Autrefois monopolisé par des informations techniques, le tableau de bord a déjà amorcé sa révolution. Les compteurs, curseurs, boutons et autres commandes physiques cèdent la place aux écrans panoramiques haute définition tout scintillants… et de plus en plus chers à réparer.
Tous les essayeurs professionnels vous le confirmeront : toute cette assistance électronique rend la conduite automobile plus… ennuyeuse. Bientôt, si ça continue ainsi, le pare-brise sera devenu une grande surface d’affichage (une autre) derrière laquelle défilera, en arrière-plan, un paysage.
De l’indicateur de vitesse à l’infodivertissement
Au début du XXe siècle, le tableau de bord des premières automobiles avait pour seule fonction d’héberger l’indicateur de vitesse. Au fil des décennies, le nombre d’instruments n’a cessé d’augmenter : ampèremètre, jauge à essence, indicateurs de la température de l’eau ou de l’huile se sont ajoutés, pour ne nommer que ceux-là.
Aujourd’hui, ces paramètres utiles à la conduite sont relégués au second plan de l’arborescence du système d’infodivertissement.
C’est que les attentes durant la conduite ont changé. L’auto s’impose désormais comme un espace intermédiaire entre le travail et la maison.
L’industrie automobile anticipe aussi la commercialisation de modèles entièrement autonomes dans certaines conditions de circulation (sur l’autoroute, lors d’encombrements, etc.). Le tableau de bord aura alors pour mission de rassurer les occupants que leur voiture sans chauffeur connaît parfaitement l’environnement immédiat et les dangers qui les guettent.
Plus d’infos, plus d’écrans
Les écrans montés à bord de nos autos sont si captivants que notre regard risque d’en oublier la route.
La prolifération des écrans est née, dit-on, de l’envie de partager l’information. Tous les passagers veulent consulter la température extérieure, la distance à parcourir, le titre de la plage musicale à l’écoute.
L’avenir du tableau de bord passe à la fois par la diversité (le plus d’options possible) et par la simplification (s’y retrouver!), selon les constructeurs. Mais il s’accompagne aussi du dédoublement de l’information grâce au procédé d’affichage « tête haute », qui permet de projeter sur le pare-brise les informations de base (vitesse, autonomie et GPS par exemple) présentées derrière le volant.
On estime que, d’ici 2027, plus de 50 % des écrans d’un véhicule auront une surface supérieure à 9 pouces (22 cm). La tendance au « toujours plus gros » va s’accentuer : déjà, l’Hyperscreen de Mercedes occupe à lui seul 1,4 mètre du tableau de bord et compte huit processeurs pour le faire fonctionner!
Des milliers de dollars en réparation
Mais bien peu de gens se doutent du prix à payer quand toute cette technologie fait défaut.
Richard C. l’a appris à ses dépens. Propriétaire d’une Subaru 2019 avec moins de 50 000 kilomètres au compteur, il explique que sans aucune raison apparente, le module d’infodivertissement de son véhicule a cessé de fonctionner. « La garantie de trois ans étant échue, Subaru m’a proposé de le remplacer pour plus de 3 775 $ avant taxes, dit-il. Subaru a refusé de partager les coûts. Pour eux, il s’agissait d’un problème normal. »
Au moment de finaliser la transaction d’une Kia Soul 2023 100 % électrique, Francine G. a été étonnée d’entendre la directrice commerciale du concessionnaire lui suggérer de prendre une protection supplémentaire pour le système multimédia du véhicule. Ce dernier contrôle entre autres la radio, le GPS et le calcul de l’autonomie. « La garantie initiale du constructeur est de 5 ans ou 100 000 km sur le véhicule, mais l’ensemble multimédia n’est couvert que pour une période de 3 ans », s’est-elle fait dire. Coût d’une protection complémentaire ? 27,22 $ aux deux semaines durant 4 ans, pour un total de 2830,88 $ avant taxes !
La porte-parole de Kia au Québec, Don Madison, apporte quelques nuances. « Pour la Soul EV 2023, le système d’infodivertissement qui comprend l’écran, le GPS et les contrôles audio, est couvert par la garantie standard de Kia de 5 ans ou 100 000 km. Cependant, la couverture et la garantie exactes dépendent de la pièce qui fait défaut. Le système audio situé à l’intérieur du tableau de bord est garanti, lui, pour une période de 3 ans ou 60 000 km. »
Les marques Hyundai et Genesis, qui appartiennent au même constructeur, proposent aussi une protection de base de 5 ans/100 000 km et tiennent le même discours pour le système d’infodivertissement – soit 2 ans ou 40 000 km de moins que pour le reste du véhicule, selon certains de ses composants.
En tout cas, cela signifie que la garantie « pare-chocs à pare-chocs » exclut ces composants. Autant le savoir et bien lire les petits caractères du contrat d’achat de votre prochaine voiture avant de conclure la transaction...
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