L’usage de ces objets pour bébé est illégal ou dangereux

Depuis début 2023, Santé Canada a procédé au rappel de trois marchettes pour bébés, offertes sur Amazon. La vente de ces produits ― tout comme leur fabrication, leur importation et leur publicité ― est interdite au pays depuis 2004, en vertu de la Loi canadienne sur la sécurité des produits de consommation (LCSPC). Les modèles qu’on peut parfois acheter d’occasion sont aussi proscrits.

« Plusieurs parents en achètent parce qu’ils méconnaissent la loi, ou alors ils se disent qu’ils en ont utilisé quand ils étaient jeunes et c’était bien », constate le D^r Jean-François Chicoine, pédiatre au Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine.

Or, pendant des décennies, « beaucoup d’enfants sont tombés dans les escaliers, rappelle le professeur agrégé au département de pédiatrie de l’Université de Montréal. D’autres, alors qu’ils étaient dans une marchette roulante, se sont brûlés parce qu’ils se sont retrouvés bloqués trop près d’une plinthe chauffante, ou bien ils se sont coincé un pied. »

Le pédiatre met les parents en garde : « Ces trotteurs font en sorte que l’enfant va trop loin et trop vite par rapport à ses capacités ; cela les rend dangereux et nuisibles pour son développement physiologique. »

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D’autres objets illégaux

La LCSPC interdit une série d’autres produits pour bébé. Dans la liste, on trouve par exemple les dispositifs d’appui des biberons qui permettent à l’enfant de boire seul. Ces objets sont dommageables pour le développement des tout-petits. « Regarder son parent dans les yeux en buvant est un acte de sécurisation et de développement neurologique, souligne le D^r Chicoine. Supprimer cette occasion d’interagir, c’est condamner l’enfant à un handicap moteur. »

D’autres interdictions qui figurent dans la LCSPC sont liées à la toxicité des produits. Cela concerne des objets décorés avec des graines de jequirity (abrus precatorius), des biberons faits en polycarbonate (plastique) contenant du bisphénol A (BPA) ainsi que des jouets de dentition, des sucettes et des tétines dont le remplissage renferme « un micro-organisme viable », quel qu’il soit, indique la loi. Les risques de contamination associés à de tels liquides donnent en effet lieu à des rappels par Santé Canada.

Pas interdits, mais loin d’être recommandés

« Jusqu’à 18 mois, l’enfant découvre le monde par le mouvement et les activités perceptivo-sensorielles [qui impliquent les sens et les sensations] », explique le D^r Chicoine. C’est pourquoi certains produits, sans être formellement interdits, comportent des risques, selon de nombreux spécialistes de la puériculture.

« La plupart de ces objets donnent l’impression qu’il est possible de remplacer la vigilance et la présence des parents, ce qui est faux », dit le pédiatre du CHU Sainte-Justine. Il ajoute que plusieurs de ces produits amusent l’enfant, mais ne contribuent pas à son développement.

Voici quelques-uns de ces articles des plus populaires :

• Exerciseurs suspendus (Jolly Jumper)

Mieux connus sous le nom de Jolly Jumper, la marque la plus populaire, ces exerciseurs s’accrochent à un cadre de porte ou à un support et soutiennent l’enfant debout, lui retirant ainsi toute possibilité de développement moteur. « C’est vraiment contreproductif, s’insurge le pédiatre. Si vous laissez le bébé dedans une minute, cela peut être drôle. Mais il va vouloir y rester parce que le fait de sauter dans l’exerciseur produit beaucoup de dopamine. Par contre, cela peut nuire à ses articulations et à sa colonne vertébrale. »

• Aspirateurs nasaux à brancher à la balayeuse (Baby-Vac)

Il y a déjà près de quatre ans que Santé Canada se penche sur le cas d’un aspirateur nasal à brancher à la balayeuse, baptisé Baby-Vac. L’organisme a demandé des tests d’appareils médicaux, donc les ventes sont suspendues jusqu’à l’obtention d’une licence adaptée (classe 2). « Je ne recommanderais à aucune famille de brancher leur bébé sur une balayeuse, dit le Dr Chicoine. Cela peut causer un saignement de nez important. »

• Soucoupes d’activités

Comme les exerciseurs, ces stations de jeu fixes gardent l’enfant en position verticale alors qu’il n’est pas encore en mesure de le faire seul. « Les soucoupes empêchent bébé de se mouvoir naturellement et nuisent à son intelligence motrice », note le pédiatre.

• Bouées de cou

Ce type de flotteur semblable à un beigne donne un faux sentiment d’autonomie. « L’enfant a surtout besoin de quelqu’un à ses côtés dans l’eau, rappelle le D^r Chicoine. De plus, le cou d’un bébé n’est pas tout à fait dissocié du reste du corps : le port d’une telle bouée nuit à son équilibre. »

• Perles d’eau

Ces chatoyantes billes faites de gel gonflant dans l’eau se trouvent souvent dans des jouets et dans une grande variété de produits. Depuis mai 2023, elles font l’objet d’un avis de sécurité de Santé Canada. Ces perles peuvent être très nocives si elles sont avalées ou insérées dans les oreilles ou le nez. Placées dans l'eau, elles peuvent atteindre jusqu’à 1 500 fois leur taille initiale!

• Dormeuses (gigoteuses) lestées

La dormeuse — aussi appelée gigoteuse, turbulette ou sac de nuit — est une option sécuritaire pour réchauffer le sommeil de bébé. Toutefois, les modèles lestés peuvent faire plus de mal que de bien. « Ces dormeuses sont relativement lourdes : il est possible que cela empêche le bébé de respirer, avertit le Dr Jean-François Chicoine. Les objets lestés ne doivent pas être utilisés avant l’âge de trois ans. »

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