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Deux couples, une voiture : voici leur système de partage

Par Caroline Bertrand
Deux couples, une voiture : voici leur système de partage Shutterstock.com

Depuis novembre 2022, Flore Fournier, économiste à la retraite, partage une voiture avec son conjoint, leur fille et leur gendre. Les deux couples font la preuve qu’avec un peu d’organisation, l’autopartage est possible.

C’est la fille de Flore Fournier qui a lancé l’idée de partager à quatre une seule voiture, plutôt que de posséder un véhicule par famille alors que les deux couples s’en servent peu. L’enseignante et responsable des stages retraitée se réjouit que l’idée soit venue « de la jeune génération » : son conjoint et elle ont donc vendu leur voiture et racheté la moitié de celle de leur fille. 

Ces quatre résidents de Québec ont établi leur propre système de partage, qui fonctionne à merveille depuis le premier jour. « Il n’y a eu aucune embûche », assure celle qui a enseigné l’agroéconomie à l’Université Laval pendant 30 ans. 

Voici le modus operandi qui réussit à Flore et sa famille.

Vivre à proximité pour partager l’auto

« Il est essentiel que ce soit facile d’aller chercher la voiture », affirme d’emblée Flore Fournier. Il est donc préférable que les personnes partageant le véhicule demeurent à proximité les unes des autres. 

Dans le cas de l’enseignante retraitée, le hasard a bien fait les choses puisque son conjoint et elle-même ont quitté la banlieue de la capitale nationale pour déménager à quelques kilomètres seulement de leur fille, au cœur de Québec. 

Le fait que les deux ménages puissent de surcroît se rendre très facilement à la voiture en transport collectif est un avantage. « Deux lignes de Métrobus relient nos domiciles », indique Flore. 

Elle suggère de laisser la voiture là où il est le plus simple de la stationner ou de la déneiger. Puisque Mme Fournier possède un garage, l’auto y est généralement stationnée, ce qui facilite le déneigement l’hiver. Quant à sa fille, elle doit plutôt la garer dans la rue.

Effectuer une simulation au préalable

Avant de partager une voiture, les deux couples se sont d’abord prêtés durant quelques mois à un exercice : celui de noter tous leurs déplacements afin d’évaluer les risques de conflits d’utilisation. 

Ultimement, ils ont constaté qu’en six mois, peu de moments s’étaient chevauchés, mais que la période des vacances estivales devait nécessiter plus d’arrangements. 

Rédiger un accord d’autopartage

Le clan a rédigé un accord énonçant clairement les modalités du partage de la voiture. Ils ont notamment détaillé ce qui concerne les frais d’utilisation (tarif au kilomètre, entretien, assurances, immatriculation, essence), le fonds de roulement pour assurer d’avoir l’argent nécessaire, la comptabilité, la période des vacances, mais également ce qui arrive en cas d’accident ou de conflit d’horaire, par exemple.

Facturer selon les kilomètres parcourus

Les quatre membres, comme ils se désignent dans leur accord, partagent tous les frais du véhicule à partir d’un tarif au kilomètre d’utilisation, qu’ils ont établi conformément au guide de la CAA.

Ce tarif au kilomètre d’utilisation s’apparente à la tarification du système d’autopartage Communauto. 

Tenir un registre des trajets

Une composante majeure de leur système de partage est certainement le registre numérique qu’ils se sont créé, accessible sur leur cellulaire. En plus d’y inscrire leurs réservations, ils consignent le détail de leurs trajets. 

Pour chaque trajet, tout le monde inscrit : 

  • le nombre de kilomètres parcourus, en indiquant le kilométrage à l’odomètre au départ et à l’arrivée ; 
  • la ou les personnes à bord ;
  • l’adresse du stationnement si la voiture est garée dans la rue.

Les membres consignent en outre, dans un autre onglet, les totaux des factures reliées à la voiture qu’ils ont payées. D’ailleurs, partager tous les frais fixes d’une voiture représente, selon Flore, « un soulagement économique qui n’est pas banal ». 

Une fois par mois, cette dernière s’acquitte de la comptabilité, en se basant sur le coût moyen de l’essence dans leur région selon les données émises par Statistique Canada. « À Québec, l’essence coûte assez cher, et ça revient à environ 0,35 $ du kilomètre, décrit-elle. Savoir combien coûte chaque kilomètre d’utilisation, c’est fou comme ça sensibilise. »

Et puisque les calculs s’effectuent automatiquement dans le registre, « faire les comptes, ce n’est pas une corvée », affirme Flore, qui procède alors en un tournemain aux remboursements. 

Ouvrir un compte commun pour l’auto

Initialement, chaque couple a investi 500 $ dans une caisse commune, destinée à l’entretien de la voiture et aux assurances. « Quand on va au garage, on sait à l’avance qu’on a l’argent. Il n’y a pas de stress lié à ces visites », dit Flore. 

Souscrire une seule police d’assurance

Les quatre copropriétaires de la voiture ont besoin d’une unique police d’assurance. Puisque la Société de l’assurance automobile du Québec recommande l’inscription d’un seul nom sur le certificat d’immatriculation, trois d’entre eux se sont inscrits comme conducteurs occasionnels. 

L’ajout de conducteurs occasionnels à une police d’assurance entraîne inévitablement des frais supplémentaires, mais cela revient moins cher que de souscrire deux polices. 

À lire aussi : Ce qu’il faut savoir avant de prêter votre voiture

Choisir des personnes de confiance 

Il est important de partager la voiture avec des gens de confiance. Par exemple, en cas d’accident pour lequel aucun des membres n’est responsable, Flore et sa famille sont solidaires des frais qui en découleront.

Toutefois, en vertu de leur accord, si l’un des leurs était responsable d’un accident, cette personne serait tenue de prendre en charge la franchise. 

Privilégier les transports collectifs

Flore Fournier souligne un élément important à ses yeux : avant même que les deux ménages partagent un véhicule, chacun utilisait peu le sien. Ce qui en faisait une famille tout indiquée pour partager une auto.

« Dans notre famille, personne ne “trippe” voiture, fait-elle remarquer. Ça ne fait pas partie de notre identité. Je pense que c’est l’un des prérequis. » 

Flore et sa famille prennent régulièrement les transports en commun, marchent beaucoup, font du vélo ; personne n’utilise la voiture pour aller travailler. « On a moins le réflexe de prendre la voiture pour aller faire des courses. Souvent, on y va à pied… ce qui est bon pour la santé et la forme ! », dit-elle, le sourire dans la voix. 

Flore et son conjoint utilisent surtout la voiture pour transporter des charges lourdes ou sortir de la ville.

S’entendre pour les vacances d’été

Afin de gérer équitablement le partage de la voiture durant les vacances estivales, période où la voiture est le plus sollicitée, les deux ménages ont priorité pour le choix des dates à tour de rôle. Ils ont déterminé la priorité la première année par un simple tirage au sort. 

Si un conflit d’horaire survenait, ils discuteraient de leurs besoins et trouveraient une solution. Par exemple, lorsque la fille de Flore avait réservé la voiture pour un séjour hors de la ville entre amis et que l’autre ménage souhaitait aussi la réserver, elle a simplement embarqué dans une autre voiture. 

Flore et son conjoint n’hésitent pas non plus à prendre le bus ou le train pour aller visiter la famille de ce dernier à Montréal si leur fille a déjà réservé la voiture.

« Il y a pas mal de préjugés envers le train, mais je peux témoigner qu’entre Québec et Montréal, les trains sont modernes et pas mal toujours à l’heure, raconte Flore. Et si on prend les billets un peu d’avance, c’est très abordable — le voyage en pleine période des Fêtes [l’an passé] nous a coûté 196 $ aller-retour pour deux. »

Sans compter que Flore et son conjoint n’ont alors pas à se soucier des tempêtes de neige ! 

Il arrive parfois que le couple opte pour le transport en commun vers Montréal même si la voiture est dans le garage. « Le train ou l’autobus nous donnent aussi plus de flexibilité si l’un de nous souhaite prolonger le séjour. Tout dépend des déplacements que nous avons à faire à Montréal », témoigne-t-elle.

Toutefois, malgré le bilan jusqu’à présent positif du partage durant les vacances, Flore admet qu’elle ne partagerait pas une voiture à plus de deux ménages. « Pour les vacances, ça n’aurait plus de bon sens », reconnaît-elle.

Jouir d’une voiture adaptée à ses besoins

Flore Fournier et son conjoint possèdent également une petite tente-roulotte ; il est donc important que leur voiture soit équipée pour la tirer — équipement dont ne dispose pas forcément une voiture de location. Leur véhicule partagé est aussi muni d’un support à vélo. « Il demeure qu’on a accès à une voiture vraiment adaptée à nos besoins », souligne la professeure retraitée. 

Désirer faire un pas de plus

Aux yeux de Flore Fournier, ce partage de voiture constitue « une petite victoire ». 

Après que son conjoint et elle eurent quitté leur maison de banlieue trop grande pour deux — « c’était pour une famille, pas pour nous » — et se furent établis au centre-ville de Québec, le couple, mû par une conscience environnementale aiguisée, s’est demandé quel était le prochain geste qu’il pouvait faire pour l’environnement. C’était l’auto partagée.

« C’est ce dont je suis fière, d’avoir trouvé une façon de faire un pas de plus », confie Flore. Le prochain pas sera de passer à la voiture électrique.

« Je ne vais pas faire dans le prêchi-prêcha, mais se soucier de la planète allège souvent notre budget et n’implique aucun sacrifice pour nous », conclut-elle. 

À lire aussi : Quelles villes offrent du vélopartage au Québec ?

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