Comparer le prix des médicaments : un sujet délicat

Par Catherine Crépeau (journaliste) et Capucine Cloutier (chargée de projets)

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Les pharmaciens ont pris l’habitude de présenter des factures détaillant leurs honoraires, mais ils restent réticents à donner des prix au téléphone. Vous devrez faire preuve de persévérance et de vigilance pour obtenir l’information.

La majorité des 188 pharmacies que nous avons contactées lors de notre enquête a accepté de nous détailler par téléphone le prix des quatre médicaments brevetés et de leur version générique. Mais l’exercice a été ardu.

Dans plusieurs cas, nos clients-mystères ont dû insister ou expliquer, par exemple, qu’ils venaient d’adhérer à une assurance collective privée et qu’ils désiraient prévoir leur budget. Malgré tout, 25 % des pharmacies contactées ont refusé de divulguer le prix du médicament et de leurs honoraires. Les raisons invoquées sont nombreuses :

interdiction de donner des prix au téléphone;
ouverture de dossier obligatoire;
calcul d’honoraires impossible sans facture;
méconnaissance du système informatique.

Manque de temps et contraintes techniques

Si on vous dit qu’il est illégal de fournir un prix par téléphone, sachez que c’est faux. Ce qui est interdit, en vertu de la Loi sur les aliments et drogues du gouvernement du Canada et du Code de déontologie des pharmaciens, c’est de faire de la publicité sur des médicaments d’ordonnance ou d’en indiquer le coût dans une circulaire. Le pharmacien peut cependant afficher le prix d’un médicament d’ordonnance – honoraires compris – à l’intérieur de sa pharmacie.

Toutefois, il est vrai que donner le coût de ces produits ne se limite pas à consulter une liste. « Le pharmacien doit ouvrir un dossier et créer une fausse ordonnance pour obtenir le prix du médicament et calculer les honoraires; ça demande du temps », explique Marie-Pascale Beaulieu, directrice, services pharmaceutiques, à l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP).

Malgré tout, le président de l’Ordre des pharmaciens du Québec, Jean-François Desgagné, croit que les patients devraient pouvoir obtenir le prix de leur médicament avant d’en faire l’achat. Le vice-président à la direction et directeur général de l’AQPP, Jean Bourcier, suggère pour sa part de magasiner en personne afin de rencontrer le pharmacien et d’évaluer les autres services offerts (infirmière sur place, vaccination, prise de tension artérielle, etc.).

Un seul dossier

Magasiner vos médicaments ne signifie pas qu’il faut ouvrir un dossier dans plusieurs pharmacies afin de profiter du meilleur prix pour chacun d’eux. Une telle démarche empêche le pharmacien d’avoir une vue d’ensemble et d’évaluer si certains de vos médicaments sont incompatibles. Examinez le coût global de votre médication – et les services offerts – avant de choisir la pharmacie où vous ouvrirez votre dossier.

À retenir

Le prix de vos médicaments peut varier de plusieurs dizaines de dollars d’une pharmacie à une autre, même au sein d’une seule enseigne.
Ces écarts s’expliquent par les honoraires des pharmaciens, qui peuvent se situer entre 6 $ et 29 $.
Alors que le coût du médicament, avant honoraires, devrait être le même partout, de 50 à 66 % de ceux obtenus par nos clients-mystères ne correspondaient pas au prix courant de la RAMQ.