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Achat d’une voiture neuve : un bon moment pour plonger?

Par Éric LeFrançois
Andrew Angelov, antlexx, iam2mai/Shutterstock.com

Face à des délais de livraison qui s’étirent, nombreux sont ceux qui voient l’achat d’un véhicule comme un défi à relever. Est-ce opportun ou non de vous aventurer dans un tel achat maintenant?

De nos jours, acheter un véhicule peut être vécu comme une malédiction. Il y a d’abord eu la pandémie, puis la pénurie de semi-conducteurs. À cela se greffe la guerre en Ukraine, la hausse des taux d’intérêt et, enfin, un autre élément non négligeable : l’objectif de mettre fin à notre dépendance aux énergies fossiles.  

Cependant, le contexte vécu par le secteur automobile apparaît plus difficile qu’il l’est en réalité. Profitant d’un déséquilibre favorable entre l’offre et la demande, l’industrie a su dicter ses prix; à la hausse, bien sûr. Par conséquent, les constructeurs vendent moins de véhicules, mais ils gagnent beaucoup plus d’argent. Curieux paradoxe! 

Dans quelle mesure ce contexte particulier vous affecte-t-il comme acheteur? En réaction aux problèmes d’approvisionnement, vous n’avez pas le choix de faire preuve de patience et de « prendre un numéro ». Vous devez aussi être mieux informé sur vos droits et obligations, et connaître les règles du jeu de cette industrie qui multiplie les stratagèmes pour soulager encore davantage votre portefeuille. 

Dans l’état actuel des choses, il vaut mieux repousser de quelques mois l’achat d’un véhicule neuf ou d’occasion. Vous louez votre voiture? Alors, pourquoi ne pas en devenir propriétaire? À la condition, bien entendu, qu’elle corresponde toujours à vos besoins. Ce faisant, les frais liés au financement et à l’assurance pèseront moins lourd dans votre budget.

Un autre facteur à considérer : en conservant votre auto actuelle, vous posez un geste en faveur de l’environnement en évitant la fabrication d’un autre véhicule, même s’il fonctionne à batterie. 

Prenez un numéro

Stephen Beatty, vice-président et secrétaire général de Toyota Canada, ne révèle jamais la quantité de modèles qu’il y a en stock. En revanche, il y va de ce conseil : « Si quelqu’un a un quelconque intérêt pour nos produits, je lui recommanderais de le faire savoir immédiatement à son concessionnaire. »

Voilà exactement ce que Danielle (prénom fictif) a fait. Son nom figure actuellement sur la liste d’attente de deux concessionnaires Hyundai (pour l’Ioniq 5), d’un Nissan (pour l’Ariya) et d’un Volkswagen (pour l’ID.4). Elle n’est pas la seule à agir ainsi : sans le savoir, les commerçants noircissent leur carnet de commandes de noms déjà inscrits ailleurs. Il s’agit d’une pratique courante, selon plusieurs acteurs de l’industrie. 

« Pour chacun d’eux, j’ai déposé les 500 $ ou les 1 000 $ exigés pour acquérir l’un de ces modèles », raconte Danielle. Le délai de livraison? « Je n’en sais trop rien », dit-elle. Deux ans, peut-être même davantage… Aucun concessionnaire n’ose avancer une date définitive. Et pour cause : ces véhicules n’ont pas encore vu le jour.

Attention, toutefois : il ne faut pas confondre simple dépôt de réservation et précommande, laquelle implique le versement d’un acompte. « Si le client précommande son véhicule, il verse un dépôt et nous autorise à prendre certains renseignements, dont une copie de son permis de conduire. Une fois finalisée, cette précommande est acheminée au constructeur, qui confirmera ensuite la réception et la réservation du véhicule », explique Aida Galuppo, représentante commerciale à Nissan Gabriel.

« Un dépôt de réservation n’a aucune valeur juridique tant que le numéro d’identification du véhicule (NIV) et son prix ne sont pas précisés dans le document, spécifie Charles Tanguay, porte-parole de l’Office de la protection du consommateur (OPC). Il ne s’agit pas d’un contrat de vente ou de location, mais bien d’une promesse d’achat, dont le consommateur peut se dédire sans frais ni pénalités. En revanche, le vendeur, lui, est tenu de respecter sa promesse de vente (année-modèle, prix, délai de livraison). »

Reprenons dans l’ordre

Le fait de manifester votre intérêt auprès d’un concessionnaire et de lui verser un dépôt pour figurer sur une liste d’attente apparaît aujourd’hui comme la seule marche à suivre. Cela dit, pour éviter toute situation fâcheuse, lisez bien le document qu’on vous proposera de signer. Certains d’entre eux peuvent contenir des clauses abusives, par exemple des frais d’administration prélevés à même l’acompte en cas de désistement de votre part.

Notez cependant que si ledit document ne comporte ni le NIV ni le prix final de la transaction, il ne s’agit pas d’un contrat de vente. Vous êtes alors plutôt en présence d’une déclaration d’intention à laquelle vous pourrez vous soustraire – surtout si, comme Danielle, vous avez plusieurs véhicules dans la mire – tout en récupérant votre dépôt.

Charles Tanguay met toutefois les gens en garde : « Le concessionnaire pourrait réclamer au consommateur les dommages réels que son désistement lui occasionne. Cependant, comme il pourra trouver facilement un autre acheteur – et peut-être même lui vendre le véhicule à un prix plus élevé que celui convenu avec le client qui se désiste –, soutenir devant un tribunal qu’il a subi des dommages à la suite du remboursement du dépôt pourrait s’avérer difficile. D’ailleurs, toute clause dans une telle entente qui prévoirait des frais prévus en cas de récupération du dépôt serait illégale, car contraire à l’article 13 de la Loi sur la protection du consommateur (LPC). »

Dès lors, veillez à signer le contrat de vente seulement lorsque toutes les informations (NIV, prix, date de livraison limite, mode de financement privilégié) sont colligées. La livraison tarde ou le véhicule diffère de ce qui était prévu (version, accessoires, caractéristiques, etc.)? Vous avez le privilège de refuser l’offre ou encore de réclamer des dommages.

Est-ce bien ce que vous cherchez? 

En raison des coûts élevés et de la disponibilité réduite de certaines matières premières, les usines automobiles tournent au ralenti. C’est pourquoi les constructeurs privilégient les modèles les plus chers, à forte marge bénéficiaire. Et puisque les livraisons ne suivent déjà pas les bons de commande, ils n’ont aucune raison d’accorder de rabais. Ainsi, le client en quête d’un modèle d’entrée de gamme risque d’attendre beaucoup plus longtemps que celui qui cherche une voiture plus luxueuse. La leçon à retenir ici : le concessionnaire et son client proposent, tandis que le constructeur dispose.

Dans le contexte actuel, certains acheteurs ont tendance à multiplier les dépôts de réservation. Cette situation peut s’observer tout particulièrement avec les véhicules électriques : craignant la fin des remises gouvernementales, plusieurs personnes ne prennent pas le temps de se demander si leur future acquisition correspond réellement à leurs besoins et à leur budget.

Pourquoi? Souvent parce que comme ces véhicules ne sont pas visibles dans les salles d’exposition, les gens ne sont pas en mesure de les examiner et d’en faire l’essai. D’ailleurs, pareille démarche tend à disparaître en cette ère numérique où plusieurs personnes achètent une automobile de la même manière qu’elles se procurent un téléviseur : sans l’essayer, et parfois même sans voir le produit. 

Par chance, vous pouvez explorer d’autres avenues. Par exemple, les salons automobiles proposent depuis quelques années déjà des « essais routiers ». L’ennui est que ces derniers se déroulent sur un parcours trop court – et à vitesse trop basse – pour que vous puissiez poser un jugement valable sur un véhicule.

Mieux vaut alors emprunter d’autres voies, comme le service d’autopartage Communauto, la plateforme de location entre particuliers Turo, le programme de jumelage de l’Association des véhicules électriques (AVEQ) ou les agences de location à court terme. Ces options représentent un bon point de départ pour vous forger une opinion sur un véhicule. Consultez aussi la presse automobile et d’actuels propriétaires de voitures qui vous intéressent par le biais des médias sociaux. Voyez également le guide annuel Autos neuves et d’occasion de Protégez-Vous.  

Certains consommateurs ne reculent devant rien pour être les premiers servis et retiennent même les services d’un courtier, à qui les concessionnaires ne font pourtant pas de cadeau. D’ailleurs, le site web spécialisé Automatix a récemment interrompu ses services. En ligne, on peut lire : « Les conditions du marché ayant changé drastiquement […], le service Automatix n'est plus d’utilité pour négocier le prix d’un véhicule neuf. »

Pour recevoir votre voiture plus vite

« Si un consommateur souhaite augmenter ses chances de livraison, il a intérêt à proposer un véhicule en échange », confirme le directeur commercial d’un concessionnaire automobile du Grand Montréal qui désire garder l’anonymat. Ainsi, dans le cadre d’une transaction récente, le montant résiduel au terme du contrat d’une location à long terme était de 10 495 $, alors que sa valeur marchande réelle était de 18 000 $, selon ses explications.

« Dans ce cas précis, nous avons versé 3 000 $ au client et engrangé de notre côté un profit net de près de 5 000 $ », ajoute-t-il. Si vous avez envie d’empocher des gains de ce type en ayant recours à une vente d’accommodement – par laquelle l’acheteur d'un nouveau véhicule vend sa voiture actuelle à un acheteur de son choix par l’entremise du concessionnaire –, sachez que plusieurs concessionnaires refusent ce genre de transaction. En revanche, rien ne vous empêche de tester le marché en visitant d’autres dépositaires pour obtenir une « indemnisation » plus généreuse. 

Toujours dans l’idée de recevoir votre voiture plus rapidement, mieux vaut accepter de financer votre acquisition auprès du concessionnaire ou d’opter pour la location. Après tout, il s’agit là de deux sources de revenus additionnels pour le détaillant. Toutefois, les chances de recevoir gratuitement des tapis protecteurs ou d’autres accessoires à l’achat ou à la location sont à peu près nulles; à plus forte raison si vous refusez l’ensemble des protections offertes (assurance de remplacement, entretien prépayé, etc.) au moment de finaliser le contrat.

Cela dit, contre-vérifiez toutes les informations qui y sont inscrites, pour vous assurer que le prix de la transaction est détaillé. Vous pourrez ainsi surveiller si certains accessoires ou services fournis par le concessionnaire s’y sont subtilement immiscés (un scellant à peinture, par exemple). Confirmez tous les prix unitaires; configurer les paramètres d’un véhicule équivalent sur le site internet du constructeur représente une bonne idée pour vous en assurer.    

Dans l’état actuel des choses, les exemples de consommateurs qui retardent leur achat (voire qui y renoncent) se multiplient. « Nous avions 147 personnes intéressées par notre nouvelle Ariya, fait valoir Aida Galuppo, de Nissan Gabriel. Nous les avons contactés un à un et plusieurs nous ont indiqué qu’ils voulaient attendre ou changer de modèle. » 

Dans moins d’un an, croit-on, la situation devrait revenir à la normale. 

À lire aussi : Notre guide d’achat de véhicules électriquesNotre palmarès des meilleurs concessionnaires autos et Sept litiges qui se sont retrouvés aux petites créances

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  • Par Guillaume P
    18 Août 2023

    Je ne comprend pas l'argument qu'on entend souvent et qui dit qu'en conservant notre auto actuelle, on pose un geste en faveur de l’environnement en évitant la fabrication d’un autre véhicule. Ce serait vrai si j'envoyais mon auto à la casse, ce qui n'est pas le cas. En la revendant à quelqu'un ou en la laissant au concessionnaire, elle continue d'être utilisée plusieurs années par le nouvel acheteur, comme j'aurais fait en la conservant.