Devriez-vous louer ou acheter une voiture ?
Taux d’intérêt élevés, longs délais de livraison… il est difficile de se procurer un véhicule neuf par les temps qui courent. Voici ce que vous devez considérer si vous hésitez entre l’achat comptant, l’achat avec financement et la location à long terme d’un véhicule neuf.
Se procurer une voiture neuve met à l’épreuve le budget et la patience de bien des gens par les temps qui courent. La hausse fulgurante des taux d’intérêt rend les prêts plus coûteux, sans compter que l’offre de plusieurs véhicules est limitée, tout particulièrement pour les modèles électriques ou hybrides rechargeables. Résultat : même si la situation s’est améliorée, vous devrez dans certains cas attendre plus de six mois pour obtenir la berline ou le véhicule utilitaire sport de vos rêves. Votre pouvoir de négociation auprès du concessionnaire sera quant à lui presque réduit à néant tellement la demande est forte.
En outre, les ruptures de stock ont déstabilisé le marché de l’automobile au cours des dernières années, de sorte que le prix des véhicules d’occasion a lui aussi fortement augmenté. Certains modèles d’occasion se vendent même plus cher que le prix de détail suggéré par le fabricant, ce qui peut rendre l’option du véhicule neuf attrayante.
Il reste cependant la question financière de base qui se pose : vaut-il mieux acheter un véhicule neuf ou le louer à long terme ? Si votre cœur – et votre portefeuille – balance, voici 10 éléments à considérer avant d’apposer votre signature au bas d’un contrat.
1. Les besoins à combler
Gardez en tête que l’achat avec financement et la location à long terme sont deux formes d’emprunt. Avec l’achat financé, vous obtenez un prêt qui correspond à la valeur du véhicule et vous versez graduellement du capital et des intérêts, jusqu’à ce que le véhicule soit entièrement payé et vous appartienne. Dans le cas de la location, le prêt équivaut au prix du véhicule neuf, duquel est soustraite la valeur résiduelle (ce que vaudra le véhicule après le terme de la location). Les mensualités sont calculées en divisant le montant du prêt par le nombre de mois du terme et en y ajoutant les intérêts ainsi que les taxes.
Vous devez donc vous demander ce qui correspond le mieux à vos besoins et vos priorités. Vous voulez payer le moins cher possible par mois, ne pas avoir à gérer une auto vieillissante et changer fréquemment de véhicule? Avantage location. Vous pensez plutôt garder votre véhicule longtemps, vous savez que vous devrez parcourir de très longues distances et vous craignez d’endommager le véhicule prématurément? Avantage achat.
2. Le type de véhicule convoité
Si vous voulez un véhicule de luxe (Land Rover, BMW, Mercedes, etc.), mieux vaut le louer sans dépasser la garantie du constructeur, qui est généralement de trois ou quatre ans sur le véhicule entier; c’est ce que conseille Jesse Caron, expert automobile à CAA-Québec. « Ces véhicules sont souvent plus capricieux en ce qui concerne l’électronique après un certain temps et coûtent plus cher à réparer », dit-il.
À l’inverse, dans le cas d’un véhicule standard, il est préférable de l’acheter d’un constructeur grand public reconnu pour sa fiabilité, comme Toyota, Mazda ou Honda. « Toutefois, il faut faire attention, parce que ça peut varier d’un modèle à un autre », précise le spécialiste de CAA-Québec. Pour vous aider, consultez différents palmarès annuels, notamment le guide Autos de Protégez-Vous.
3. La durée de possession du véhicule
Avec un terme de 36 ou 48 mois, les réparations à effectuer seront peu nombreuses et généralement couvertes par la garantie du constructeur. Dans le cas des véhicules Mitsubishi, Hyundai ou Kia, le terme de 60 mois est recommandable puisque leur garantie de base est de 5 ans (ou 100 000 kilomètres).
« Si vous économisez quelques dollars par mois en faisant passer votre location de 48 à 60 mois, mais que la dernière année du bail, vous devez changer les pneus et les freins, les coûts d’entretien risquent de dépasser les économies sur les mensualités », soulève le président de l’Association pour la protection des automobilistes (APA), George Iny.
Dans le cas de l’achat avec financement, Jesse Caron recommande de ne pas dépasser cinq ans, à la fois parce que, en règle générale, plus le terme est long, plus le taux d’intérêt offert est élevé, mais aussi parce que le risque de surendettement augmente. Si vous décidez de changer de véhicule après deux ans et que le solde à payer sur votre véhicule est supérieur à sa valeur, vous serez en situation d’équité négative.
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4. La valeur résiduelle (ou valeur de rachat)
La valeur résiduelle est déterminée dans le contrat de location. Dans le marché des véhicules d’occasion actuel, les clients qui ont loué un véhicule il y a quelques années ont tout intérêt à le racheter, étant donné que la valeur résiduelle est généralement inférieure au prix qu’ils peuvent obtenir à l’intérieur de ce marché.
Les valeurs résiduelles ont cependant augmenté depuis, comme l’a constaté George Iny, parce que les constructeurs s’attendent à ce que la demande pour les véhicules d’occasion demeure forte quelques années. Si vous signez un contrat de location aujourd’hui et que vous espérez racheter votre véhicule, vous devez donc vous demander comment la valeur résiduelle inscrite au contrat se comparera à la valeur marchande de votre véhicule à la fin de votre terme.
5. L’utilisation du véhicule
Lors d’une location, certains vendeurs proposent des mensualités plus abordables en réduisant le nombre de kilomètres que vous pouvez parcourir par année (un exemple : 16 000 km plutôt que 20 000 km). Attention : cela pourrait vous coûter cher si vous dépassez cette limite; généralement entre 8 et 20 cents par kilomètre excédentaire selon le modèle, comme l’indique George Iny. Par exemple, si vous parcourez 10 000 km de plus que prévu durant la location et que les kilomètres excédentaires sont facturés 20 cents, vous devrez débourser 2 000 $ à la remise du véhicule. « L’idéal, c’est d’estimer le kilométrage de façon réaliste et de payer à l’avance pour les kilomètres que vous prévoyez parcourir », dit-il.
Pour ce qui est de l’usure, rappelez-vous que le concessionnaire peut vous imposer des frais si le véhicule que vous retournez est usé de manière excessive ou anormale (pare-brise fissuré, bosse de grande taille, etc.). Quelques mois avant la fin de la location, faites inspecter votre véhicule dans un garage indépendant et comparez son évaluation des dommages à celle que réalise le concessionnaire. « Vous pouvez ensuite faire réparer le véhicule où vous le voulez », affirme Jesse Caron. « Généralement, quand vous demandez l’avis d’un spécialiste indépendant, il y a moyen de réduire les coûts de la moitié ou des deux tiers », indique de son côté George Iny. Le concessionnaire peut par exemple vous demander de remplacer le pare-brise ou le pare-chocs en entier, alors qu’une simple réparation ferait l’affaire.
6. La couverture des assurances
En cas de perte totale, l’histoire sera différente si vous avez financé une location ou un achat. Pour la location, c’est simple : tous les contrats comprennent ce qu’on appelle la garantie d’écart. Cette clause fait en sorte que le concessionnaire sera indemnisé, mais qu’il ne vous réclamera pas le paiement des mensualités restantes. En bref, vous n’aurez rien à payer.
Dans le cas d’un achat financé, si l’indemnité versée par l’assureur est inférieure au solde de votre prêt, vous vous retrouverez à éponger l’écart entre les deux. Un exemple précis : votre prêt s’élève à 50 000 $, mais l’assureur ne rembourse que 40 000 $? Vous aurez alors à payer la différence de 10 000 $. Pour éviter une telle facture salée dans les premières années du prêt, Jesse Caron, de CAA-Québec, vous conseille d’inclure l’avenant « valeur à neuf » à votre contrat d’assurance. En cas de perte totale, la valeur totale de votre prêt sera ainsi couverte. « Vous pouvez arrêter de payer l’avenant quand vous voyez que la valeur marchande du véhicule correspond au solde à payer », dit l’expert.
7. Les risques si vous changez d’idée
À supposer que votre achat soit financé sur une longue période et que vous ayez soudainement envie de changer de véhicule en début de terme, vous vous retrouverez sans doute avec une dette qui excède la valeur du véhicule.
Pour la location, la logique veut habituellement qu’un client qui souhaite changer de véhicule avant la fin de son terme ait à céder son bail ou à payer les mensualités restantes. Néanmoins, avec la pénurie actuelle de véhicules d’occasion, la dynamique est complètement différente : plusieurs concessionnaires non seulement sont prêts à vous laisser changer de véhicule sans vous facturer les mensualités impayées, mais ils vous offrent en plus un montant d’argent pour vous convaincre.
Cela vous arrive justement? Demandez à recevoir cet argent directement (plutôt que de l’utiliser pour faire diminuer les mensualités d’une nouvelle location), selon les conseils de Jesse Caron. De cette façon, vous ne le perdrez pas si votre bail est interrompu en cas de perte totale.
8. Les taux d’intérêt
Sur papier, la meilleure décision financière consiste à acheter un véhicule comptant, pour éviter de payer des intérêts. Toutefois, est-ce une bonne idée de sortir de l’argent de votre compte d’épargne libre d’impôt pour vous éviter le financement? Réponse de Maxime Lamoureux, planificateur financier à IG Gestion de patrimoine : tout dépend de votre profil d’investisseur. « Il vous faut comparer le taux de rendement espéré de vos placements avec le taux de financement », précise-t-il.
Si le taux d’intérêt à la location du véhicule que vous voulez acheter est de 7 %, cela signifie que vous avez avantage à utiliser l’argent de vos placements pour acheter le véhicule comptant (et éviter ainsi les intérêts), à moins que vous soyez persuadé de réaliser un rendement supérieur à 7 % pendant la durée de votre location. Autrement dit, votre argent sera mieux investi s’il vous permet d’éviter un taux de 7 % que s’il vous offre un rendement de 5 %, par exemple.
Cela dit, comme le souligne Maxime Lamoureux, ce choix peut aussi être influencé par d’autres facteurs, dont la situation familiale. Un couple avec deux enfants pourrait par exemple avoir intérêt à obtenir un prêt pour son véhicule, ce qui lui permettrait d’investir son argent dans un régime enregistré d’épargne-études (et toucher les subventions gouvernementales de 30 %) ou dans un régime enregistré d’épargne-retraite (et bonifier ses allocations familiales).
Le fait de verser un dépôt de garantie – que le concessionnaire peut utiliser en cas de retard de paiement – permet par ailleurs de faire diminuer le taux d’intérêt d’une location (et non le montant sur lequel sont calculés les intérêts), ce qui peut se révéler « très avantageux », ajoute le planificateur financier.
9. Le cas particulier des véhicules électriques
Vous maximiserez la subvention associée à votre véhicule électrique ou hybride branchable en l’achetant ou en le louant pendant au moins quatre ans. Une location plus courte – mais d’au moins un an – vous donnera droit à une subvention réduite.
Pour le reste, le président-directeur général de Mobilité électrique Canada, Daniel Breton, ne croit pas que la location des véhicules électriques soit à privilégier à tout prix, comme cela a été le cas pour certains modèles à l’époque où leur autonomie était très réduite. « De nos jours, les véhicules électriques neufs ont une autonomie qui varie entre 400 et 500 km. Dans cinq ans, l’évolution des technologies ne les rendra pas désuets », fait-il valoir.
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10. La négociation
« C’est rare, mais ça existe encore », affirme Jesse Caron. Certains constructeurs peuvent offrir un rabais dans le cas d’un achat comptant, mais vos chances de succès seront meilleures en négociant des accessoires plutôt qu’en tentant de faire baisser le prix affiché. « La marge est très mince, parce que si vous ne prenez pas le véhicule, le prochain en file va le prendre », résume-t-il.
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