Sécurité au volant : préférer les boutons aux écrans
Les études sont sans équivoque : dans nos véhicules hyperconnectés, écrans et commandes tactiles sont une source de distraction au volant. Pour limiter les risques d’accident, devrions-nous renouer avec les bons vieux boutons et molettes ?
Le grand écran « Hyperscreen » qui tapisse l’ensemble du tableau de bord de la Mercedes EQS attire bien des regards. Un monument de technologie. Mais son usage risque d’en déconcerter plusieurs : il n’y a plus de touches, plus de boutons physiques, plus de molettes à frôler du bout des doigts. Sur le moniteur central et celui devant le passager, tout se joue désormais de manière tactile et sans relief. On se perd aisément sur l’écran, dans les arborescences, à la recherche de fonctionnalités aussi basiques que la température de l’habitacle.
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57 % plus de temps de réaction avec un écran tactile
Mercedes n’est pas le seul constructeur à suivre cette tendance au minimalisme dans l’habitacle. Tous le font à des degrés divers. Au point d’inquiéter plusieurs auteurs de rapports en accidentologie à cause des distractions que tous ces écrans engendrent.
La plupart des constructeurs bloquent certaines fonctions lorsque le véhicule est en mouvement. Mais plusieurs applications demeurent accessibles en route, pour surveiller de plus près l’activité du véhicule par exemple. Et ce large éventail de tâches ou de contenus divertissants pousse le conducteur à quitter la route des yeux.
Qu’elles soient d’origine allemande, anglaise ou américaine, toutes les études au sujet de l’inattention au volant mentionnent que les écrans sont une cause importante d’accidents, de blessures graves et de décès. Dans l’une d’elles par exemple, publiée par Transport Research Foundation, en Angleterre, on apprend que le temps de réaction de l’automobiliste augmente de 30 % lorsque l’écran du tableau de bord est commandé par sa voix, et de 57 % s’il doit toucher une commande précise avec ses doigts.
Pianoter un pavé électroluminescent « oblige aussi à se déplacer si vous souhaitez l’atteindre, rappelle Matthew Valbuena, responsable des technologies intuitives chez Mazda. Cela ne plaide pas en faveur de l’ergonomie ni d’une conduite avec attention. »
Interfaces 3D
Pour maintenir la concentration, le constructeur japonais est parmi les rares concepteurs automobiles à refuser de rendre les écrans de ses véhicules tactiles.
Sans emprunter tout à fait le même chemin, son concurrent Hyundai fait marche arrière dans cette quête du sans bouton absolu. La firme sud-coréenne compte à l’avenir regarnir d’interrupteurs le tableau de bord de ses produits. La Ioniq 6 et la future Kona témoignent déjà de cette approche.
Mais toutes les marques n’ont visiblement pas l’intention de reculer, arguant que les contrôles gestuels et vocaux vont remédier aux dangers. Et de fait, dans plusieurs véhicules, on peut déjà appeler un correspondant, régler le volume de la radio ou la température de l’habitacle par la voix ou en effectuant simplement certains mouvements de la main sans contact (BMW).
Bien connaître ses outils
Peu importe la voie poursuivie par les constructeurs, à l’automobiliste de faire ses devoirs.
Avant de prendre la route, celui-ci doit se familiariser avec l’emplacement des commandes et, idéalement, paramétrer certaines d’entre elles (liste de lecture musicale, de navigation ou d’informations requises à la conduite). Un conseil qui s’appliquera également le jour où les législateurs du monde entier imposeront un dispositif chargé de ramener l’attention de conducteurs distraits – ce système existe déjà sur plusieurs véhicules.
Pour sa part, la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) reconnaît que l’écran d’affichage présente un risque de distraction. La SAAQ formule certaines recommandations, mais ne sanctionne pas son utilisation pour autant. Seul l’usage d’appareils portatifs est prohibé.
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