résiduelles sont parmi les plus pessimistes observées au cours de notre étude : 37 % pour la Forte après 5 ans et, pire encore, 34 % pour la Malibu après seulement 4 ans. Puis, les taux d’intérêt sont parmi les plus élevés (8,49 % pour la Forte et 9,5 % pour la Malibu). 

Conséquence : si vous aviez loué une Kia Forte pour cinq ans ou une Chevrolet Malibu pour quatre ans, vos mensualités auraient pratiquement totalisé le prix de la voiture. Pourtant, pour la racheter, il vous aurait encore fallu allonger 9 400 $ (pour la Kia) ou 11 900 $ (pour la Chevrolet) !

Quelle période de location choisir ? 

La grande question : louer sur deux, trois, quatre ou cinq ans ? « Pour des raisons évidentes, jamais plus longtemps que la garantie complète (pare-choc à pare-choc) du véhicule, dit Yves Varin. On parle donc généralement de 48 mois, mais chez Hyundai, 60 mois pourraient avoir du sens, puisque ça demeure dans la période couverte par la garantie. »

« Cela dit, ajoute l’ancien directeur de Canadian Black Book, si vous aimez les écrans et les gadgets dernier cri, ce n’est alors pas un véhicule, c’est de la technologie embarquée que vous louez. Et comme la technologie évolue rapidement, envisagez au maximum une location de 36 mois. »

L’Association pour la protection des automobilistes (APA) aborde la question différemment. Pour les marques de prestige des constructeurs allemands, la meilleure affaire s’avère habituellement la location de 36 ou 39 mois. Pour les marques de masse, la meilleure période est habituellement de 48 mois (même lorsque la garantie complète se limite à 3 ans) ou de 36 mois (c’est le cas chez Nissan en raison de la dépréciation rapide de ses véhicules). L’APA déconseille en général la location de 60 mois, car la réduction des paiements, comparée à la location de 48 mois, est trop petite pour compenser l’achat presque certain de quatre pneus, voire huit, et une réfection des freins à prévoir dans la dernière année d’une location 60 mois. 

Dans tous les cas, comparez bien les offres. La Nissan Sentra dont on vous parlait précédemment et qui constituait une superaubaine en location sur deux ans ? Elle perd tout son attrait sur une période de cinq ans, en raison d’une valeur résiduelle qui plonge et d’un taux d’intérêt qui double. À un dollar près, la petite berline demande, pendant 60 mois, la même mensualité (372 $) que pour une location sur 24 mois – du rarement vu en location d’automobiles.

Ajoutez une corde à votre arc en visitant plusieurs concessionnaires. « Les rencontres avec les représentants commerciaux peuvent déboucher sur des possibilités que vous n’auriez pas obtenues sur Internet », dit Tim Cain. 

Ce faisant, faites-vous imprimer et remettre la feuille de transaction afin de pouvoir comparer, noir sur blanc, les valeurs, les taux, les périodes de location, les frais et les mensualités. Ce document vous permettra de bien comprendre l’offre du concessionnaire – et de bien négocier. Un conseil de l’APA : si le représentant commercial affirme ne pas être capable de vous remettre une copie sans obtenir votre signature, proposez-lui de prendre une photo de son écran ou de la page s’il l’a fait imprimer. 

Rendre le véhicule ou le racheter à la fin de la location ?

Si votre location se termine bientôt, prenez un moment pour en retrouver le contrat et y vérifier la valeur de l’option d’achat. Puis, faites le tour des petites annonces d’autos usagées à vendre.

Les prix pour un modèle de même année, de même niveau d’équipements et de même kilométrage sont plus élevés que la valeur de l’option d’achat figurant à votre contrat ? Ne laissez pas ce profit disparaître dans les poches des autres ! Si vous pensez rendre l’auto, n’hésitez pas à demander à votre concessionnaire de vous offrir une compensation intéressante. Vous pourriez aussi la racheter pour la conserver, la revendre vous-même ou la proposer en échange à un autre concessionnaire. 

Sachez que l’APA a des ententes avec deux commerçants d’occasion afin d’évaluer les véhicules à l’échéance de leur location. Ils peuvent racheter le véhicule et offrir un chèque au locataire pour la valeur excédentaire par rapport à la valeur inscrite au contrat. Si la valeur de l’option d’achat est bien inférieure à la valeur du marché, c’est évidemment plus avantageux de procéder ainsi que de remettre son auto au concessionnaire sans rien recevoir. 

À lire aussi : Devriez-vous louer ou acheter une voiture ?Achat ou location d’une voiture : les pièges à éviter et Fin de bail de location à long terme : du temps pour faire réparer le véhicule

  Ajouter un commentaire

L'envoi de commentaires est un privilège réservé à nos abonnés.

Il n'y a pas de commentaires, soyez le premier à commenter.