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Poissons toujours mal identifiés: à quand une meilleure traçabilité ?

Par Rémi Leroux
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Les produits de la mer sont toujours mal étiquetés en magasin et au restaurant, selon l’organisme Oceana Canada. Le gouvernement fédéral affirme agir pour régler la situation et assurer une meilleure traçabilité des poissons, du navire à l’assiette.

Au cœur de l’été, l’organisation de protection des océans, Oceana Canada, a publié une nouvelle enquête sur la fraude des produits de la mer. Bilan de sa campagne de tests : 46 % des échantillons évalués en provenance de restaurants et épiceries de quatre villes canadiennes – Toronto, Montréal, Ottawa et Halifax – étaient mal identifiés. Soit près d’un poisson sur deux.

Montréal est la ville qui présente le taux d’identification trompeuse le plus élevé (52 %) parmi les quatre agglomérations. Par ailleurs, c’est dans les restaurants que le taux de mauvaise identification est le plus élevé (65 %), contre 6,5 % chez les détaillants. « En raison de l’opacité de l’approvisionnement en produits de la mer au Canada, les détaillants et les restaurants peuvent eux-mêmes être victimes de fraude », précise l’organisation.

Poissons de substitution et autres trouvailles

« Globalement, nous avons relevé 10 cas où des produits identifiés comme du stromaté ou du thon étaient en fait de l’escolar », détaille Oceana Canada dans son rapport. L’escolar est un poisson gras qui peut provoquer des symptômes gastro-intestinaux aigus.

Autre trouvaille : « Parmi les 13 échantillons identifiés sous le nom de vivaneau, sept étaient en fait du tilapia, une espèce beaucoup plus économique », précise encore l’organisation.

« Les produits de la mer présentent un risque élevé de fraude alimentaire ; cela inclut les erreurs d’identification, mais aussi les produits illégaux qui se fraient un chemin dans les chaînes d’approvisionnement », explique Sayara Thurston. La spécialiste de campagne en fraude des produits de la mer chez Oceana Canada estime que les chaînes d’approvisionnement complexes peuvent « masquer la pêche illégale, la fraude et les violations des droits de l’homme, et coûter des millions de dollars en recettes fiscales perdues par l’économie légitime ».

Selon Oceana Canada, les résultats de son enquête démontrent que « le Canada est encore aux prises avec un problème de fraude généralisée en matière de produits de la mer, ce qui menace les Canadiens, les pêcheurs honnêtes, les écosystèmes marins et notre économie des produits de la mer ».

Ottawa teste et consulte le public

Pour faire face au risque de substitution de poissons, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a déployé une stratégie de surveillance ciblée afin de déterminer la prévalence de l’étiquetage trompeur et de la substitution des espèces de poissons, de faire appliquer la loi en cas de non-conformité et de recueillir des données pour améliorer les mécanismes de surveillance.

Au cours de la campagne menée entre 2019 et 2020, les inspecteurs de l’ACIA et, au Québec, du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) ont prélevé 362 échantillons partout au pays. Neuf espèces de poissons ont été ciblées en fonction de leur probabilité d’être étiquetées ou substituées : le stromaté, la morue, le flétan, le thazard, le bar commun, le vivaneau (rouge et autre), la sole, le thon et la limande à queue jaune. Résultats : 91,8 % des échantillons ont été jugés satisfaisants (bon étiquetage pour le bon poisson) et 8,2 % non satisfaisants (mauvais étiquetage).

Contrairement à Oceana Canada, l’ACIA et le MAPAQ n’ont pas effectué de prélèvements dans les restaurants. Ils ont visité des transformateurs canadiens, des importateurs et des détaillants.

Parallèlement à cette opération de surveillance ciblée, l’ACIA a lancé, le 13 août dernier, une consultation publique dans le cadre de son engagement à élaborer un programme de traçabilité « du bateau à la table ». Jusqu’au 11 décembre 2021, vous aurez la possibilité de déposer vos commentaires « pour aider les pêcheurs canadiens à commercialiser leurs produits de grande qualité ». Un document de travail est également disponible en ligne pour vous aider à appréhender les enjeux clés de la consultation.

Encourageant, mais…

« La publication d’un document de travail est une étape positive et il est encourageant de voir des progrès dans ce dossier après des mois de retard, reconnaît Sayara Thurston. Cependant, le document de travail ne contient pas d’échéancier précis pour l’élaboration d’un système de traçabilité, ni de plan pour les étapes subséquentes une fois la consultation terminée. »

La spécialiste de campagne en fraude des produits de la mer chez Oceana Canada affirme qu’il est temps que « le Canada se joigne aux autres nations de pêche et renforce les exigences en matière d’étiquetage, en plus de mettre en œuvre un programme de traçabilité réglementé et obligatoire pour tous les produits de la mer capturés et vendus au Canada ».

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