Riz : une pénurie provoquée par les consommateurs ?

L’Inde exporte environ 40 % du riz en circulation sur la planète. Il y a quelques jours, le gouvernement indien a décidé de cesser l’exportation de riz non basmati afin de garantir l’approvisionnement adéquat de sa population et d’atténuer la hausse des prix sur le marché local.

Cette interdiction d’exportation a eu un impact immédiat dans les commerces du Canada et des États-Unis où des consommateurs se sont rués pour se procurer plusieurs sacs de riz.

« Si tout le monde achète cinq ou dix fois plus de riz que ce qu’il achète habituellement, nous pourrions voir une hausse du prix temporaire puisqu’il y aura un déséquilibre entre l’offre et la demande », prévient Maurice Doyon, professeur au Département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation de l’Université Laval.

Avant l’annonce du gouvernement indien, le prix du riz avait bondi de 10 % depuis l’automne dernier. En effet, une tonne de riz se vendait à 330 $ en septembre 2022 comparativement à 450 $ en juillet 2023, selon des chiffres obtenus par Radio-Canada.

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Une pénurie temporaire ?

L’achat massif de cette céréale pourrait entraîner une pénurie de riz dans certains supermarchés. « Il pourrait y avoir des tablettes vides, souligne le professeur, mais ça ne sera que provisoire. La personne qui va acheter dix sacs de riz n’en achètera pas d’autres avant longtemps. »

La crainte des consommateurs de manquer de riz ou de voir les prix s’envoler pousse à faire des provisions. Ironiquement, ce réflexe contribue à une hausse des prix et à une pénurie temporaire.

« Si un consommateur se rend dans une ou deux épiceries et voit les tablettes de riz vides, il va s’inquiéter. La prochaine fois qu’il en voit dans un commerce, il va acheter plusieurs sacs », observe Maurice Doyon.

La demande est si forte à certains endroits au Canada et aux États-Unis que des commerçants ont limité le nombre de sacs de riz par clients. La situation rappelle la pénurie de papier hygiénique en 2020. Les détaillants n’avaient alors eu d’autre choix que d’imposer une limite d’achat sur ce produit.

Peu d’impact au Canada

Pourtant, la situation est loin d’être alarmante au pays. « Nous consommons moins de riz par habitant que plusieurs pays, dit Maurice Doyon. De plus, nous avons d’autres sources d’approvisionnement : nous importons du riz des États-Unis, des pays européens et des pays asiatiques. L’impact est donc moins important. »

L’an dernier, le Canada a acheté pour 139 millions de dollars de riz provenant de l’Inde, ce qui représente 21 % de nos importations totales de riz (651 M $). Et dans tout le riz indien importé au pays, la plus grosse part est du riz basmati qui n’est pas visé par l’interdiction d’exportation de l’Inde.

« Il n’y aura pas de pénuries au pays, sinon des pénuries temporaires provoquées par les comportements des consommateurs », conclut le professeur Doyon.

Des aliments plus chers en 2023

Le prix plus élevé du riz aura cependant un impact pour certaines communautés culturelles qui consomment cet aliment chaque jour au cours de leurs repas.

Plusieurs autres produits alimentaires coûteront aussi plus cher cette année, selon le Rapport sur les prix des aliments au Canada en 2023 publié par l’Université Dalhousie. Le prix de la nourriture devrait augmenter en moyenne de 5 % à 7 % au cours de cette année. Les légumes, les produits laitiers et la viande connaîtront les augmentations les plus importantes.

Concrètement, une famille de quatre personnes devrait dépenser environ 16 000 $ par an pour se nourrir, soit une hausse de 1 065 $ par rapport à 2022.

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