Voyager en avion n’a pas bonne presse : cette solution est souvent pointée du doigt à cause de son bilan environnemental.
Pourtant, le secteur du transport aérien ne représente qu’environ 2 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) contre 12 % pour le secteur du transport routier. Et sur les routes, 60 % des émissions proviennent du transport de passagers (principalement les autos).
Nos déplacements font mal à la planète, et la meilleure option restera toujours de les réduire. Mais, si on n’a pas le choix et qu’on doit vraiment se rendre à l’autre bout du Canada, quelle option est la meilleure pour le climat, et à quelles conditions ?
Comprendre l’empreinte carbone d’un voyage en avion
Regardons d’abord les paramètres dont il faut tenir compte pour calculer les émissions de GES d’un vol aérien.
Plus un avion parcourt une grande distance, plus il émet des GES en brûlant du carburant. La taille de l’avion est également importante à considérer : plus l’avion est gros, plus il consomme de carburant.
À chaque décollage et atterrissage, il émet aussi une quantité importante de dioxyde de carbone (CO2) proportionnelle à son poids. Ainsi, plus un avion parcourt de courtes distances, plus ses émissions de CO2 par kilomètre seront élevées. Un vol avec escale aura donc une empreinte carbone plus élevée qu’un vol direct.
D’autres paramètres comme la météo peuvent faire varier la consommation d’un avion, mais ces phénomènes très spécifiques au contexte de chaque vol ne sont généralement pas pris en compte dans les estimations d’émissions de vol.
Une fois calculées les émissions totales d’un vol, il faut ensuite les répartir entre les passagers pour obtenir la quantité d’équivalent CO2 par passager et par trajet. Cette quantité va dépendre de la configuration des sièges dans l’avion : plus l’avion contient de sièges, plus l’impact par passager sera faible. De plus, un siège en première classe occupe environ cinq fois plus d’espace qu’un siège en classe économique – voyager en classe éco sera donc moins polluant.
Enfin, il est important de savoir à quel point l’avion est rempli (taux d’occupation). En effet, moins il y a de passagers dans l’avion, plus l’impact attribué à chacun de ces passagers va augmenter. Ainsi, les avions effectuant de courts trajets (300 km), qui sont souvent des petits avions légers pouvant transporter un nombre limité de passagers, auront généralement une quantité d’émissions de GES par passager et par kilomètre parcouru plus élevée que les plus gros avions effectuant de plus longs trajets.
Pour nous aider à faire des choix éclairés, Google Flights affiche maintenant les émissions de CO2 par passager pour chaque vol proposé. Cependant, il est important de comprendre les limites des chiffres affichés. D’une part, Google Flights ne prend pas en compte les taux d’occupation spécifiques à chaque trajet (à part pour les vols passant par les États-Unis) qui peuvent varier grandement d’une destination à l’autre et d’un moment de l’année à l’autre. D’autre part, l’impact d’un trajet en avion ne se résume pas aux émissions générées pendant le vol. L’empreinte carbone doit tenir compte des émissions de GES sur le cycle de vie complet d’un vol, en incluant la production du carburant (extraction du pétrole brut, raffinage, etc.) ainsi que la construction de l’avion, sa maintenance, sa fin de vie, les émissions associées à l’aéroport, etc. Il faut donc ajouter environ 25 % au chiffre affiché par Google Flights pour obtenir une estimation plus proche de la réalité.
Enfin, les estimations actuelles de l'empreinte carbone d'un vol ne prennent pas en compte les effets hors-CO2, principalement causés par la formation de trainées de condensation en haute altitude qui augmentent l'effet de serre. Ces phénomènes très incertains et complexes à estimer pourraient venir doubler l'empreinte carbone d'un vol en avion.
Pour de longs trajets : préférer l’avion
Comparons maintenant le même trajet en avion (sans escale) ou en auto, en supposant pour notre scénario qu’il y a deux passagers dans l’auto.
Pour un déplacement Montréal-Québec ou Montréal-Ottawa, l’empreinte carbone en avion sera de 1,5 à 2 fois plus élevée qu’en auto.
En revanche, c’est l’inverse sur de grandes distances : pour un trajet Montréal-Halifax ou Montréal-Vancouver, l’empreinte carbone d’un déplacement en avion sera presque deux fois moins élevée qu’en auto (à moins de parcourir la distance avec une auto électrique, ce qui dans ce cas, rend les deux options équivalentes).
Une auto pleine de passagers vient changer la donne
Si l’on est seul dans son auto, même des trajets courts s’avèrent moins intéressants : un Montréal-Québec ou un Montréal-Ottawa génèrent une empreinte carbone similaire à celle d’un déplacement en avion!
Mais dès que le nombre de passagers augmente dans le véhicule, et plus il y a de monde à bord, plus un déplacement automobile vient concurrencer l’avion, même sur de bonnes distances.
Ainsi, pour de longs trajets comme Montréal-Halifax ou Montréal-Vancouver, l’empreinte carbone par passager devient équivalente à celle de l’avion si l’on voyage avec quatre personnes dans la voiture.
Dans les faits, il est rare de voir plus de deux passagers dans une voiture, au Canada…
Mais tout de même : si on est capable de remplir son auto avec un maximum de passagers, en mutualisant le trajet avec sa famille, ses amis ou en faisant du covoiturage, alors l’auto devient moins dommageable pour le climat que l’avion, même sur de grandes distances.
Cette comparaison ne prend cependant pas en compte le temps de trajet qui peut s’étaler sur plusieurs jours, ce qui nécessite de manger et dormir à l’hôtel pendant le voyage…
Et le train ? Compétitif pour quelques destinations
La ligne de train Québec-Windsor est une des lignes les plus modernes et les plus fréquentées du Canada. Elle relie notamment Montréal à Québec, Ottawa et Toronto.
Sur cette ligne, l’empreinte carbone par passager est équivalente, à peu de choses près, à un trajet avec deux passagers dans l’auto. Prendre le train sur cette ligne est donc une bonne option pour éviter de se déplacer seul ou à deux en auto.
En revanche, d’après une étude récente, les lignes de train entre Toronto-Vancouver et Montréal-Halifax émettraient de 1,5 à 7 fois plus de GES par passager que le même trajet en avion en classe économique.
Comment expliquer cette mauvaise performance, alors que le train est généralement considéré comme une bonne option pour diminuer notre impact environnemental ?
D’une part, les trains au Canada ne sont remplis qu’à la moitié de leur capacité. Ce mode de transport n’est pas très populaire, ce qui fait radicalement augmenter l’empreinte carbone par passager.
D’autre part, les locomotives longue distance au Canada sont des locomotives diesels. Elles datent des années 1980 et sont équipées d’une vieille technologie peu efficace d’un point de vue énergétique. Elles émettent plus de polluants que la moyenne des trains dans le monde.
Vivement la modernisation des chemins de fer !
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