Maison connectée : de la techno oui, mais de façon plus mesurée
Un internaute québécois sur deux possède au moins un appareil connecté pour la maison, et la grande majorité en est satisfaite. Pour gérer leurs résidences, les Québécois semblent toutefois préférer la sobriété numérique, comme le constate l’enquête NETendances 2025 Maison intelligente et écoresponsable.
En bref
- La moitié des internautes québécois possèdent un appareil connecté pour leur maison et en sont satisfaits.
- L’autre moitié préfère adopter une approche modérée de la technologie à la maison et attend de voir ce que ces appareils apportent réellement de plus.
- Malgré des incitatifs, l’adoption de thermostats intelligents a plutôt stagné l’an dernier, faute de bénéfices clairs.
- De plus en plus de Québécois privilégient la réparation et l’achat d’appareils de seconde main à l’achat d’appareils électroniques neufs; ils sont motivés surtout par des raisons économiques.
Chaque année, l’Académie de la transformation numérique de l’Université Laval publie une enquête NETendances sur la maison intelligente et écoresponsable. La cuvée 2025, menée auprès d’un millier d’internautes du Québec, confirme que les appareils connectés ont fait leur place chez la moitié des internautes québécois, mais l’implantation de ces outils dans les maisons se fait désormais plus lentement. « À moins qu’une nouvelle technologie n’émerge ou ne vienne répondre à de nouveaux besoins, on arrive à un plateau », indique Astrid Alemao, responsable de ces enquêtes.
Protégez-Vous : La moitié des internautes possède des appareils connectés, mais l’autre moitié hésite à « domotiser » les maisons…
Astrid Aleamo : Nous avons demandé aux internautes les raisons pour lesquelles ils achètent ou non des appareils connectés pour la maison. Ceux qui n’adoptent pas ces outils numériques ne voient pas en quoi ces objets amélioreraient leur quotidien (49 %). Mais surtout, ils ne souhaitent pas intégrer trop de techno dans leur foyer (43 %). Comme le souligne une de nos intervenantes, la professeure Amélie Guèvremont, leur choix traduit une volonté de garder le contrôle : plutôt qu’avoir une maison toujours plus « intelligente », plusieurs préfèrent des technologies utiles et discrètes. Ce résultat révèle leur aspiration à un certain équilibre : consommer moins de technologie, mais mieux la choisir et contrôler son usage.
Au fond, ils s’interrogent sur le rapport coût-bénéfice que la techno apporte…
Exactement. On le voit avec les thermostats intelligents, dont [l’acquisition] reste assez [lente]. La proportion d’internautes ayant installé cet appareil s’élève à 9 % en 2025, un recul de 3 points de pourcentage par rapport à l’année précédente — ce n’est toutefois pas statistiquement significatif. Cela survient malgré le fait que 3 % des internautes affirmaient l’an dernier avoir l’intention d’en installer chez eux.
Je m’attendais à une adoption plus rapide, d’autant que des programmes comme Hilo offrent gratuitement ces appareils et leur installation. Oui, les gens ont l’intention de faire des économies d’électricité, mais ce n’est pas un besoin pressant…
Dans votre rapport, vous parlez de « sobriété numérique ». Est-ce à dire que les internautes du Québec commencent à prendre un pas de recul sur la techno ?
Les enceintes intelligentes — comme Alexa, Google Home, etc. — sont les objets connectés les plus présents : on les trouve dans une résidence sur quatre (26 %). Mais, malgré de grosses campagnes publicitaires et des prix très attrayants, ces objets ne pénètrent pas davantage dans les maisons : les personnes qui voulaient s’en procurer l’ont déjà fait.
Quand on demande aux gens ce qu’ils font avec ces enceintes, la plupart (77 %) indiquent qu’ils écoutent de la musique — un usage de base. Certains les utilisent pour connaître la météo le matin ou écouter les nouvelles (31 %). Ce qu’on voit, c’est que l’utilisation des fonctions plus « intelligentes » reste, au fond, assez marginale.
Est-ce que c’est parce qu’ils n’en ont pas vraiment besoin ? Ou parce que leur usage n’est pas entré dans leurs habitudes ? C’est peut-être un mélange de tout ça…
Ou est-ce parce que l’avantage qu’apportent certains objets connectés n’est pas si grand ? Il y a peu de gain entre regarder la météo sur son cellulaire ou poser la question à Alexa sur le temps qu’il fait…
Est-ce que cette technologie nous aide vraiment dans notre quotidien ? C’est ça, la question intéressante. Les internautes s’interrogent sur l’utilité, le coût, l’impact du numérique sur la sécurité de leurs données. Ils comprennent ces enjeux-là.
Ça se reflète aussi sur l’adoption d’autres objets intelligents : un Québécois sur cinq (18 %) dispose désormais d’un électroménager connecté [voir le tableau ci-dessous], et dans la plupart des cas, ceux qui vont dans cette voie en possèdent plusieurs.
Mais, si on décortique les chiffres, l’adoption de ces objets reste assez marginale : 9 % seulement pour les gros électroménagers connectés, et des pourcentages encore plus modestes pour d’autres appareils, comme des lave-vaisselle, des aspirateurs robots ou des appareils de contrôle des portes et fenêtres. Leur présence dans les maisons n’est pas majeure.

- Source : Enquête NETendances 2025 sur la maison intelligente, Académie de la transformation numérique de l’Université Laval
Votre enquête indique, par ailleurs, que le premier réflexe face à un objet électronique défectueux n’est plus d’en acheter un neuf, mais de vérifier s’il peut être réparé. C’est tout un changement en un an !
L’achat d’un appareil neuf comme premier réflexe a baissé de 15 points de pourcentage de 2024 à 2025 [voir le graphique ci-dessous]. Dans le même laps de temps, l’option de privilégier la réparation est passée au premier rang. Se tourner vers un appareil de seconde main ou le comparer à un neuf gagne aussi la faveur des internautes.

- Source : Enquête NETendances 2025 sur la maison intelligente, Académie de la transformation numérique de l’Université Laval
Ce changement, je crois, traduit avant tout un enjeu de moyens. Je vais comparer ça avec les raisons pour lesquelles les gens disent être prêts à contrôler leur consommation d’électricité : 45 % le font pour diminuer leur facture ; 45 % pour leur facture et leur empreinte énergétique; mais seulement 10 % le font pour des raisons strictement environnementales.
Faire réparer un appareil, le faire durer ou opter pour un usagé est avant tout un choix économique.
Mais c’est quand même une bonne nouvelle, car le changement de priorités dans les intentions des internautes facilite l’adoption de comportements souhaitables : les campagnes de sensibilisation fonctionnent et les messages commencent à être intégrés.
À lire aussi : Ce qu’il faut savoir sur les gros électros intelligents et Les meilleures marques d’appareils électroniques
Des passages de cette entrevue ont été remaniés par souci de clarté et de concision.

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