Dette étudiante: y échapperez-vous?

Aux &Eacute;tats-Unis, un &eacute;tudiant s&rsquo;endette en moyenne d&rsquo;environ 37&thinsp;000&thinsp;$&thinsp;US pour d&eacute;crocher un dipl&ocirc;me universitaire. En 2016, selon la R&eacute;serve f&eacute;d&eacute;rale de New York, la dette &eacute;tudiante globale s&rsquo;&eacute;levait &agrave; 1 260&#8239;milliards de dollars US, soit plus que le total des pr&ecirc;ts auto contract&eacute;s dans ce pays&thinsp;!Au Canada, selon la F&eacute;d&eacute;ration canadienne des &eacute;tudiantes et &eacute;tudiants (FC&Eacute;&Eacute;), l&rsquo;endettement &eacute;tudiant atteignait 28&#8239;milliards de dollars en 2012. &laquo;&thinsp;La dette moyenne est de 28&thinsp;000&#8239;$ pour un &eacute;tudiant de premier cycle universitaire, et un dipl&ocirc;m&eacute; met en moyenne 10 ans pour la rembourser&thinsp;&raquo;, affirme Anne-Marie Roy, vice-pr&eacute;sidente de la FC&Eacute;&Eacute;.Une enqu&ecirc;te de la banque CIBC parue en 2014 r&eacute;v&eacute;lait qu&rsquo;un &eacute;tudiant sur deux avait d&eacute;j&agrave; emprunt&eacute; de l&rsquo;argent ou pr&eacute;voyait le faire pour payer ses &eacute;tudes et ses frais de subsistance. L&rsquo;enqu&ecirc;te rapportait aussi que 73&thinsp;% des &eacute;tudiants canadiens s&rsquo;attendaient &agrave; devoir rembourser plus de 10&thinsp;000&#8239;$ &agrave; l&rsquo;issue de leur formation.Qu&rsquo;en est-il dans la r&eacute;alit&eacute;&#8202;?Les &eacute;tudiants du Qu&eacute;bec s&rsquo;en tirent relativement bien, avec une dette moyenne d&rsquo;environ 15&thinsp;000&#8239;$ pour un bachelier, soit 13&thinsp;000&#8239;$ de moins qu&rsquo;ailleurs au pays. Philippe Hurteau, politologue &agrave; l&rsquo;Institut de recherche et d&rsquo;informations socio&eacute;conomiques (IRIS) et auteur de l&rsquo;&eacute;tude Le gouvernement du Qu&eacute;bec devrait-il pr&ecirc;ter lui-m&ecirc;me de l&rsquo;argent aux &eacute;tudiant-e-s&thinsp;?, voit deux raisons &agrave; une telle situation. D&rsquo;une part, les droits de scolarit&eacute; sont plus bas ici qu&rsquo;ailleurs au pays&thinsp;: pour 2016-2017, un &eacute;tudiant de premier cycle d&eacute;bourse en moyenne 2&thinsp;851&#8239;$ par an, comparativement &agrave; 6&thinsp;373&#8239;$ dans les autres provinces canadiennes, rapporte Statistique Canada. D&rsquo;autre part, se loger est plus abordable au Qu&eacute;bec qu&rsquo;&agrave; Toronto ou Vancouver, par exemple, ce qui r&eacute;duit les frais de subsistance et, du m&ecirc;me coup, le recours &agrave; l&rsquo;endettement.Les Qu&eacute;b&eacute;cois s&rsquo;endettent donc moins que les autres Canadiens pour &eacute;tudier. En revanche, leur capacit&eacute; de remboursement est plus limit&eacute;e une fois sur le march&eacute; du travail, souligne Sylvain Lafreni&egrave;re, conseiller budg&eacute;taire &agrave; l&rsquo;ACEF du Nord de Montr&eacute;al&thinsp;: &laquo;&thinsp;Comme les salaires sont g&eacute;n&eacute;ralement plus bas ici qu&rsquo;en Ontario ou en Alberta, par exemple, rembourser 200 ou 300&#8239;$ par mois peut &ecirc;tre lourd quand on commence sa vie professionnelle.&thinsp;&raquo;Trois cas v&eacute;cusOlivier28 ansBaccalaur&eacute;at en administration des affaires (concentration finances) &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; du Qu&eacute;bec en Outaouais + certificat en planification financi&egrave;re &agrave; HEC Montr&eacute;alDur&eacute;e des &eacute;tudes&thinsp;: de 2011 &agrave; 2015Financement des &eacute;tudes&thinsp;: programme de pr&ecirc;ts et bourses du gouvernement du Qu&eacute;becMontant des bourses&thinsp;: 1&thinsp;500&#8239;$ par session pour couvrir les frais de scolarit&eacute; et 835&#8239;$ par mois (8 mois par an)Dette d&rsquo;&eacute;tudes&thinsp;: environ 12&thinsp;000&#8239;$Jessica26 ansBaccalaur&eacute;at de philosophie +&#8239;certificat en archivistique &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Montr&eacute;alDur&eacute;e des &eacute;tudes&thinsp;: de 2009 &agrave; 2014Financement des &eacute;tudes&thinsp;: programme de pr&ecirc;ts et bourses du gouvernement du Qu&eacute;bec +&#8239;revenu d&rsquo;emploiMontant des bourses&thinsp;: 1&thinsp;400&#8239;$Dette d&rsquo;&eacute;tudes&thinsp;: 32&thinsp;000&#8239;$Chantal41 ansBaccalaur&eacute;at en psychologie &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; du Qu&eacute;bec &agrave; Trois-Rivi&egrave;resDur&eacute;e des &eacute;tudes&thinsp;: de 1994 &agrave; 2000Financement des &eacute;tudes&thinsp;: programme de pr&ecirc;ts et bourses du gouvernement du Qu&eacute;becMontant des bourses&thinsp;: moins de 3&thinsp;000&#8239;$Dette d&rsquo;&eacute;tudes&thinsp;: 23&thinsp;000&#8239;$Des pr&ecirc;ts et bourses en hausseEn 2013-2014, le programme d&rsquo;Aide financi&egrave;re aux &eacute;tudes (AFE) du gouvernement du Qu&eacute;bec a vers&eacute; des pr&ecirc;ts et bourses &agrave; quelque 170&thinsp;000 &eacute;tudiants, soit moins d&rsquo;un &eacute;tudiant qu&eacute;b&eacute;cois sur trois inscrit au secondaire professionnel, au coll&eacute;gial ou &agrave; l&rsquo;universit&eacute;. L&rsquo;immense majorit&eacute; des b&eacute;n&eacute;ficiaires &ndash; pr&egrave;s de 98&thinsp;% &ndash; ont re&ccedil;u un pr&ecirc;t ou un pr&ecirc;t accompagn&eacute; d&rsquo;une bourse (environ 2&thinsp;% n&rsquo;ont re&ccedil;u qu&rsquo;une bourse).La dette &eacute;tudiante publique canadienne (f&eacute;d&eacute;rale et provinciale) a augment&eacute; de pr&egrave;s de 45&thinsp;% de 1999 &agrave; 2012, rapporte la FC&Eacute;&Eacute;. Dans ce contexte, les &eacute;tudiants qu&eacute;b&eacute;cois ne font pas exception &agrave; la r&egrave;gle.Jessica Audet, 26 ans, le sait trop bien. Bacheli&egrave;re en philosophie et titulaire d&rsquo;un certificat en archivistique depuis 2014, la jeune femme a quitt&eacute; l&rsquo;universit&eacute; avec une dette de 32&thinsp;000&#8239;$ envers le gouvernement. De son c&ocirc;t&eacute;, Chantal (pr&eacute;nom fictif), &eacute;tudiante &agrave; temps plein de 1994 &agrave; 2000, a &eacute;galement d&ucirc; faire une demande d&rsquo;aide financi&egrave;re pour pouvoir mener &agrave; bien ses &eacute;tudes en psychologie. &laquo;&thinsp;M&ecirc;me si je repartais de chez mes parents le dimanche avec le coffre de la voiture plein de nourriture qu&rsquo;ils me donnaient, cela ne payait ni l&rsquo;appartement ni les frais de scolarit&eacute;&thinsp;&raquo;, raconte-t-elle. Au total, son pr&ecirc;t &eacute;tudiant a grimp&eacute; &agrave; 23&thinsp;000&#8239;$.L&rsquo;AFE permet aux &eacute;tudiants dont les ressources financi&egrave;res sont insuffisantes d&rsquo;&eacute;tudier &agrave; temps plein en formation professionnelle, au c&eacute;gep ou &agrave; l&rsquo;universit&eacute;. Le programme d&eacute;termine d&rsquo;abord l&rsquo;admissibilit&eacute; de l&rsquo;&eacute;tudiant selon son profil&thinsp;: programme d&rsquo;&eacute;tudes, revenus, obligations financi&egrave;res (loyer, hypoth&egrave;que, nourriture, transport, etc.). Si l&rsquo;&eacute;tudiant a obtenu moins de 90 cr&eacute;dits universitaires, le revenu de ses parents sera aussi pris en compte dans le calcul de l&rsquo;aide allou&eacute;e. L&rsquo;&eacute;tudiant admissible se fait accorder un pr&ecirc;t garanti par le gouvernement, c&rsquo;est-&agrave;-dire que l&rsquo;&Eacute;tat s&rsquo;en porte garant aupr&egrave;s des institutions financi&egrave;res qui transigent ces emprunts. En 2013-2014, Desjardins d&eacute;tenait plus de la moiti&eacute; des pr&ecirc;ts &eacute;tudiants garantis, pour un total de 2,2&#8239;milliards de dollars.1,1 milliard de dollarsMontant total des pr&ecirc;ts et bourses vers&eacute;s par le gouvernement qu&eacute;b&eacute;cois en 2013-2014, soit une aide moyenne annuelle de 6&thinsp;560&#8239;$ par &eacute;tudiant.Source&thinsp;: Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation et de l&rsquo;Enseignement sup&eacute;rieur du Qu&eacute;bec.Le gouvernement qu&eacute;b&eacute;cois verse les int&eacute;r&ecirc;ts du pr&ecirc;t aux institutions financi&egrave;res durant toute la dur&eacute;e de la formation. Une fois dipl&ocirc;m&eacute;, l&rsquo;&eacute;tudiant dispose d&rsquo;un d&eacute;lai de six mois pour amorcer le remboursement de son pr&ecirc;t, auquel s&rsquo;ajouteront d&eacute;sormais des int&eacute;r&ecirc;ts annuels &ndash; dont le taux varie selon l&rsquo;entente qui a &eacute;t&eacute; conclue avec l&rsquo;&eacute;tablissement financier. La p&eacute;riode maximale de remboursement est g&eacute;n&eacute;ralement de 10 ans et les int&eacute;r&ecirc;ts sont d&eacute;ductibles d&rsquo;imp&ocirc;ts (voyez l&rsquo;encadr&eacute; &laquo;Imp&ocirc;ts: quand il fait bon &ecirc;tre &eacute;tudiant...&raquo;).Si le pr&ecirc;t qu&rsquo;on lui accorde ne suffit pas &agrave; couvrir ses obligations financi&egrave;res, l&rsquo;&eacute;tudiant peut &ecirc;tre admissible &agrave; des bourses (selon ses revenus&thinsp;; s&rsquo;il vit seul, en couple, chez ses parents, etc.). Ce fut le cas pour Olivier Lapointe, 28 ans, qui a quitt&eacute; les bancs d&rsquo;&eacute;cole en 2015 avec une dette de 12&thinsp;000&#8239;$ issue de l&rsquo;AFE. Comme 65&thinsp;% des &eacute;tudiants qui obtiennent de l&rsquo;aide de ce programme (selon les donn&eacute;es du minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation et de l&rsquo;Enseignement sup&eacute;rieur), Olivier a aussi eu droit &agrave; des bourses alors qu&rsquo;il &eacute;tudiait en administration des affaires. Il recevait 835&#8239;$ par mois en bourse, soit environ 7&thinsp;000&#8239;$ par an pour huit mois d&rsquo;&eacute;tudes. C&rsquo;est donc plus de 20&thinsp;000&#8239;$ qu&rsquo;il n&rsquo;a pas eu &agrave; rembourser.Tous les &eacute;tudiants ne b&eacute;n&eacute;ficient pas d&rsquo;un tel coup de pouce. En effet, le tiers (32&thinsp;%) de ceux qui re&ccedil;oivent de l&rsquo;AFE n&rsquo;a droit qu&rsquo;&agrave; des pr&ecirc;ts. Jessica Audet, par exemple, n&rsquo;a obtenu une bourse que pour sa premi&egrave;re ann&eacute;e de baccalaur&eacute;at. &laquo;&thinsp;Pour des raisons familiales, j&rsquo;ai d&ucirc; trouver un emploi pendant mes &eacute;tudes. Comme je travaillais une trentaine d&rsquo;heures par semaine, j&rsquo;ai perdu droit &agrave; ma bourse&thinsp;&raquo;, raconte-t-elle. &laquo;&thinsp;Le fardeau financier que repr&eacute;sente la dette modifie le parcours de vie des gens. Une personne endett&eacute;e peut retarder d&rsquo;autres projets, comme l&rsquo;achat d&rsquo;une propri&eacute;t&eacute;, ou &ecirc;tre tent&eacute;e d&rsquo;accepter un emploi plus ou moins int&eacute;ressant afin de pouvoir rembourser son d&ucirc;.&thinsp;&raquo; Philippe Hurteau, politologue &agrave; l&rsquo;Institut de recherche et d&rsquo;informations socio&eacute;conomiques (IRIS)La marge de cr&eacute;dit&#8202;: un pensez-y bienOutre les traditionnels pr&ecirc;ts et bourses, d&rsquo;autres options s&rsquo;offrent d&eacute;sormais aux &eacute;tudiants qui sont &agrave; la recherche de liquidit&eacute;s pour payer leurs droits de scolarit&eacute; et leurs frais de subsistance. C&rsquo;est le cas des marges de cr&eacute;dit propos&eacute;es &agrave; ceux dont le programme d&rsquo;&eacute;tudes promet de belles perspectives d&rsquo;emploi et de r&eacute;mun&eacute;ration &ndash; droit, m&eacute;decine, actuariat, etc. Ce type de marge offre des taux d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t avantageux, soit autour de 3&thinsp;% (comparativement &agrave; environ 8&thinsp;% pour une marge de cr&eacute;dit &laquo; ordinaire &raquo;). &laquo;&thinsp;La limite de la marge est &eacute;tablie en fonction du profil de l&rsquo;&eacute;tudiant, du co&ucirc;t de son programme d&rsquo;&eacute;tudes et de son co&ucirc;t de vie&thinsp;&raquo;, explique Julie Pombert, directrice des Programmes financiers et groupes d&rsquo;affinit&eacute; &agrave; la Banque Nationale. L&rsquo;&eacute;tudiant &ndash; qui n&rsquo;a aucun capital &agrave; rembourser avant la fin de ses &eacute;tudes &ndash; doit toutefois s&rsquo;acquitter des int&eacute;r&ecirc;ts tous les mois.Mais avant de proposer ce type de produit, &laquo;&thinsp;nous faisons la promotion de l&rsquo;aide financi&egrave;re du gouvernement, pr&eacute;cise Andr&eacute; Preston, directeur du Centre de services aux &eacute;tudiants du Mouvement Desjardins. Une bonne partie des jeunes qui font affaire avec nous b&eacute;n&eacute;ficient donc aussi du programme des pr&ecirc;ts et bourses&thinsp;&raquo;.Le probl&egrave;me avec ce type de marge de cr&eacute;dit, c&rsquo;est que son fonctionnement n&rsquo;est pas toujours bien compris, constate Sylvain Lafreni&egrave;re. &laquo;&thinsp;Les &eacute;tudiants pigent dedans comme s&rsquo;il s&rsquo;agissait de liquidit&eacute;s. Or, le suivi des retraits est moins facile &agrave; faire qu&rsquo;avec une carte de cr&eacute;dit, car aucun relev&eacute; mensuel n&rsquo;est envoy&eacute; au d&eacute;biteur &ndash; qui doit, de lui-m&ecirc;me, penser &agrave; payer les int&eacute;r&ecirc;ts mensuels. M&ecirc;me si le taux d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t est bas, les int&eacute;r&ecirc;ts s&rsquo;accumulent, et la situation financi&egrave;re de l&rsquo;&eacute;tudiant peut se d&eacute;grader.&thinsp;&raquo;Sophie (pr&eacute;nom fictif), 44 ans, qui effectue un retour aux &eacute;tudes &agrave; temps plein en droit, s&rsquo;est qualifi&eacute;e pour une marge de cr&eacute;dit dite &laquo;&thinsp;strat&eacute;gique&thinsp;&raquo; de 40&thinsp;000&#8239;$ chez Desjardins. Elle confirme que cette option est utile, mais pernicieuse&thinsp;: &laquo;&thinsp;Cette marge me permet de ne pas m&rsquo;inqui&eacute;ter avec le paiement de mon hypoth&egrave;que quand j&rsquo;ai moins de temps pour travailler &agrave; temps partiel. Mais &ccedil;a monte vite, et je dois toujours me rappeler que cet argent, je le devrai. &Ccedil;a fait peur, mais je n&rsquo;ai pas vraiment d&rsquo;autre choix pour l&rsquo;instant&thinsp;: l&rsquo;AFE ne m&rsquo;a accord&eacute; qu&rsquo;un pr&ecirc;t de 4&thinsp;000&#8239;$ pour ma premi&egrave;re ann&eacute;e.&thinsp;&raquo; &laquo;&thinsp;Le probl&egrave;me avec une marge de cr&eacute;dit, c&rsquo;est que son fonctionnement n&rsquo;est pas toujours bien compris par les &eacute;tudiants, qui pigent dedans comme s&rsquo;il s&rsquo;agissait de liquidit&eacute;s. Or, m&ecirc;me si le taux d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t est bas, les int&eacute;r&ecirc;ts s&rsquo;accumulent, et la situation financi&egrave;re de l&rsquo;&eacute;tudiant peut se d&eacute;grader.&thinsp;&raquo; Sylvain Lafreni&egrave;re, conseiller budg&eacute;taire &agrave; l&rsquo;ACEF du Nord de Montr&eacute;alDette &eacute;tudiante et ratio d&rsquo;endettementUn des revers de l&rsquo;endettement, croit le chercheur Philippe Hurteau, c&rsquo;est qu&rsquo;il peut d&eacute;courager quelqu&rsquo;un de poursuivre des &eacute;tudes sup&eacute;rieures. En effet, plus on &eacute;tudie, plus la facture augmente&thinsp;: en 2013-2014 au Qu&eacute;bec, la dette moyenne d&rsquo;un bachelier &eacute;tait de 12&thinsp;931&#8239;$, comparativement &agrave; 23&thinsp;900&#8239;$ pour un &eacute;tudiant de 3e cycle universitaire. Par ailleurs, &laquo;&thinsp;ce fardeau financier modifie le parcours de vie des gens&thinsp;&raquo;, dit-il. Une personne endett&eacute;e peut retarder d&rsquo;autres projets, comme l&rsquo;achat d&rsquo;une propri&eacute;t&eacute;, ou &ecirc;tre tent&eacute;e d&rsquo;accepter un emploi plus ou moins int&eacute;ressant afin de pouvoir rembourser son d&ucirc;.Aujourd&rsquo;hui archiviste, Jessica Audet aura presque 40 ans quand son pr&ecirc;t &eacute;tudiant ne sera enfin qu&rsquo;un souvenir. Elle rembourse 31&#8239;$ par semaine &ndash; environ 1&thinsp;600&#8239;$ par an &ndash; et verse davantage lorsqu&rsquo;elle le peut. &laquo;&thinsp;Ce n&rsquo;est pas &eacute;touffant, mais des fois, c&rsquo;est la marge de man&oelig;uvre dont j&rsquo;aurais besoin pour autre chose&thinsp;&raquo;, reconna&icirc;t-elle. Une fois dipl&ocirc;m&eacute;e, elle a achet&eacute; un appartement avec son conjoint. Or, sa dette d&rsquo;&eacute;tudes, qui &eacute;tait de plus de 30&thinsp;000&#8239;$, n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; prise en compte dans le calcul de son ratio d&rsquo;endettement servant &agrave; d&eacute;terminer ce qu&rsquo;elle pouvait emprunter.Cette situation n&rsquo;&eacute;tonne pas Sylvain Lafreni&egrave;re&thinsp;: &laquo;&thinsp;D&rsquo;une institution financi&egrave;re &agrave; l&rsquo;autre, l&rsquo;analyse du cr&eacute;dit varie, et certaines banques peuvent ne pas tenir compte de la dette d&rsquo;&eacute;tudes &ndash; en particulier s&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;un pr&ecirc;t garanti du gouvernement du Qu&eacute;bec. Car, au bout du compte, l&rsquo;institution financi&egrave;re finira par r&eacute;cup&eacute;rer son argent.&thinsp;&raquo;Pourtant, &agrave; la Banque Nationale, Julie Pombert affirme qu&rsquo;une dette &eacute;tudiante est toujours retenue dans le calcul du ratio d&rsquo;endettement. Ce que confirme Andr&eacute; Preston de chez Desjardins&thinsp;: &laquo;&thinsp;Toutes les sources d&rsquo;endettement sont consid&eacute;r&eacute;es, et les pr&ecirc;ts hypoth&eacute;caires sont autoris&eacute;s en fonction de la capacit&eacute; des emprunteurs &agrave; les rembourser. Car ce que nous ne voulons pas, c&rsquo;est qu&rsquo;une personne ou un couple soit &eacute;trangl&eacute; par ses obligations financi&egrave;res.&thinsp;&raquo;Pour le chercheur Philippe Hurteau, l&rsquo;histoire de Jessica est inqui&eacute;tante, car elle illustre la situation que vivent de nombreux &eacute;tudiants &agrave; la fin de leurs &eacute;tudes. &laquo;&thinsp;Une des sources d&rsquo;instabilit&eacute; de l&rsquo;&eacute;conomie canadienne est l&rsquo;endettement &eacute;lev&eacute; des m&eacute;nages. Quand une institution financi&egrave;re ne prend pas en compte une dette d&rsquo;&eacute;tudes pour &eacute;tablir le montant d&rsquo;un pr&ecirc;t hypoth&eacute;caire, elle pousse les gens &agrave; s&rsquo;endetter plus qu&rsquo;ils ne peuvent r&eacute;ellement le supporter.&thinsp;&raquo;Imp&ocirc;ts&#8202;: quand il fait bon &ecirc;tre &eacute;tudiant&hellip; Les d&eacute;penses et frais relatifs &agrave; vos &eacute;tudes peuvent donner droit &agrave; quelques &eacute;conomies fiscales&thinsp;: &bull; Les gouvernements provincial et f&eacute;d&eacute;ral offrent des cr&eacute;dits pour frais de scolarit&eacute; ou d&rsquo;examen. &bull; Le f&eacute;d&eacute;ral ajoute aussi des cr&eacute;dits non remboursables pour les &eacute;tudes postsecondaires et pour les manuels (les deux seront toutefois abolis en 2017). &bull; Le provincial et le f&eacute;d&eacute;ral permettent aux &eacute;tudiants &agrave; temps plein de b&eacute;n&eacute;ficier d&rsquo;une d&eacute;duction pour frais de d&eacute;m&eacute;nagement &agrave; condition de se rapprocher d&rsquo;au moins 40 kilom&egrave;tres de leur lieu d&rsquo;&eacute;tudes. &bull; Au provincial, les &eacute;tudiants peuvent demander le cr&eacute;dit d&rsquo;imp&ocirc;t non remboursable pour les int&eacute;r&ecirc;ts pay&eacute;s sur un pr&ecirc;t vers&eacute; par l&rsquo;AFE. &bull; Si vous travaillez pendant vos &eacute;tudes, vous pouvez b&eacute;n&eacute;ficier du montant canadien pour emploi offert au f&eacute;d&eacute;ral. &bull; Enfin, au f&eacute;d&eacute;ral, vous pouvez demander le montant pour le transport en commun pour certains types de laissez-passer. &gt;&gt; &Agrave; lire aussi sur notre site : Cr&eacute;dits et d&eacute;ductions: comment sauver de l&rsquo;imp&ocirc;tUne &eacute;preuve de longue haleineMais s&rsquo;endetter pour &eacute;tudier en vaut-il le coup&thinsp;? Pour Olivier Lapointe, cela ne fait aucun doute. &laquo;&thinsp;Cette dette ne repr&eacute;sente qu&rsquo;une faible portion du co&ucirc;t r&eacute;el de mon &eacute;ducation. Les &eacute;tudiants b&eacute;n&eacute;ficient de faibles taux d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t qui peuvent &ecirc;tre d&eacute;duits sur le plan fiscal, et la possibilit&eacute; d&rsquo;&eacute;taler le remboursement fait en sorte que les dipl&ocirc;m&eacute;s ne sont pas &eacute;touff&eacute;s. Nous sommes choy&eacute;s.&thinsp;&raquo;Chantal ne partage pas cet enthousiasme. Elle a mis 15 ans, &agrave; coups de versements de 200&#8239;$ par mois, avant de venir &agrave; bout de son pr&ecirc;t. &laquo;&thinsp;&Ccedil;a a pes&eacute; sur mes finances toutes ces ann&eacute;es, car la vie faisant, j&rsquo;avais aussi accumul&eacute; d&rsquo;autres dettes.&thinsp;&raquo; M&ecirc;me lorsque le remboursement du pr&ecirc;t &eacute;tudiant est peu &eacute;lev&eacute;, comme dans le cas de Jessica, &laquo;&thinsp;il s&rsquo;ajoute aux autres obligations financi&egrave;res qui, mises bout &agrave; bout, peuvent placer les gens dans des situations intenables, estime Philippe Hurteau. Ce n&rsquo;est pas pour rien qu&rsquo;on d&eacute;passe aujourd&rsquo;hui 160&thinsp;% de taux d&rsquo;endettement au pays&thinsp;&raquo;&thinsp;!40&#8202;% des &eacute;tudiants canadiens pr&eacute;voient que leur dette &eacute;tudiante s&rsquo;&eacute;l&egrave;vera &agrave; plus de 25&thinsp;000&#8239;$.Source&thinsp;: Banque CIBC, 2014.Les diff&eacute;rentes fa&ccedil;ons de financer vos &eacute;tudesLa contribution parentaleL&rsquo;aide financi&egrave;re aux &eacute;tudes du gouvernement du Qu&eacute;bec rappelle qu&rsquo;&laquo;&thinsp;en vertu du Code civil du Qu&eacute;bec, les parents doivent contribuer au financement des &eacute;tudes de leur enfant. Ils ont le devoir de nourrir, d&rsquo;entretenir et d&rsquo;&eacute;duquer leur enfant, et ce, m&ecirc;me si celui-ci a plus de 18 ans&thinsp;&raquo;. Ainsi, avant d&rsquo;&eacute;tablir le montant d&rsquo;aide financi&egrave;re qu&rsquo;il versera &agrave; un &eacute;tudiant, le gouvernement examine les revenus des deux parents. Si ces derniers sont s&eacute;par&eacute;s, seuls les revenus de celui avec lequel l&rsquo;&eacute;tudiant habite sont examin&eacute;s. La contribution des parents est aussi prise en consid&eacute;ration pour &eacute;tablir le montant de l&rsquo;aide financi&egrave;re &agrave; laquelle un &eacute;tudiant a droit. Le revenu d'emploiPlusieurs &eacute;tudiants doivent travailler pour financer leurs &eacute;tudes. Les revenus g&eacute;n&eacute;r&eacute;s peuvent diminuer le montant des pr&ecirc;ts et bourses que leur versera le gouvernement. La marge de cr&eacute;dit pour &eacute;tudiantsCe produit financier permet d&rsquo;emprunter de l&rsquo;argent jusqu&rsquo;&agrave; concurrence d&rsquo;une limite pr&eacute;&eacute;tablie par l&rsquo;institution financi&egrave;re. La marge aide les &eacute;tudiants &agrave; payer les frais de scolarit&eacute; et les livres, mais aussi les d&eacute;penses de tous les jours, comme la nourriture et le transport. Si la marge de cr&eacute;dit a une limite de 10&thinsp;000&#8239;$ et que l&rsquo;&eacute;tudiant emprunte 3&thinsp;000&#8239;$, il n&rsquo;a qu&rsquo;&agrave; payer les int&eacute;r&ecirc;ts mensuels sur cette somme. Les taux d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t peuvent &ecirc;tre moins &eacute;lev&eacute;s (environ 3&thinsp;%) que les taux courants sur les pr&ecirc;ts &eacute;tudiants des gouvernements provinciaux, pr&eacute;cise l&rsquo;Agence de la consommation en mati&egrave;re financi&egrave;re du Canada. Le R&eacute;gime enregistr&eacute; d&rsquo;&eacute;pargne-&eacute;tudes (REEE)Si vos parents ont investi dans un REEE dans le but de financer vos &eacute;tudes, ils pourront effectuer des retraits et vous les transf&eacute;rer. Le retrait maximal est de 5&thinsp;000&#8239;$ pour les 13 premi&egrave;res semaines d&rsquo;&eacute;tudes (2&thinsp;500&#8239;$ pour des &eacute;tudes &agrave; temps partiel). Ensuite, il n&rsquo;y a plus de limite, sauf si vous cessez d&rsquo;&eacute;tudier pendant un an. Attention, cependant, car le d&eacute;caissement d&rsquo;un REEE est plus complexe qu&rsquo;il y para&icirc;t, et vos parents devront tenir compte de plusieurs param&egrave;tres (dont l&rsquo;impact fiscal et le retrait du capital, des subventions ou des int&eacute;r&ecirc;ts). Le R&eacute;gime d&rsquo;encouragement &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation permanente (REEP)Ce r&eacute;gime f&eacute;d&eacute;ral est utilis&eacute; pour financer un retour aux &eacute;tudes. Fonctionnant selon le m&ecirc;me principe que le R&eacute;gime d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la propri&eacute;t&eacute; (RAP), le REEP permet de retirer des fonds de vos r&eacute;gimes enregistr&eacute;s d&rsquo;&eacute;pargne-retraite (REER) sans p&eacute;nalit&eacute; pour financer votre formation, ou alors celle de votre &eacute;poux ou conjoint de fait. Vous pouvez retirer jusqu&rsquo;&agrave; 10&thinsp;000&#8239;$ par an, pour un maximum de 20&thinsp;000&#8239;$, et rembourser le tout dans un d&eacute;lai de 10 ans suivant la fin de vos &eacute;tudes.

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