Garantie prolongée: la prendre ou pas?

C’est typique: quand vous achetez un nouvel ordinateur, le vendeur vous propose une garantie prolongée de un à trois ans au coût de 50 à 500 $. Normal, car ces garanties génèrent une marge bénéficiaire d’environ 50 % pour les détaillants, soit beaucoup plus que ce qu’ils touchent sur les produits qu’ils vendent. Mais ce qui est une très bonne affaire pour le commerçant l’est rarement aussi pour le consommateur! Depuis plusieurs années, Protégez-Vous conseille à ses lecteurs de refuser la garantie prolongée, et ce pour plusieurs raisons:

• Comme elle dure souvent deux ou trois ans à compter de la date d’achat, elle chevauche la garantie du fabricant pendant un an (durée de la plupart des garanties du fabricant) et n’ajoute donc qu’un an ou deux de protection.
• De nombreuses cartes de crédit or et platine doublent ou triplent gratuitement la garantie du fabricant jusqu’à concurrence d’un an ou deux, à condition de payer l’appareil avec la carte en question.
• Malgré le taux de bris élevé des ordinateurs, leur coût de réparation moyen est égal au prix d’une garantie prolongée. Bruno Pettersen Coulombe, technicien en informatique indépendant, arrive aux mêmes conclusions: «Pour un ordinateur de 1 000 $, la garantie prolongée peut coûter 300 $ environ. Dans la plupart des cas, s’il se brise, ça coûtera moins de 300 $ pour le faire réparer. »

Au Québec, les consommateurs ont une raison de plus de refuser la garantie prolongée: ils disposent d’une garantie légale en vertu de la Loi sur la protection du consommateur (LPC). Elle stipule que tout bien doit pouvoir servir à son usage normal pendant une durée raisonnable. En d’autres mots, si votre ordinateur rendait l’âme après un an et demi par exemple, vous pourriez intenter un recours judiciaire contre le détaillant et le fabricant. L’«usage normal» et la «durée raisonnable» d’un bien étant des concepts plutôt vagues, il appartient au juge de les déterminer au cas par cas. Depuis le 30 juin 2010, les vendeurs ont l’obligation de vous renseigner sur la garantie du fabricant (aussi appelée garantie conventionnelle) et la garantie légale avant de vous offrir une garantie prolongée.

Un détaillant ou un fabricant refuse de réparer ou de remplacer votre bien en vertu de la garantie légale? Vous pouvez envoyer une mise en demeure à chacun d’eux et les poursuivre à la cour des petites créances si vous n’arrivez pas à vous entendre. De nombreux consommateurs ont ainsi obtenu gain de cause.

Taux de bris de quelques produits dans les 4 premières années

Vous entendrez peut-être ceci au magasin: si vous ne prenez pas la garantie prolongée, vous devrez vous arranger avec le fabricant. Selon Jean Jacques Préaux, porte-parole de l’Office de la protection du consommateur, «il est évident que le commerçant s’expose à des poursuites s’il refuse sans raison valable de donner un service, à tout le moins minimal, à ses clients». Par ailleurs, l’article 49 de la LPC stipule que «le commerçant ou le fabricant assume les frais réels de transport ou d’expédition engagés à l’occasion de l’exécution d’une garantie conventionnelle, à moins qu’il n’en soit autrement stipulé dans l’écrit qui constate la garantie».

Batteries (parfois) non couvertes

Avant d’acheter une garantie prolongée, renseignez-vous sur la couverture exacte et sur les exclusions. Chez Future Shop et Best Buy, une garantie prolongée de deux ou trois ans débute dès l’achat, alors que chez Bureau en gros elle entre en vigueur à la fin de la garantie du fabricant. Par ailleurs, la garantie prolongée de Future Shop et celle de Best Buy excluent les batteries des portables, alors que celle de Bureau en gros les couvre à condition qu’elles tiennent leur charge pendant au plus 90 minutes.

Illustration: Yan Lanouette