Des filets de pêche dans votre téléphone
Les futurs téléphones de Samsung qui ont été dévoilés cette semaine, à commencer par le Galaxy S22, intégreront du plastique recyclé à partir des filets de pêche récupérés dans la mer. C’est un pas dans la bonne direction, mais le marathon est loin d’être terminé.
Environ 640 000 tonnes de filets de pêche sont abandonnées annuellement dans les mers. Il devrait toutefois y en avoir 50 de moins cette année, grâce au nouveau programme de Samsung qui prévoit l’intégration de plastique recyclé à partir de cette matière dans tous ses appareils mobiles.
«Ce qui est difficile avec les matériaux recyclés, c’est que leurs propriétés se sont dégradées avec l’usage et les traitements. Ils sont donc moins durables et peuvent plus facilement briser, se rayer ou se décolorer», note Pranveer Singh Rathore, responsable de la recherche et du développement de nouveaux matériaux chez Samsung, dans une vidéo diffusée par l’entreprise.
N’allez cependant pas qualifier le Galaxy S22 de téléphone recyclé. À cause des contraintes auxquelles sont soumis les téléphones – ils doivent notamment résister à l’eau et aux écarts de température –, les pièces recyclées ne contiennent que 20 % de plastique provenant des filets de pêche. Et celles-ci ne composent qu’une petite partie de l’appareil.
Le plastique des océans se retrouve uniquement dans l’étui protecteur interne du stylet S-Pen dans le Galaxy S22 Ultra, et dans une composante interne des boutons pour le volume et le démarrage. Du polycarbonate provenant de matières recyclées post-consommation est aussi utilisé, notamment dans le module interne pour les haut-parleurs.
C’est peu, mais c’est plus que l’année dernière. Et, on ne lèvera pas le nez sur 50 tonnes de filets de pêche retirés de la mer chaque année, tout en se rappelant que cela ne représente qu’une fraction de ce qu’on y rejette.
Pas une première, mais presque
Le Samsung Galaxy S22 n’est pas le premier appareil techno à contenir du plastique recyclé qui se serait autrement retrouvé dans les océans, mais c’est probablement le plus important en son genre.
Microsoft a lancé l’année dernière la souris Ocean Plastic, dont 20 % du plastique est récupéré des mers, océans et rivières. Les besoins de durabilité et de qualité d’une souris à 34,99 $ ne sont toutefois pas les mêmes que ceux d’un téléphone à plus de 1 000 $. Le volume produit ne sera pas le même non plus : la souris de Microsoft est un produit marginal pour l’entreprise, tandis que Samsung devrait vendre plusieurs millions de téléphones Galaxy S22 cette année.
Les cartouches d’encre HP, pour ne nommer que celles-là, intègrent aussi du plastique provenant de bouteilles d’eau dont une partie se serait retrouvée dans la nature.
Il existe également d’autres types de matériaux recyclés dans les gadgets modernes. Les coques des MacBook Air, iPad, Apple Watch et Mac Mini d’Apple, par exemple, sont produites avec de l’aluminium recyclé à 100 %. Dans l’ensemble, ces produits représentent toutefois plus l’exception que la règle.
Une petite partie du problème
Comme nous l’expliquions récemment dans un article sur la responsabilité sociale des entreprises technos, les problèmes environnementaux reliés aux grandes marques technos sont nombreux. Déchets produits lors de l’assemblage des appareils, gadgets difficiles, émissions de gaz à effet de serre pour la fabrication et le transport des appareils, extraction polluante de minerais rares : la liste des pratiques à améliorer est longue.
Le vent semble toutefois tourner un peu. L’été dernier, Samsung avait par exemple promis, avec son programme Galaxy pour la planète, d’incorporer des matériaux recyclés dans tous ses appareils mobiles d’ici 2025, d’éliminer tous les plastiques de ses emballages de produits mobiles, de réduire la consommation des chargeurs de téléphones et de n’enfouir aucun déchet provenant des usines de produits mobiles (téléphones, tablettes, etc.) de l’entreprise. Le Galaxy S22, avec sa boîte plus petite, son emballage en papier qui remplace le plastique et son plastique recyclé, n’est donc que la première étape d’un projet plus ambitieux.
D’autres entreprises, comme Apple et Microsoft, ont aussi des programmes pour intégrer plus de matériaux recyclés dans leurs appareils.
Il s’agit encore une fois d’un pas dans la bonne direction, mais qui ne doit pas rester unique. D’autres actions doivent être prises pour verdir l’industrie techno, à commencer par la fabrication d’appareils faciles à réparer et d’une plus grande durée de vie.
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