Comparaison des services de Starlink et Xplore
Starlink et Xplore offrent deux technologies différentes pour accéder à Internet par satellite. Installation, forfaits, vitesse de téléchargement, latence : petit guide pour y voir plus clair sans perdre le nord.
L’un dispose de quatre gros satellites à 35 786 km de la Terre, tandis que l’autre en possède des milliers de petits à « seulement » 550 km, ce qui lui permet d’offrir un service plus rapide avec un délai plus court. Voilà, en gros, ce qui distingue Xplore de Starlink, les deux principaux fournisseurs satellitaires au Canada.
Xplore (anciennement Xplornet) a longtemps été la seule option offerte aux consommateurs québécois voulant accéder à Internet dans certaines régions éloignées ou zones mal desservies. Que ce soit en raison de ses prix élevés – plus de 100 $ par mois après la première année, peu importe le forfait – ou de sa technologie insuffisante pour les usages les plus exigeants (comme les vidéoconférences), l’entreprise ne jouit pas d’une très bonne popularité dans notre palmarès, où elle se classe dernière.
« Je suis abonné à Xplore parce que c’est le seul service accessible où j’habite, mais c’est très cher pour un service inintéressant », explique un participant au sondage, une impression qui résume assez bien les autres commentaires reçus.
Plusieurs répondants se sont d’ailleurs récemment abonnés à Starlink de SpaceX, l’entreprise spatiale d’Elon Musk. Ici aussi, on trouve le service cher, bien que sa vitesse soit généralement appréciée. Cependant, il faut souligner que nous n’avons pas reçu suffisamment de réponses au sujet de Starlink pour qu’il figure dans notre palmarès.
Aucun service filaire n’est offert chez vous? Les pages suivantes vous permettront de déterminer lequel de ces deux services satellitaires correspond le mieux à vos besoins.
Deux technologies différentes
Xplore : en orbite géostationnaire
Xplore a accès à quatre satellites en orbite géostationnaire, soit à 35 786 km de la Terre, au-dessus de l’équateur. « C’est son emplacement et la capacité disponible qui dictent à quel satellite un utilisateur peut être relié, et donc à quels forfaits il a accès », résume Charles Beaudet, vice-président responsable des relations gouvernementales d’Xplore. Aucun des satellites en question ne couvre toute la superficie du Québec et les plus vieux, par exemple, ne peuvent offrir une connexion à 50 mégabits par seconde (Mbit/s).
L’installation d’une antenne pour ces satellites est complexe et nécessite la visite d’un technicien. Le plus gros problème de la technologie est toutefois sa latence, soit le temps qu’il faut pour qu’une information se rende d’un point à un autre. Elle est d’environ 900 millisecondes (ms) avec le service par satellite d’Xplore – selon différents tests réalisés par des utilisateurs sur le Web –, soit environ 13 fois plus longue que celle de Starlink.
Quand vous cliquez sur un lien sur un site web avec l’Internet par satellite d’Xplore, votre requête doit donc en effet traverser 35 786 km, puis revenir sur terre pour en informer le serveur auquel vous voulez accéder. La page web envoyée doit ensuite elle aussi faire un détour par l’espace.
Si vous regardez un film en ligne, ce n’est pas bien grave; vous devrez patienter une seconde de plus avant de le commencer, mais l’image sera en théorie tout aussi belle par la suite. Cela dit, rien n’est garanti puisqu’une connexion satellitaire est moins fiable qu’une connexion filaire, à cause de ses capacités limitées et de la météo (tant Xplore que Starlink le reconnaissent, d’ailleurs).
« Une latence de plus de 100 ms rend certains usages d’Internet beaucoup plus difficiles, comme le jeu vidéo en ligne et les vidéoconférences », indique par ailleurs une étude publiée en mai dernier sur la vitesse des réseaux satellitaires dans les Amériques par Ookla, l’entreprise derrière le test de vitesse Speedtest.net. La longue latence est donc le talon d’Achille d’Xplore.
L’offre satellitaire d’Xplore devrait bientôt être bonifiée, avec la mise en orbite à l’été 2023 d’un nouveau satellite, Jupiter 3. Ce dernier offrira des vitesses de 100 Mbit/s en téléchargement et de 10 Mbit/s en téléversement. Les signaux devront toutefois toujours parcourir des dizaines de milliers de kilomètres dans l’espace; la latence sera donc encore insuffisante pour les usages plus lourds.
Starlink : à basse orbite
Contrairement à Xplore, qui est doté d’une poignée de gros satellites à très haute altitude, Starlink compte sur plus de 4 000 petits satellites situés à basse orbite, soit à 550 km.
Le forfait et l’achat d’une antenne Starlink coûtent plus cher, mais cette approche permet plusieurs avantages pour les utilisateurs. Tout d’abord, les données n’ont pas besoin de se rendre aussi loin pour arriver à destination; la latence est donc plus petite, suffisamment pour ne pas être perceptible. Selon l’étude d’Ookla, les utilisateurs de Starlink au Canada obtiennent en moyenne une vitesse de 93,97 Mbit/s en téléchargement et de 9,6 Mbit/s en téléversement, et une latence de 70 ms.
Autre avantage : l’installation de l’antenne Starlink se fait d’une manière autonome, ce qui permet d’ailleurs à l’entreprise d’offrir un service pour véhicules récréatifs. Ce dernier coûte cependant 30 $ de plus par mois que pour la maison, soit 170 $ par mois, et nécessite une antenne différente (759 $ pour le modèle fixe, ou 3 170 $ pour celui pouvant être utilisé en mouvement).
Les forfaits offerts
Forfaits recensés en mai 2023. Les forfaits proposés peuvent varier d’un endroit à l’autre. * Les abonnés au forfait Priorité, conçu surtout pour les entreprises, peuvent ensuite utiliser des données illimitées à vitesse standard. Des forfaits plus chers, avec plus de données prioritaires, sont aussi proposés. ** Avec entente d’un an. Les frais d'installation peuvent être plus chers pour une résidence isolée, si l’installateur doit prendre l’avion, par exemple.
Starlink à prix réduit
Le gouvernement du Québec s’est donné pour mission d’offrir à tous les ménages du Québec reliés au réseau d’Hydro-Québec la possibilité de s’abonner à un forfait internet haute vitesse. « Il reste 60 000 foyers à brancher d’ici l’automne 2023 », souligne Gilles Bélanger, adjoint parlementaire du premier ministre pour le volet Internet haute vitesse.
Le gouvernement priorise l’installation de la fibre optique pour relier les foyers. Dans les cas où une telle option serait trop coûteuse, les ménages qui le souhaitent peuvent s’abonner à Starlink. L’antenne satellite est alors gratuite (à l’exception des frais de livraison de 50 $) et le forfait mensuel est réduit de 40 $ pendant trois ans, à 100 $ par mois.
Quinze mille familles se sont prémunies de l’option jusqu’ici, et d’autres pourraient encore le faire, notamment si leur branchement à la fibre optique en venait à prendre plus de retard. Dix mille antennes supplémentaires ont d’ailleurs été réservées par Québec et pourront être distribuées au besoin.
Pour l’instant, seul le service de Starlink est remboursé par Québec. « C’est le seul qui offre une basse latence et des vitesses supérieures à 50 Mbit/s en téléchargement et à 10 Mbit/s en téléversement », explique Gilles Bélanger.
D’autres solutions pourront s’ajouter éventuellement si elles répondent aux critères, mais l’Internet par satellite demeure dans tous les cas une option de dernier recours pour Québec.
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