Acétaminophène et autisme : les études et les experts contredisent Trump
Le président américain Donald Trump déconseille aux femmes enceintes de prendre du Tylenol ou de l’acétaminophène, déclarant qu’il serait peut-être associé à un risque accru d’autisme. Les spécialistes de ce trouble ont rapidement condamné ses propos tenus le 22 septembre. Sur quoi les déclarations du président s’appuient-elles ?
Qu’est-ce que Donald Trump a annoncé exactement ?
Lors d’une conférence de presse, le président a indiqué que les femmes enceintes ne devraient pas prendre de l’acétaminophène — qu’on trouve notamment dans le Tylenol utilisé contre la douleur et la fièvre — puisque cela augmenterait le risque de donner naissance à un bébé autiste. Il encourage les femmes enceintes à l’éviter, à moins d’une fièvre extrêmement forte.
Il répondait ainsi à ce qu’il qualifie « d'épidémie d’autisme » aux États-Unis. Même si les cas d’autisme ont augmenté ces dernières décennies, plusieurs scientifiques, médecins et chercheurs rejettent l’idée d’une « épidémie » évoquée par Trump. Ils attribuent plutôt l’augmentation des taux d’autisme à une meilleure connaissance du trouble et à une amélioration du diagnostic des personnes présentant des formes plus légères d’autisme.
Le président a ajouté que les médecins américains seront avisés par la Food and Drug Administration (FDA) — l’équivalent de Santé Canada — du lien entre le Tylenol et l’autisme. Une campagne nationale sera lancée pour informer les familles.
Donald Trump a également remis en cause les bienfaits et la sécurité des vaccins, indiquant que, dans les communautés qui ne prennent pas de médicaments et ne se font pas vacciner, comme chez les amish, il n’y a pas de cas d’autisme.
Que disent les études sur l’acétaminophène ?
Au cours des dernières années, des études d’observation ont noté une possible association entre l’acétaminophène et l’autisme. Selon ces études, les enfants exposés de manière prolongée et répétée à l’acétaminophène in utero pourraient avoir environ 20 % plus de risque de présenter un trouble du spectre de l’autisme.
Ces recherches ont établi une association, mais pas de lien de cause à effet en raison des facteurs confondants, soit une variable qui influence à la fois l’exposition étudiée et le résultat, ce qui fausse la relation entre eux. Dans le cas de l’acétaminophène, on peut penser à des facteurs comme des infections virales maternelles, de la fièvre prolongée ou des prédispositions génétiques.
Une vaste étude réalisée en Suède en 2024 et portant sur 2,5 millions d’enfants a démontré que l’association entre l’acétaminophène et l’autisme disparaît lorsqu’on neutralise les facteurs familiaux et génétiques. Conclusion : il n’y a aucune preuve solide permettant d’affirmer que la prise d’acétaminophène cause l’autisme, ni même qu’elle y est associée.
« Certaines études d'observation ont suggéré une possible association entre l'exposition prénatale au paracétamol (autre nom de l’acétaminophène) et l'autisme, mais les preuves restent incohérentes, a déclaré un porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), au lendemain de la sortie du président américain. Plusieurs études n'ont établi aucune relation de ce type. »
Sur son site, l’agence précise qu’il n’y a pas de lien avéré entre l’acétaminophène et l'autisme et que les vaccins ne provoquent pas ce trouble.
Que doivent faire les femmes enceintes ?
Le 12 septembre, la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) a rappelé que l’acétaminophène n’augmente pas les risques d’autisme lorsqu’il est pris pendant la grossesse et qu’il demeure le traitement le plus efficace pour traiter la douleur et la fièvre pendant cette période. L'aspirine ou l’ibuprofène (Advil), sont contre-indiqués, notamment en fin de grossesse.
Santé Canada affirme pour sa part « qu’aucune preuve ne permet d’établir que la prise d’acétaminophène selon les directives pendant la grossesse cause l’autisme ou d’autres troubles neurodéveloppementaux ».
L’agence fédérale maintient que l’acétaminophène est un traitement « recommandé » contre la douleur ou la fièvre pendant la grossesse lorsqu’il est utilisé selon les directives. Elle recommande toutefois de ne pas dépasser la dose recommandée. Prise en trop grande quantité, l’acétaminophène peut entraîner des lésions du foie.
Les experts de la SOGC précisent par ailleurs que la fièvre non traitée est associée à des fausses couches, des malformations des organes fœtaux, des complications cardiovasculaires fœtales, et même… au trouble du spectre de l’autisme ! La douleur non traitée peut entraîner de la dépression, de l’anxiété et de l’hypertension artérielle, qui ont également des effets néfastes sur la grossesse.
La Société recommande, comme pour tous les médicaments, d’utiliser la dose minimale nécessaire, le moins longtemps possible, et seulement si indiqué.
* PRÉCISION: Cet article a été modifié le 24 septembre pour ajouter les avis de l'OMS et de Santé Canada.
À lire aussi : Prendre du Tylenol pendant la grossesse est sécuritaire, selon les obstétriciens canadiens

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