J’étais en train d’étudier l’empreinte carbone de notre alimentation quand la mauvaise nouvelle est tombée: 1 kg de chocolat peut avoir autant d’impact que 1 kg de bœuf ! Comment est-ce possible? Calculer l’empreinte environnementale des produits sur leur cycle de vie, c’est mon métier. J’ai donc décidé de mener l’enquête pour comprendre les impacts cachés derrière cette gourmandise populaire. Eh oui, un Canadien mange en moyenne plus d’une barre de chocolat par semaine.
Une tablette de 100 g de chocolat émet en moyenne 1,5 kg d’équivalent CO2, soit autant qu’une auto qui roule sur 4 km. Cette empreinte carbone mesure les impacts potentiels sur les changements climatiques de tout le cycle de vie du chocolat: culture et transport du cacao, transformation en produits cacaotés (comme le beurre de cacao) et mélange avec d’autres ingrédients pour fabriquer le chocolat, emballage et distribution, consommation et traitement des déchets. Mais, en réalité, l’empreinte carbone d’une tablette peut varier entre 0,25 et 3 kg d’équivalent CO2. Pourquoi? Tout dépend du mode de culture du cacao et du type de chocolat.
La principale responsable de l’empreinte carbone du chocolat, c’est la déforestation!
Les trois quarts de la production mondiale de cacao proviennent de petits producteurs concentrés dans quatre pays d’Afrique de l’Ouest, comme la Côte d’Ivoire. Pour répondre à la demande en cacao, qui a doublé en 30 ans, ces producteurs ont augmenté les surfaces cultivées, provoquant la disparition de 70 % des forêts naturelles dans ces pays. Cette déforestation massive a des impacts environnementaux dramatiques, notamment sur les changements climatiques et la perte de biodiversité. La majorité du cacao produit actuellement est donc issu de la déforestation.
Un chocolat noir zéro déforestation a une empreinte carbone presque 10 fois plus faible qu’avec déforestation. Néanmoins, même sans déforestation, l’étape de culture du cacao reste la plus nuisible à cause de l’utilisation d’engrais et de pesticides en agriculture conventionnelle.
D’autres techniques, comme l’agroforesterie ou l’agriculture biologique, peuvent réduire cet impact environnemental, et même aider à régénérer les terres dégradées. Cependant, les petits producteurs doivent être formés à ces meilleures pratiques.
Noir, au lait ou blanc: tous les chocolats n’ont pas la même empreinte environnementale
Tout dépend de la proportion des ingrédients comme le cacao, le sucre et le lait. Plus la teneur en cacao sera élevée, et plus le chocolat noir aura d’impact. L’ajout de lait fait également augmenter l’empreinte carbone du chocolat blanc et au lait comparé à un chocolat noir 70 %… pour un cacao sans déforestation. En revanche, ce sera l’inverse pour un cacao avec déforestation. Pas simple? Oui, je sais.
La pauvreté des producteurs de cacao en toile de fond
Quand on achète une tablette de chocolat, seul 6,6 % de son prix revient aux producteurs de cacao, le gros des bénéfices allant dans les poches du fabricant et du distributeur de chocolat. Presque aucun petit producteur de cacao ne gagne un revenu lui permettant de faire vivre sa famille dignement, d’après le baromètre du cacao. Aussi, ces producteurs font souvent travailler leurs enfants pour subvenir à leurs besoins. L’extrême pauvreté des producteurs est la cause profonde de la plupart des enjeux reliés au chocolat, y compris la déforestation, qui est le moyen le plus rapide et le moins coûteux d’augmenter leur productivité à court terme. Malheureusement, la faim justifie aujourd’hui les moyens.
Des solutions pour une consommation de chocolat responsable
- Privilégiez le chocolat issu du commerce équitable pour assurer un meilleur revenu pour les producteurs de cacao. Pour vous y retrouver avec les logos comme Fairtrade, jetez un œil au décodeur de Protégez-Vous.
- Choisissez un chocolat certifié sans déforestation, en cherchant par exemple le logo Rainforest Alliance Certified. S’il est biologique, c’est encore mieux.
- Préférez les petits fabricants de chocolat locaux, comme Avanaa, qui pourront vous renseigner sur la provenance de leur cacao et vous assurer qu’il n’est pas issu de la déforestation. Les grandes marques internationales, comme Nestlé, font aujourd’hui des efforts pour améliorer la durabilité et la traçabilité de leur cacao, mais ils ne peuvent pas encore garantir un chocolat sans déforestation.
- Pensez à modérer votre consommation de chocolat en préférant la qualité à la quantité, et évitez à tout prix le gaspillage. C’est bon pour le portefeuille et pour la planète.
- Et l’emballage? Comme il ne représente qu’un petit pourcentage de l’empreinte carbone, je dirais qu’acheter le chocolat en vrac n’est pas une priorité.
P.-S. J’ai consommé 1 tablette de chocolat noir 70 % en écrivant cet article.
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