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Pissenlits : les biopesticides plus populaires que jamais

Par Mathieu Ste-Marie
pissenlit Pascal Huot/Shutterstock.com

La quête d’un gazon vert sans pissenlits est-elle révolue ? Pas tout à fait, si l’on se fie aux ventes records de biopesticides en milieu urbain utilisés pour lutter contre cette plante.

Les ventes des biopesticides ont atteint près de 1,5 million de kilos d’ingrédients actifs en 2021, soit 29 % des ventes totales de pesticides, selon le plus récent bilan annuel des ventes de pesticides publié par le ministère de l’Environnement. Cela représente pratiquement le double des ventes de 2019.

Cette hausse est attribuable à la farine de gluten de maïs, un biopesticide d’usage domestique utilisé notamment dans la lutte contre le pissenlit, dont les ventes ont plus que quintuplé en quatre ans.

Les biopesticides sont des substances chimiques et des agents antiparasitaires qui, contrairement aux pesticides, sont issus de sources naturelles comme des bactéries, des champignons, des virus, des plantes, des animaux et des minéraux.

« Ces produits, notamment les bioherbicides, une sous-catégorie des biopesticides qui s’attaquent à l’herbe à poux ou au pissenlit, ne sont toutefois pas sans danger », affirme Claude Lavoie, professeur titulaire de l’École supérieure d’aménagement du territoire et de développement régional (ÉSAD) de l’Université Laval.

« Les bioherbicides sont des produits toxiques, sinon ils ne seraient pas des herbicides. Mais leur degré de toxicité pour l’environnement est moindre que celui des herbicides de synthèse », explique le biologiste et spécialiste des plantes envahissantes.

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Un risque acceptable mais…

D’ailleurs, l’Agence de règlementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada précise que, pour être considéré comme un biopesticide, le produit doit faire preuve d’une faible toxicité intrinsèque pour les humains et ne doit pas persister dans l’environnement.

Ainsi, les risques pour la santé humaine et l’environnement liés à l’utilisation de gluten de maïs sont jugés acceptables par Santé Canada.

Néanmoins, sur l’étiquette du produit Amaizeingly Green, un herbicide de farine de gluten de maïs, il est recommandé de porter une chemise à manches longues, un pantalon, des chaussures fermées et des gants lorsque le produit est manipulé. Il est également conseillé de porter un masque antipoussière durant le traitement.

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Efficace, si l’on suit les recommandations

Selon Santé Canada, « il a été démontré que la farine de gluten de maïs et les préparations commerciales connexes ont une valeur en tant que solution de lutte contre les organismes nuisibles ».

De son côté, le biologiste Claude Lavoie estime que l’efficacité des bioherbicides est réduite par la mauvaise utilisation des consommateurs. « Ils ont une certaine efficacité, mais le résultat est tributaire d’une stricte observance des recommandations qui se trouvent sur l’étiquette. Ce que les consommateurs négligent souvent de faire, et même les entreprises d’aménagement paysager », souligne le spécialiste.

Par exemple, il est déconseillé d’utiliser le Amaizeingly Green par temps venteux, si des averses abondantes sont prévues et si vous avez un gazon nouvellement semé. En revanche, il est suggéré d'employer ce produit lorsque le sol est humide et que de la pluie est prévue dans les deux jours suivant le traitement.

Une utilisation tardive

De plus, vous devriez appliquer cette substance chimique avant la germination des graines de pissenlit puisque ce produit est plus efficace sur les jeunes pousses que sur les plantes adultes. Or, les consommateurs attendent souvent la floraison pour les utiliser, donc trop tardivement.

« Si vous avez déjà du pissenlit sur votre terrain, les biopesticides ne changeront rien. Le produit va seulement avoir pour effet que vous n’en aurez pas davantage », assure Claude Lavoie.

Par ailleurs, les solutions vendues dans les grandes surfaces sont somme toute trop peu concentrées pour être vraiment utiles, selon lui. Celles destinées aux entreprises pour usage commercial sont plus concentrées et un peu plus efficaces.

Apprendre à vivre avec les pissenlits

Le biologiste estime qu’il est vain de faire la lutte aux pissenlits avec des pesticides ou des biopesticides. « Cette lutte est extrêmement difficile, dit-il. Nous n’en arrivons pas à bout avec les herbicides traditionnels. Cela fait 125 ans que nous luttons contre le pissenlit, et il y en a toujours autant. Vaut mieux apprendre à vivre avec, ils ne font de mal à personne. » De plus, ils nourrissent les pollinisateurs.

En revanche, certaines luttes en valent davantage la peine, comme celle contre l’herbe à poux qui fait souffrir les personnes allergiques.

Contre la berce du Caucase, une plante envahissante et toxique qui brûle la peau, l’herbicide de synthèse peut être utilisé, soutient le biologiste. Toutefois, pour les plantes de type « renouée », il existe des solutions mécaniques ou physiques plus efficaces que l’herbicide.

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