Puis-je virer à droite au feu rouge, si un feu pour piétons est activé?
La réponse à cette question peut sembler évidente. Elle a pourtant suscité un débat animé sur une page Facebook « Spotted » de la région de Québec. Alors, on peut ou pas ?
Tout a débuté avec une jeune femme de l’arrondissement Beauport qui dénonçait le comportement d’un conducteur : ce dernier l’a enguirlandée parce qu’elle avait choisi de ne pas tourner à droite au feu rouge alors que le feu pour piétons était activé.
Évidemment, la plupart des réactions soutenaient la dame : comportement inacceptable ! Mais le débat a vite dévié sur l’enjeu de la légalité ou non du virage à droite dans une telle situation. Peut-on, oui ou non, tourner à droite si le feu pour les piétons est activé ? Les avis sur Spotted étaient pour le moins partagés !
Cela illustre bien à quel point la manœuvre du virage à droite au feu rouge — autorisée partout au Québec depuis 2003 à l’exception de l’île de Montréal — est encore incomprise par de nombreux conducteurs.
C’est légal !
Récapitulons avec une mise en situation : vous êtes au volant de votre véhicule, vous êtes le premier dans la file à une intersection au feu rouge et le feu pour piétons est activé. Avez-vous tout de même le droit d’effectuer un virage à droite si la voie est libre et qu’il n’y a plus aucun piéton ?
La question se pose fréquemment :
- lorsqu’un piéton ou un petit groupe de piétons, par exemple, effectue la traversée rapidement en quelques secondes (au début du cycle) ;
- si un piéton impatient s’exécute illégalement avant même l’activation du feu ;
- si un carrefour est entièrement paralysé dans les quatre directions, lorsqu’un feu pour piétons est activé, même si aucun piéton ne traverse à votre droite.
Réponse : À moins qu’un panneau de signalisation ne vous interdise explicitement de le faire, il est tout à fait légal de virer à droite au feu rouge si un feu pour piétons est en fonction, à condition — évidemment ! — de céder le passage aux piétons, lesquels ont la priorité absolue.
Sur Facebook, plusieurs sont pourtant convaincus du contraire et croient dur comme fer qu’ils enfreindraient la loi dans un tel cas de figure, comme si un feu pour piétons annulait toute possibilité de virer à droite au feu rouge jusqu’à la fin du cycle. Certains disent même connaître des automobilistes ayant un reçu un constat d’infraction pour cela.
La loi est-elle suffisamment claire ?
Le mode d’emploi du virage à droite au feu rouge, en ligne sur le site web de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), ne répond toutefois pas à cette question spécifique et n’est pas suffisamment clair à cet égard, selon plusieurs conducteurs qui interprètent les règles différemment.
Les mêmes critiques fusent au sujet du seul article de loi pertinent qui fait référence au virage à droite au feu rouge dans le Code de la sécurité routière :
Article 359.1
« … à moins d’une signalisation contraire, le conducteur d’un véhicule routier ou le cycliste peut, face à un feu rouge, effectuer un virage à droite après avoir immobilisé son véhicule avant le passage pour piétons ou la ligne d’arrêt ou, s’il n’y en a pas, avant la ligne latérale de la chaussée sur laquelle il veut s’engager et après avoir cédé le passage aux piétons engagés dans l’intersection de même qu’aux véhicules routiers et cyclistes engagés ou si près de s’engager dans l’intersection qu’il s’avérerait dangereux d’effectuer ce virage. »
Le texte de loi précise ce qu’il est possible de faire ou non en présence d’un « passage pour piétons », mais il ne fait aucune distinction par rapport à un feu piétonnier et aux différentes phases pour piétons, qu’il s’agisse de la silhouette blanche d’un piéton fixe ou d’un feu clignotant accompagné ou non d’un compte à rebours.
L’autorisation d’effectuer la manœuvre est implicite, confirme un porte-parole du ministère des Transports et de la Mobilité durable du Québec (MTMD), lequel assure qu’il est bel et bien « possible d’effectuer un virage à droite au feu rouge lorsque le feu pour piétons est activé et qu’il n’y a pas de piétons qui traversent ou s’apprêtent à [le faire] et qu’il n’y a pas de signalisation interdisant le virage à droite au feu rouge ».
Un juge de la Cour municipale de Québec avait d’ailleurs confirmé cette interprétation dans une décision rendue en 2008. De toute évidence, le message n’est pas parvenu à tous.
Cette capsule vidéo, réalisée par le Ministère, illustre très bien ce qu’il faut faire à une intersection. Même si elle date d’il y a douze ans, elle est toujours d’actualité. Le MTMD a également fait une publication sur les réseaux sociaux à ce sujet, l’été dernier.
Un privilège, pas une obligation
Rappel important : vous devez toujours effectuer un arrêt obligatoire à l’intersection AVANT d’amorcer un virage à droite au feu rouge, en toutes circonstances.
Et ce n’est pas parce que vous avez le droit de tourner que vous êtes obligé de le faire. Feu piétonnier ou non, le virage à droite au feu rouge demeure un privilège et non une obligation. Il faut respecter la décision d’un conducteur qui choisit de ne pas s’en prévaloir.
« Personnellement, je ne suis pas à l’aise de tourner lors de ce moment et je préfère attendre la fin du décompte », témoigne une dame sous la publication du ministère des Transports, et elle est loin d’être la seule.
Klaxon = contravention
De nombreux internautes rapportent des incivilités, des coups de klaxon et des comportements délinquants à l’égard des conducteurs qui préfèrent attendre au feu. « Ne klaxonnez pas pour les obliger à avancer. Non seulement c’est un manque de politesse, mais vous risquez aussi une amende de 100 $ à 200 $ pour avoir utilisé le klaxon sans nécessité », rappelle-t-on sur le site web de la SAAQ.
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