Lorsque j’ai acheté ma voiture il y a quelques années, le modèle que je convoitais était un peu trop cher pour mon budget. À l’aide du calculateur sur le site du concessionnaire, j’ai tout de même effectué quelques simulations avec des paiements étalés sur un plus grand nombre d’années. J’admets qu’avec une échéance sur sept ans, à première vue, cela semblait fonctionner... Mais je me suis finalement ravisée et j’ai rabattu mes exigences sur un modèle moins onéreux, qui, lui, cadrait dans mon plan de match sur quatre ans. Loin d’avoir regretté cet achat, je me félicite régulièrement depuis de ne pas avoir fait des choix qui auraient pu me placer dans une mauvaise position financière.
Des erreurs coûteuses
Il faut dire que les vendeurs d’automobiles sont très astucieux lorsque vient le temps de nous vendre leurs produits. Par exemple, ils mettent de l’avant les paiements hebdomadaires, et non pas mensuels, pour que la pilule nous semble plus facile à avaler. Étaler le paiement sur six, sept, voire huit ans, fait partie de leur arsenal d’arguments. Résultat : au terme du prêt, la valeur de notre bolide ne représente plus qu’une fraction du montant payé. De plus, si on doit changer de voiture avant le terme, la dette encore due est plus élevée que la valeur du véhicule. On crée dès lors une « balloune » en transférant le solde impayé du prêt vers celui accordé pour notre nouvel achat.
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Julie Brissette, conseillère budgétaire à l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) de l’Est de Montréal, souligne que, dans le cadre de ses consultations, elle rencontre de plus en plus de gens qui ont pris de mauvaises décisions lors de l’achat d’un véhicule neuf ou usagé. « Si on n’est pas en mesure de payer sa voiture en cinq ans, on devrait reporter cet achat ou opter pour un modèle plus économique », recommande-t-elle. Elle met aussi en garde contre les « deuxièmes ou troisièmes chances au crédit », qui permettent d’acquérir un véhicule certes, mais avec des taux d’intérêt pouvant grimper jusqu’à 30 %. Elle constate également que les acheteurs prennent rarement le temps de lire le contrat d’achat ou de location, ce qui peut occasionner bien des mauvaises surprises par la suite.
Autre piège à éviter : acquérir les produits d’assurance offerts par le concessionnaire, souvent beaucoup plus chers et pas nécessairement meilleurs que ceux que l’on pourrait trouver ailleurs. « L’assurance de remplacement, par exemple, peut coûter 550 $ de plus chez un concessionnaire, selon l’Autorité des marchés financiers. Prenez le temps de magasiner avec un courtier ou directement auprès d’un assureur », conseille Julie Brissette. Les garanties prolongées ― antirouille, protection contre l’usure, etc. – sont également très coûteuses sans nécessairement être utiles.
En ce qui concerne un véhicule d’occasion, la conseillère budgétaire mentionne une autre erreur courante : celle de ne pas le faire inspecter par un mécanicien indépendant avant l’achat. Ce montant d’environ 150 $ serait pourtant bien investi et permettrait de détecter des problèmes qui pourraient engendrer des milliers de dollars en réparation.
L’engouement marqué pour les VUS a aussi un prix. Selon un rapport synthèse d’Équiterre, un camion léger se vendrait en effet en moyenne 10 000 $ de plus qu’une voiture standard. En a-t-on vraiment besoin ? Sans parler des retombées environnementales…
Combien ça coûte vraiment ?
Mais la problématique la plus répandue est de ne pas savoir évaluer le coût réel de l’utilisation d’un véhicule. « Au-delà du prix d’achat, on devrait ajouter l’assurance, les frais d’immatriculation, le carburant, l’entretien et les réparations. Ensuite, il faudrait se poser la question de savoir si on a réellement les moyens d’absorber ces montants dans son budget », poursuit la spécialiste. À cet égard, le calculateur des coûts d’utilisation d’une automobile sur le site de CAA-Québec donne une idée assez juste du montant annuel que cela peut représenter. Pour ma part, j’ai été surprise de constater que ma voiture me revenait à environ 6 000 $ par an, une somme bien supérieure à ce que je pensais. La conseillère budgétaire suggère aussi de demander une soumission à son assureur avant d’acquérir le véhicule convoité.
Vous aimeriez en savoir plus et découvrir quels sont les autres pièges à déjouer ? L’ACEF de l’Est de Montréal offrira gratuitement cet automne l’atelier Comment acheter une voiture sans la regretter. On peut s’inscrire ici.
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