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Par Benoîte Labrosse
Que penser des nouvelles tendances alimentaires pour chiens? Darya Lavinskaya/Shutterstock.com

Alimentation crue; nourriture sans grains, végétarienne, ou encore à base d’insectes : diverses diètes pour chiens assez éloignées des croquettes traditionnelles gagnent en popularité. Nous en avons discuté avec des spécialistes de la nutrition animale.

La nourriture végétarienne ou végétalienne
La nourriture à base d’insectes
Le cas de l’alimentation crue
La nourriture maison : pas plus économique 
Quelques autres tendances

« Cinq à sept ans après l’apparition d’une tendance dans l’alimentation humaine, elle se retrouve dans la nourriture des animaux de compagnie », constate Younès Chorfi, professeur en nutrition animale à l’Université de Montréal qui n’a pas participé à notre test de croquettes pour chiens. « C’est normal; les gens veulent que leurs proches mangent comme eux », ajoute-t-il.

Ainsi, une variété de nourritures qualifiées de « non conventionnelles » ont fait leur entrée sur le marché. « Ce sont des options, et je n’en condamne aucune, affirme Serge Boutet, agronome expert en nutrition animale. Mais il ne faut pas oublier que, même s’ils consomment souvent les mêmes ingrédients que nous, les chiens ne sont pas de petits humains; ils ont des besoins différents. »

C’est sans compter qu’ils mangent généralement la même chose tous les jours. « Contrairement à l’humain qui trouve son équilibre en changeant de menu tous les repas, le chien doit retrouver dans chaque bouchée tout ce qui répond à ses besoins », fait valoir le professeur Chorfi.  

La nourriture végétarienne ou végétalienne 

Les spécialistes interrogés estiment qu’il est possible pour les fabricants de développer une nourriture pour chiens « complète et balancée » sans recourir aux protéines animales. Cela dit, ils insistent sur le fait que l’ajout de plusieurs vitamines, acides aminés et enzymes est alors essentiel pour éviter les carences.

« Le fait de ne pas utiliser d’ingrédients d’origine animale nécessite une expertise avancée en nutrition, que ce soit celle d’un docteur en nutrition ou d’un vétérinaire nutritionniste », souligne Anna Kate Shoveller, professeure au Département de biosciences animales de l’Université de Guelph, en Ontario, et titulaire de la Chaire Champion Petfoods en nutrition, physiologie et métabolisme félins et canins. 

Une diète végétarienne qui inclut les œufs est vue d’un meilleur œil, puisque ceux-ci sont « une source impeccable de protéines », précise Younès Chorfi. Les levures constituent aussi une option intéressante, car « elles ont un profil d’acide aminé qui est supérieur aux végétaux et qui peut se rapprocher de celui des viandes », relève Serge Boutet. 

Consultez notre liste de sacs de nourriture pour chiens recommandés.

La nourriture à base d’insectes

La nourriture faite à partir d’insectes attire les personnes qui sont soucieuses de réduire leur empreinte écologique, car ces petites bestioles sont considérées comme une source alimentaire durable. Bonne nouvelle : elle est aussi adaptée pour les chiens.

Les protéines des trois insectes utilisés dans les recettes actuelles – le ver de farine, la mouche soldat noire et le grillon – « sont très comparables aux autres sources de protéines animales comme le poulet ou le poisson », explique Younès Chorfi.  

« Il y a beaucoup de développements dans ce secteur : il se fait maintenant de la production industrielle d’insectes au Québec, ainsi que de la recherche en alimentation animale », poursuit Serge Boutet, un pionnier du domaine en Amérique du Nord. 

L’agronome croit que le faible nombre de produits à base d’insectes offerts ici est lié à la « réticence » des Nord-Américains. « En Europe, il y a une cinquantaine de ces produits pour les chiens et chats sur le marché », fait-il remarquer.

Le cas de l’alimentation crue

Composée de viande, d’organes, d’os et d’œufs non cuits ou encore de produits laitiers non pasteurisés, l’alimentation crue suscite des réactions contrastées. Ses adeptes – de même que les fabricants chez qui ils s’approvisionnement – avancent que c’est un régime plus près de ce que les chiens et les chats mangeraient dans la nature, et donc plus approprié à leurs besoins biologiques. À l’inverse, la plupart des praticiens et des chercheurs du domaine s’en méfient.

« La nourriture crue n’est recommandée par aucune organisation vétérinaire, résume Younès Chorfi. Pas parce qu’on ne peut pas en faire une version complète et balancée, mais parce qu’il y a un risque de santé publique. »

« Le haut taux d’humidité des aliments crus en fait un milieu très propice au développement des bactéries et des moisissures », reconnaît Serge Boutet, qui considère toutefois qu’il s’agit d’ « une option alimentaire parmi d’autres ».

Plusieurs cas d’infections bactériennes, entre autres à la salmonelle et à l’E. coli, ont effectivement été recensés au sein de familles qui offrent des gâteries ou des repas crus à leur compagnon poilu. Au point où l’Agence de la santé publique du Canada « ne recommande pas de donner des aliments ou des gâteries crus aux animaux de compagnie », en particulier si ces derniers cohabitent avec de jeunes enfants, des femmes enceintes, des aînés ou des personnes dont le système immunitaire est affaibli.

« Il faut vraiment être vigilant quand on utilise de la nourriture crue, insiste Serge Boutet. Il faut lui apporter le même soin qu’à un tartare ou à un sushi. » En d’autres mots, vous devez vous assurer de la fraîcheur des ingrédients, ne pas laisser les portions sur le comptoir ou dans une gamelle pendant des heures, bien vous laver les mains après avoir manipulé la nourriture et la mettre hors de portée des enfants.    

Poursuivant dans l’analogie avec la nourriture humaine, le professeur Younès Chorfi fait valoir qu’ « il est possible de manger du tartare de temps en temps sans problème, mais en manger 365 jours par année augmente beaucoup les risques d’en consommer qui soit contaminé ».

« C’est sans compter qu’aucune étude scientifique revue par les pairs ne démontre qu’il y a un avantage quelconque pour les animaux à manger de la nourriture crue plutôt que de la nourriture cuite, souligne-t-il. Le jeu n’en vaut pas la chandelle. »

La nourriture maison : pas plus économique

En ces temps inflationnistes, des propriétaires de chien décident de préparer eux-mêmes la nourriture – crue ou cuite – de leur ami à quatre pattes, dans le but d’économiser. Or, ils font fausse route, selon les experts. 

« La nourriture maison pour chiens ne risque pas de revenir moins chère que celle achetée en magasin, car les ingrédients destinés à la consommation humaine qui sont utilisés sont plus coûteux », note la professeure Anna Kate Shoveller. 

Elle ajoute que « les diètes maison sont souvent déficientes ou déséquilibrées en ce qui a trait aux micronutriments »; les suppléments nécessaires pour pallier ces carences augmentent donc la facture. N’oublions pas non plus le temps investi dans la préparation de tels repas plutôt que dans d’autres activités (lucratives ou non). 

Quelques autres tendances

Parmi les grandes tendances observées par les spécialistes interrogés, mentionnons également la nourriture sans grains. « C’est principalement basé sur l’idée que le chien est carnivore, ce qui est faux; c’est un omnivore », rappelle Younès Chorfi.

D’autres nourritures pour chiens dites « non conventionnelles » connaissent une certaine popularité : holistique, naturelle, biologique… « Ce sont généralement des produits de niche, destinés à aller chercher des parts de marché chez les propriétaires d’animaux qui suivent eux-mêmes ces tendances alimentaires. »

Cela dit, les experts reconnaissent que certaines diètes peuvent être adaptées à un chien qui a une pathologie, une allergie ou une intolérance particulière. « En nutrition, il n’y a rien de magique, nuance le professeur Chorfi. L’aliment doit répondre à un besoin. »

Dans tous les cas, il insiste sur le fait que le propriétaire devrait se questionner sur ses motivations à préférer un type d’alimentation à un autre pour son animal de compagnie : « L’objectif est-il le bien-être de l’animal, ou plutôt le respect de l’idéologie de l’humain qui le nourrit? »

À lire aussi : Nourriture pour chiens : 353 produits testésConseils d'experts pour bien nourrir votre chien et Votre gomme à mâcher pourrait tuer votre chien

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  • Par Odile Lapierre
    22 février 2025

    Je ne trouve nulle part d'information (autre que venant des fabricants) dse nourritures crues déshydratée, comme la marque québécoise Hurraw... Je ne suis pas du tout en faveur de l'alimentation crue pour dse motifs sanitaires., mais qu'en est-il du cru déshydraté?

    journalist
    Par Céline Montpetit de Protégez-Vous
    24 février 2025

    Bonjour Madame Lapierre,
    Merci de nous avoir écrit. C'est un sujet qui n’a pas été abordé par les experts avec qui nous avons travaillé, mais nous gardons l’information en note pour une prochaine mise à jour du test.