Avant de louer votre piscine à des inconnus, parlez-en à votre assureur !
Le Airbnb de la piscine est arrivé au Canada. Certes, louer ses installations à des inconnus permet de gagner de l’argent. Mais, avant toute chose, mieux vaut en informer votre assureur.
Les Québécois qui possèdent une piscine peuvent désormais la louer à monsieur et madame Tout-le-Monde grâce à la nouvelle application Swimply.
Le site web et l’appli fonctionnent sur le même principe qu’Airbnb : on sélectionne la position géographique souhaitée, le prix ainsi que les critères voulus (date, moment de la journée, présence d’un tremplin, possibilité d’amener un animal de compagnie, possibilité d’utiliser la salle de bain, etc.). Puis, la plateforme affiche des propositions de piscines prêtes à être louées. Plusieurs annonces indiquent le niveau d’intimité de la cour, et certaines précisent même que les hôtes ne resteront pas sur les lieux pendant la location.
Lancée il y a trois ans, l’entreprise, désormais implantée aux États-Unis, en Australie et au Canada, affiche au total plus de 20 000 piscines, selon la porte-parole de Swimply, Andrea Toch. Le Canada compte près de 2 000 piscines, dont 700 au Québec, indique-t-elle.
Se baigner chez des inconnus
De nombreuses municipalités québécoises sont répertoriées sur la plateforme. Pour vous donner une idée du portrait, une recherche rapide faite le 30 août 2021 montrait que 11 piscines étaient disponibles à Gatineau, six à Lévis, cinq à Saguenay et trois à Sherbrooke. Sur l’île de Montréal, 16 étaient disponibles (surtout dans des lieux comme Dorval, Anjou ou Montréal-Est), mais le nombre grimpait à 150 pour les gens prêts à se rendre dans une municipalité avoisinante comme La Prairie, Longueuil ou Boucherville.
Le tarif pour se baigner dans la piscine d’un pur inconnu ? Environ 75 $ CA de l’heure – mentionnons que les montants affichés sur la plateforme sont en dollars américains. Cette information est claire dans l’appli, mais elle l’est moins sur la version web.
C’est l’hôte qui fixe le prix et l’entreprise prélève une commission de 15 %. Par exemple, quelqu’un qui louerait sa piscine 50 $ de l’heure pour deux heures remettrait 15 $ à l’entreprise. Il réaliserait donc un profit de 85 $. Et combien peut-on gagner en louant sa piscine ? « Les propriétaires canadiens font en moyenne de 5 000 à 10 000 $ US par mois », affirme Andrea Toch, c'est-à-dire entre 6 300 et 12 600 $ CA.
À noter que les locataires de maisons tentés d’arrondir leurs fins de mois n’ont pas la possibilité d’agir comme hôte puisque les règlements de l’entreprise stipulent que « seuls les propriétaires des lieux sont autorisés à louer une piscine ».
Et les assurances ?
Swimply offre une assurance responsabilité civile d’un million de dollars américains aux hôtes qui font affaire avec eux. Quant aux dommages matériels qui pourraient être causés par les utilisateurs, les règlements de Swimply mentionnent que « les hôtes disposent d’une protection allant jusqu’à 10 000 $ US, si la piscine ou la demeure ont subi des dommages et que le client refuse ou est incapable de payer pour ceux-ci ». Une franchise de 250 ou 500 $ US est toutefois exigée.
Même en tenant compte de cette couverture, le Bureau d’assurance du Canada recommande aux hôtes d’en informer leur assureur afin d’avoir l’heure juste sur les protections dont ils auraient besoin. « Le contrat d’assurance habitation couvre les biens et la responsabilité civile des personnes dans le cadre de leur vie privée, indique Anne Morin, responsable des affaires publiques de l’organisme. Dès qu’un bien tel que la maison ou la piscine devient un moyen de gagner un revenu d’appoint, il faut communiquer avec son assureur. »
Outre le montant d’assurance qui pourrait être augmenté, un ajustement du contrat pourrait être requis. « La forme que cela pourrait prendre relève de chaque assureur et des besoins de l’assuré », précise madame Morin.
Clauses de limitation ou d’exclusion de responsabilité
Certaines annonces publiées sur la plateforme indiquent que les loueurs devront signer un document pour décharger l’hôte de toute responsabilité en cas d’accident. De tels papiers peuvent être utiles en cas de poursuite, mais ils sont loin d’être à toute épreuve.
En effet, le Code civil du Québec prévoit ceci : « Une personne ne peut exclure ou limiter sa responsabilité pour le préjudice matériel causé à autrui par une faute intentionnelle ou une faute lourde [...] qui dénote une insouciance, une imprudence ou une négligence grossière. Elle ne peut aucunement exclure ou limiter sa responsabilité pour le préjudice corporel ou moral causé à autrui. » C’est donc dire que, dans certaines circonstances, un avocat pourrait invalider une telle décharge.
Bref, les propriétaires de piscine qui veulent éviter les mauvaises surprises ont intérêt à contacter leur assureur avant de louer leur cour à de purs inconnus.
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