Transports collectifs autour de Montréal : pourquoi pas une tarification sociale ?
La nouvelle grille tarifaire du transport en commun dans la grande région de Montréal déplaît aux usagers à revenu modeste. Certains réclament rien de moins qu’un accès gratuit aux métros et autobus.
Tous titres de transport confondus, la hausse moyenne en vigueur depuis le 1er juillet est de 3 %. Mince consolation pour la clientèle de Laval et celle de l’agglomération de Longueuil, le coût du titre unitaire « Tous modes » en zone AB est resté à 4,50 $, mais il a augmenté de 0,25 $ dans les zones A, ABC, et ABCD (voir la carte ci-dessous pour le détail des tarifs et la signification des zones).
« Pour la plupart des usagers qui prennent le transport collectif et qui en ont les moyens, ce n’est pas une grosse augmentation », reconnaît Sarah V. Doyon, directrice générale chez Trajectoire Québec.
Mais, pour les gens au revenu modeste qui disposent de peu ou pas de liquidités, « c’est 25 sous de trop », ajoute-t-elle, puisqu’ils achètent leur billet à l’unité, faute d’avoir les moyens de se procurer une lisière de dix billets ou un titre mensuel.
C’est aussi l’avis du Mouvement pour un transport public abordable (MTPA), une coalition d’associations populaires qui a organisé une manifestation le 27 juin dernier devant les bureaux montréalais de la ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire, Chantal Rouleau.
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Refonte tarifaire : manquer d’audace ?
L’organisme reproche aussi à l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) de manquer d’audace.
« L’ARTM n’a pas profité de sa refonte tarifaire pour mettre en place une tarification sociale, laquelle a été maintes fois débattue », déplore Louis-Frédéric Verrault-Giroux, agent de mobilisation et de communication chez TROVEP, l’une des associations membres du MPTA.
Au Québec, quelques villes ont déjà embrassé cette solution. Depuis ce printemps, le Réseau de transport de la Capitale (RTC) offre un rabais de 33 % sur le tarif de tous les titres de transport pour les personnes à faible revenu résidant dans la région de Québec. Une politique de tarification sociale est aussi en vigueur depuis 2018 à la Société de transport de l’Outaouais (STO).
La modulation tarifaire selon les revenus, d’abord promise aux Montréalais lors de la première campagne électorale à la mairie menée par Valérie Plante en 2017, est réclamée depuis plus de quinze ans.
Gratuit pour les enfants et les retraités
L’administration Plante a plutôt institué la gratuité du transport collectif pour les usagers de 65 ans et plus résidant dans l’agglomération montréalaise. La mesure est en vigueur depuis le 1er juillet dernier.
Par ailleurs, les enfants de 11 ans et moins accompagnés d’une personne de 14 ans détenant un titre de transport valide peuvent se prévaloir gratuitement de tous les modes de transport sur l’ensemble du territoire de l’ARTM depuis l’été 2021.
« La gratuité du transport collectif pour les usagers de 65 ans est un pas dans la bonne direction », estime M. Verrault-Giroux. Selon lui, l’accès gratuit au transport collectif devrait être universel, à l’instar de tout autre service public, comme l’éducation et la santé. « Que la gratuité commence à 65 ans, ajoute-t-il, c’est une bonne première étape avant de l’étendre à tout le monde. »
La gratuité universelle des transports publics ne devrait pas être une fin en soi, d’après Sarah V. Doyon. « La plupart des gens qui prennent les transports collectifs pour des raisons pratiques en ont les moyens, observe-t-elle. Je ne suis pas une grande fan de la gratuité pour tous. Mais la tarification sociale pourrait aller jusqu’à la gratuité pour une partie de la population qui en a besoin. »
L’un des principaux arguments en faveur de la tarification sociale est qu’elle permet de sortir de la pauvreté, parce que, reprend M. Verrault-Giroux, « le droit à la mobilité permet d’exercer d’autres droits », comme l’accès à la culture et à des services de santé.
Quels sont les nouveaux tarifs ?
Selon que l’on réside sur l’île de Montréal ou en banlieue, il faut maintenant payer entre 94 $ et 263 $ pour un titre mensuel de transport.
Amorcée en 2021, la refonte tarifaire de l’ARTM, l’organisme responsable de la planification des services de transport dans la grande région de Montréal, en est à sa troisième phase depuis le 1er juillet dernier.
Les titres sont dits « Tous modes » puisqu’ils permettent d’utiliser, en les combinant ou non, les services du métro, du train, de bus et du REM dans la région couverte par l’ARTM.
Source: ARTM
Les usagers occasionnels du REM peuvent se rabattre sur les titres Bus et Bus hors territoire (3,75 $ le passage, 108 $ la carte mensuelle).
L’ensemble des titres Tous modes sont offerts dans les formats 24 h et 3 jours. Des tarifs réduits sont aussi offerts pour les jeunes, les étudiants de plus de 18 ans et les personnes âgées.
Pour son exercice 2023, l’ARTM a prévu un budget d’environ 3 milliards $, financé au quart (26 %) par les revenus tarifaires.
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