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Transport en commun : gratuité pour les plus de 65 ans à Montréal

Par Jean-François Gazaille
Derek Robbins/Shutterstock.com

Dès le 1er juillet, les Montréalais de plus de 65 ans pourront voyager gratuitement sur le réseau de la Société de transport de Montréal (STM). Mais ce service n’est pas aussi équitable qu’il y paraît.

La mairesse Valérie Plante avait promis la gratuité du transport collectif pour les usagers de 65 ans et plus une première fois lors de sa première campagne électorale en 2017. Elle l’a remise au programme aux élections municipales de 2021 et en a confirmé la mise en place lors de la présentation de son dernier budget en novembre 2022.

Dès juillet, les personnes de plus de 65 ans habitant l’une ou l’autre des 16 municipalités de l’île de Montréal pourront en tout temps, et sans qu’il leur en coûte un sou, emprunter les autobus de la STM, le métro, le transport adapté, les trains de banlieue et le REM — lorsqu’il entrera en service…

Le titre Gratuité 65+ coûtera environ 40 millions de dollars par année aux contribuables montréalais. La STM avait déjà abaissé à 28,25 $ le tarif d’un titre mensuel pour les aînés, soit un rabais de 40 % sur le tarif ordinaire de 94 $.

En 2021, les usagers de plus de 65 ans résidant à Laval, dans l’agglomération de Longueuil et dans l’île de Montréal représentaient 13 % de l’ensemble de la clientèle de la STM.

La mesure existe en dehors de Montréal

Cette mesure est nouvelle, mais elle n’est pas l’apanage des Montréalais de plus de 65 ans.

Les aînés de Laval peuvent, depuis 2014, se procurer sans frais le titre Horizon 65+, lequel leur permet de voyager comme bon leur semble à bord d’un autobus de la Société de transport de Laval (STL).

Le Réseau de transport de Longueuil (RTL) est plus pingre : il met gracieusement sa flotte de bus à la disposition des aînés de Brossard, Boucherville, Longueuil et Saint-Lambert… mais uniquement en dehors des heures de pointe !

Dans la deuxième couronne, Exo accorde aussi le même genre de privilège aux citoyens de plus de 65 ans, sous certaines conditions : c’est le cas pour les MRC de L’Assomption, de Terrebonne, de Mascouche, de Saint-Jérôme et de Contrecœur.

Par ailleurs, sur la Rive-Sud, l’agence Exo offre aux citoyens de plusieurs municipalités, sans égard à leur groupe d’âge, du transport public gratuit pour les déplacements à l’intérieur de certains secteurs (Chambly-Richelieu-Carignan, Le Richelain, Roussillon, Sainte-Julie, Belœil et McMasterville).

Enfin, une autre catégorie d’usagers peut se déplacer sans frais dans la grande région de Montréal. En effet, depuis juillet 2021, les enfants de moins de 11 ans, accompagnés d’une personne de plus de 14 ans détenant un titre de transport valide, peuvent utiliser gratuitement le réseau de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM).

Généreux mais pas si efficace

Bien que la gratuité du transport pour les aînés soit en apparence une mesure généreuse, c’est une fausse bonne idée, estime Axel Fournier, porte-parole de l’Association pour le transport collectif de la Rive-Sud (ATCRC).

« La gratuité du service local est plus un symptôme qui révèle que le service, à la base, n’est pas efficace puisque le réseau en place ne suffit pas en soi à attirer des utilisateurs », observe M. Fournier.

Sarah V. Doyon, directrice générale de Trajectoire Québec, un organisme de promotion des transports publics, est, elle aussi, réticente. « Ce n’est pas la meilleure façon de rendre le transport collectif abordable dans une perspective d’équité sociale », dit-elle.

Selon Mme Doyon, cette politique tous azimuts a le défaut d’accorder un privilège à des gens qui n’en ont pas vraiment besoin — comme les personnes jouissant d’une retraite confortable parce qu’elles ont toujours vécu dans l’abondance ou qu’elles bénéficient d’un bon régime de pension.

On pourrait, par exemple, rencontrer des situations où une jeune employée de maison sans moyens et vivant dans un quartier défavorisé de la ville devrait payer son transport en commun pour aller travailler chez de riches retraités qui, eux, bénéficient de la gratuité des transports parce qu’ils ont plus de 65 ans. Paradoxal, non ?

Faisons payer les riches

La seule véritable solution équitable, d’après Sarah V. Doyon, consisterait à mettre partout en pratique une mesure déjà en vigueur dans certaines régions : la tarification sociale.

Depuis le premier mai, le Réseau de transport de la Capitale (RTC) offre, en effet, un rabais de 33 % sur le tarif de tous les titres de transport pour les personnes à faible revenu.

Par exemple, une personne seule ayant un revenu annuel de moins de 29 380 $ peut réclamer ce rabais. Il en va de même pour une famille de quatre personnes dont le revenu annuel est d’au plus 54 594 $.

Un programme de tarification sociale est aussi en vigueur depuis 2018 à la Société de transport de l’Outaouais (STO) : le rabais pour les personnes à faible revenu est de 40 %. Pour sa part, la Société de transport de Sherbrooke (STS) propose jusqu’en avril 2024 un rabais de 50 % aux personnes et familles à faible revenu.

« Le coût des déplacements affecte la qualité de vie », insiste Mme Doyon, citant un avis de la Direction de santé publique de la Montérégie adressé à la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).

Publié en 2018, cet avis conclut que, comme « le revenu est le déterminant qui a l’impact le plus marqué sur l’état de santé et de bien-être de la population, […] il est prioritaire pour les municipalités qui composent la CMM d’adopter un modèle de tarification plus équitable pour les personnes à faible revenu ».

À lire aussi : Transport et voyage : comment se déplacer de façon plus durable ?

 

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  • Par Chantal Marcil
    27 juin 2023

    Dans la plupart des cas, lorsqu’un retraité a une pension à peu près raisonnable, c’est qu’il a travaillé sans arrêt pendant plus de 40 ans. Il n’a pas travaillé deux ans puis arrêté parce qu’il n’en avait plus envie, ou pour ceci ou cela. Et il ne roule pas sur l’or car sa pension n’augmente pas d’année en année. Il mérite amplement de pouvoir se déplacer sans frais (ce qu’il fait le plus souvent pour des rendez-vous médicaux).

  • Par Luc Charbonneau
    14 juin 2023

    Équité sociale compromise parce que les riches peuvent en profiter? Je soupçonne que vous ne prenez pas souvent le bus a Montréal : je n'ai jamais vu une personne riche l'utiliser.