REM et bus : de nouvelles habitudes à venir sur la Rive-Sud
Le 31 juillet, le REM embarquera ses premiers passagers. Dès sa mise en service, des milliers d’usagers devront progressivement combiner bus et métro léger pour traverser le fleuve.
La mise en service du Réseau express métropolitain (REM) aura lieu le 31 juillet . Dès que le nouveau métro léger accueillera ses passagers, le réseau de transport en commun de la Rive-Sud sera profondément remodelé. Il pose aussi de sérieux enjeux en terme de pollution sonore pour les résidents des quartiers qu’il traverse.
Le premier tronçon du REM égrènera cinq stations entre les deux rives du fleuve : Brossard, Du Quartier, Panama, Ile-des-Sœurs et Gare Centrale.
CPDQ Infra, maître d’œuvre du REM, a exigé dès le début des travaux que les bus ne traversent plus les ponts vers Montréal, mais déposent les passagers à une des trois stations de la Rive-Sud.
« On n’avait plus le choix, insiste Axel Fournier, porte-parole de l’Association pour le Transport collectif de la Rive-Sud (ATCRS). Avant la pandémie, il y avait congestion des bus au centre-ville ! »
De Saint-Bruno-de-Montarville à Saint-Jean-sur-Richelieu, en passant par Longueuil et Candiac, la desserte régionale a donc été complètement repensée, et les usagers, promet-on, en auront pour leur argent. À 150 $ l’abonnement mensuel le moins cher pour passer d’une rive à l’autre, on l’espère…
Agglomération de Longueuil
Pour bien s’arrimer au REM, le Réseau de transport de Longueuil (RTL) a redessiné ses circuits de bus.
Le RTL, qui dessert Longueuil, Boucherville, Brossard, Saint-Lambert et Saint-Bruno-de-Montarville, estime que 85 % des usagers auront désormais accès à une ligne d’autobus à moins de 400 mètres de chez eux. Et pour 98 % des parcours, le temps des déplacements aux heures de pointe sera maintenu ou amélioré. « Le RTL a fait un travail de qualité, en consultant la population, les arrondissements et les villes qui composent l’agglomération de Longueuil », dit Sarah V. Doyon, directrice générale de Trajectoire Québec.
Jusqu’ici, la plupart des lignes d’autobus se rendaient aux terminus Longueuil, Centre-ville ou Panama. Deux autres lignes avaient pour destination les stations de métro Papineau et Radisson, sur l’île de Montréal.
Dès l’entrée en service du nouveau métro léger, 29 lignes du RTL desserviront ses trois stations : Brossard, Panama et Du Quartier.
Une toute nouvelle ligne, la 160, permettra aux gens de Saint-Bruno-de-Montarville de gagner la station Panama en traversant l’arrondissement de Saint-Hubert.
Quant à la desserte du Quartier DIX30, elle comptera huit lignes au lieu de trois.
L’abolition ou la modification de certaines lignes feront en sorte qu’environ 10 000 usagers habitués à prendre un bus roulant directement vers Montréal devront maintenant prendre un bus et le REM.
« Il y aura certainement des perdants, déplore Sarah V. Doyon. Je pense aux habitués de la ligne 45. » Le RTL a, en effet, supprimé une vingtaine de lignes, dont les bus 45 et 90 qui reliaient la Rive-Sud à la gare Bonaventure en passant par le pont Samuel-De Champlain. Cependant, la ligne 55, qui emprunte le pont Victoria pour mener les usagers de Saint-Lambert au centre-ville de Montréal, continuera de revenir en sens inverse par le pont Samuel-De Champlain.
Couronne sud
De son côté, le réseau d’exo, qui exploite les transports collectifs sur les couronnes nord et sud de Montréal, a remodelé les trajets de bus pour trois de ses neuf secteurs sur la Rive-Sud.
Les dessertes locales dans les secteurs Le Richelain et Roussillon (récemment fusionnés) et Chambly-Richelieu-Carignan ont été reconfigurées de manière que les usagers puissent accéder au REM en moins de 30 minutes, selon exo.
« L’un des avantages de la refonte du réseau exo est qu’il y aura moins de correspondances, puisque plusieurs lignes desservant des quartiers résidentiels se rendront directement au REM », dit Axel Fournier, de l’ATCRS.
Le Richelain et Roussillon, qui regroupe les municipalités de Candiac, Delson, La Prairie, Saint-Constant, Sainte-Catherine, Saint-Mathieu et Saint-Philippe, disposera de 18 lignes de bus connectées au REM : neuf en direction de la station Du Quartier et neuf autres en direction de la station Panama.
Quant au secteur Chambly-Richelieu-Carignan, il bénéficiera de huit lignes de bus menant au terminus Brossard. Cinq de ces bus couvriront essentiellement le territoire de Chambly ; deux sillonneront la partie sud de Carignan et un troisième transportera les « navetteurs » de Marieville et de Richelieu.
Enfin, dans le secteur Vallée-du-Richelieu, les deux lignes express qui reliaient respectivement Saint-Hyacinthe (300) et Sainte-Julie (600) au centre-ville de Montréal (terminus Mansfield) seront détournées vers la station Brossard du REM et leurs horaires seront bonifiés.
À lire aussi : Transport en commun : gratuité pour les plus de 65 ans à Montréal
Stationnements incitatifs
La station Brossard jouxtera un stationnement incitatif de 3000 places, tandis que celui avoisinant la station Panama accommodera au mieux quelque 300 automobilistes.
Quant à la station Du Quartier, plantée dans le terre-plein central de l’autoroute 10, « elle ne comporte pas de stationnement incitatif parce que la plupart des gens vont s’y rendre à pied et qu’elle sera desservie par quelques bus », mentionne Axel Fournier.
Les Cantons-de-l’Est et Saint-Jean-sur-Richelieu
Seuls deux transporteurs de passagers pourront encore emprunter le pont Samuel-De Champlain, mais pas par les voies réservées aux bus et autocars puisque celles-ci sont appelées à disparaître dans un proche avenir.
Il s’agit du circuit interurbain Sherbrooke-Montréal exploité par Limocar et de la ligne de bus 96 qui relie Saint-Jean-sur-Richelieu à la métropole. Limocar est une filiale de Transdev, la société qui assure aussi le transport public à Saint-Jean-sur-Richelieu.
Bus 96 - Au terme d’une consultation menée auprès de la population en 2021, la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu a estimé que l’arrimage de son réseau de bus au REM ne procurerait aucun gain de temps pour les usagers et nécessiterait l’ajout de nombreuses correspondances.
La Ville s’est assurée de pouvoir continuer à utiliser le terminus Centre-ville, à la gare Bonaventure comme point de débarquement, et d’emprunter le pont Samuel-De Champlain au moins en 2023, qu’une voie soit réservée ou non au transport en commun. La fréquence des départs aux heures de pointe sera toutefois réduite : les autocars de la ligne 96 passeront tous les 10 à 15 minutes plutôt que tous les 5 minutes.
Limocar (Sherbrooke-Montréal) – « Nous saurons nous adapter au nouveau contexte », assure Émile Cadieux, vice-président des opérations de Transdev Québec et Maritimes, qui rappelle que Limocar exploite cette ligne depuis des décennies.
En fait, le transporteur a déjà commencé à tâter le terrain : depuis juin 2022, il offre à sa clientèle au départ des Cantons-de-l’Est un arrêt au Quartier DIX30 les samedis et dimanches. « Notre objectif, dit Émile Cadieux, c’est d’ajouter en semaine un autre autocar qui arrêterait au DIX30 et qui nous permettrait d’évaluer l’achalandage. »
Limocar a déjà amorcé les discussions avec les responsables du REM. « C’est sûr que c’est avantageux pour eux : leur mission, c’est de transporter du monde, et nous, on leur amène des passagers », souligne le responsable.
Pont Samuel-De Champlain : disparition des voies réservées
« Pour la période précédant l’entrée en service du REM, on avait réduit l’accotement de gauche de 1,5 mètre et élargi d’autant celui de droite pour en faire une voie réservée aux véhicules de transport collectif », explique Martin Chamberland, directeur des opérations chez Signature sur le Saint-Laurent, gestionnaire du Pont Samuel-De Champlain. « Mais, ajoute-t-il, les voies réservées ont toujours été une situation temporaire. »
« Il s’écoulera probablement un an, estime-t-il, avant que les accotements ne soient reconfigurés comme le voulait le plan original. Au besoin, on va les rouvrir pour le RTL et exo, en cas de panne du REM. = »
Par ailleurs, il ne croit pas que la disparition des voies réservées nuira à la fluidité des autocars de Limocar et du service de transport de Saint-Jean-sur-Richelieu. « Ça ne changera pas grand-chose pour eux, affirme Martin Chamberland. On parle de 25 ou 30 autobus aux heures de pointe. »
À lire aussi : Transports, 6 conseils pour économiser
L'envoi de commentaires est un privilège réservé à nos abonnés.
Déjà abonné? Connectez-vous
Il n'y a pas de commentaires, soyez le premier à commenter.