Trouver son sapin de Noël avant qu’il ne soit trop tard !
Après les pénuries de puces électroniques, de matériaux de construction et de main-d’œuvre, voilà que s’amène celle… des arbres de Noël ! Producteurs et distributeurs indiquent que les sapins se feront rares à l’approche des Fêtes. Le mot d’ordre : hâtez-vous !
La pénurie menaçant, faudra-t-il opter pour le premier arbre qui croisera votre chemin ? La quête du «plusss beau sapin du monde» risque en effet de s’apparenter à la quête du Saint Graal encore cette année. À moins d’avoir de la famille qui habite en campagne ou de s’y prendre tôt, genre maintenant, alors que l’inventaire est élevé chez plusieurs commerçants.
Le producteur de sapins baumiers Renaud Audet n’a pas osé se prononcer sur la longévité de ses stocks lorsque nous l’avons rencontré par une soirée froide de la semaine dernière à son kiosque, dans le stationnement de Place Versailles, dans l’est de Montréal. «Je ne crois pas manquer de sapins de Noël cette année, mais on ne sait jamais», a-t-il dit, ajoutant qu’il n’envisageait pas d’aller couper d’autres arbres sur ses terres, dans Bellechasse, s’il venait à en manquer, car la neige tombée dans l’est du Québec rendrait la coupe difficile.
Une demande locale croissante
Plusieurs facteurs ont contribué à la rareté des sapins de Noël dans la province. Au premier chef, on pourrait dire que l’industrie est victime de son succès.
«Il y a plusieurs années que nous faisons la promotion du sapin naturel québécois, indique l’agronome et vice-présidente de l’Association des producteurs d’arbres de Noël du Québec (APANQ), Émilie Turcotte-Côté. Et aujourd’hui, nous récoltons les fruits de nos efforts passés, c’est le cas de le dire.»
Il faut savoir que l’arbre met une dizaine d’années à atteindre la taille commercialisable et que la demande locale pour l’arbre naturel est très forte depuis quelques années, après quelques années de vaches maigres pour plusieurs producteurs, d’après Mme Turcotte-Côté. Résultats : plusieurs ont fait faillite, abandonné l’industrie ou opté pour d’autres productions plus rentables.
Consolidation et manque de main-d’œuvre
La consolidation de l’industrie a aussi contribué à réduire l’offre locale d’arbres naturels. La rareté ayant poussé les prix à la hausse, plusieurs de ceux qui étaient restés en affaires ont choisi de vendre leur entreprise à des sociétés plus grandes au moment où c’était le plus payant pour eux de le faire. Le rachat des petits producteurs a permis aux acquéreurs d’aspirer à desservir de gros clients étrangers en raison de leurs volumes de production accrus.
D’ailleurs, lorsque nous avons parlé à Émilie Turcotte-Côté, elle s’affairait à finaliser l’envoi de plusieurs milliers d’arbres à l’étranger pour le compte de son employeur, BL Christmas Trees, de Sherbrooke, qui exporte aussi loin qu’au Venezuela.
La pénurie de main-d’œuvre explique aussi en partie pourquoi l’offre est moins grande que par le passé. Ce sont les travailleurs temporaires étrangers qui permettent à l’industrie du sapin de Noël de s’en sortir, comme dans le cas de la production agricole, d’ailleurs. Sans eux, point de salut.
Chez BL Christmas Trees, par exemple, qui ne vend pas aux particuliers directement, quelque 200 travailleurs étrangers viennent prêter main-forte, sur une équipe constituée d’environ 225 personnes. L’employeur leur fournit même des vêtements chauds pour la durée de leur séjour !
Hausse des exportations
Le Québec exporte aujourd’hui près de 2 millions d’arbres, le sommet ayant été atteint en 2019, juste avant la pandémie. Il s’agit du double par rapport à 1996, alors que la province en exportait un peu plus de 1 million. Côté prix, ils sont passés de 13 $ (1996) l’unité à près de 31 $ (2021), une hausse de 55 %, selon des données de Global Trade Tracker compilées par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).
Les principales destinations des arbres québécois, selon le MAPAQ, sont :
- Les États-Unis (New York, Massachusetts et Caroline du Nord)
- Le Venezuela
- Les Bermudes
- Les Bahamas
- Aruba
De plus, à cause des feux de forêt qui ont sévi aux États-Unis, la demande pour les produits québécois sera encore forte pour quelques années, estime Mme Turcotte-Côté, de BL Christmas Trees.
Il est difficile de vendre cher au Québec, déplore finalement M. Audet, qui vend ses arbres de 15 à 100 $, selon la taille. Ce producteur de sapins baumiers a même acheté des sapins Fraser afin de satisfaire certains clients qui les préfèrent, car «ils perdent moins d’aiguilles que les baumiers». On devine que la marge de profit est encore plus mince sur ces arbres.
Où trouver son sapin ?
Il est possible de se procurer un sapin dans certains marchés publics de la métropole, ainsi que dans certaines épiceries et grandes surfaces. Un outil de recherche par codes postaux en ligne vous permet de trouver un détaillant près de chez vous. Il ne recense toutefois que les points de vente des membres de l’Association des producteurs d’arbres de Noël du Québec. L’autocueillette est aussi accessible pour ceux qui disposent d’une voiture. Un conseil : informez-vous avant de partir et prévoyez de l’argent comptant, car Interac fonctionne difficilement à l’orée de la forêt…
Photo : Bl Christmas Trees
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