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Publicités frauduleuses : une action collective intentée contre Meta

Par Jean-Luc Lavallée
Publicités frauduleuses : une action collective intentée contre Meta Muhammad Alimaki/Shutterstock.com

L’animatrice Marie-Claude Barrette et une victime de fraude viennent de déposer une demande d’action collective au Québec contre Facebook Canada et Meta. Elles accusent ce géant des médias sociaux de laisser circuler librement sur ses réseaux sociaux de fausses nouvelles ou des publicités mensongères mettant en scène des personnalités publiques, en usurpant les logos de vrais médias.

Vous avez peut-être lu, sur Facebook, cette nouvelle renversante « qui a choqué tout le Canada » au sujet de Normand Brathwaite, lequel dit « adieu à une vie normale » ? Ou encore celle avec un titre trompeur laissant croire à… sa mort ?

Tout cela n’est évidemment qu’un tissu de mensonges. De la pure affabulation visant à attiser la curiosité de l’internaute pour qu’on l’amène, dans un premier temps, à cliquer sur le lien d’une fausse nouvelle et, dans un deuxième temps, sur des liens menant vers des sites transactionnels douteux ou des plateformes louches d’investissements de cryptomonnaies.

L’arnaque n’est pas nouvelle. Elle revient périodiquement dans votre fil d’actualité Facebook, sous la forme d’un lien « sponsorisé ». Autrement dit, les fraudeurs achètent de la publicité sur le réseau social bien connu pour atteindre plus facilement leurs futures victimes.

La recette des fraudeurs est simple : un titre accrocheur, un faux récit inventé de A à Z, une vedette qui dévoile ses prétendus secrets pour s’enrichir et un internaute redirigé vers un site web où il pourra à son tour s’enrichir. Du moins, c’est que plusieurs ont cru, à tort.

« Tout ça est faux », s’est indigné Normand Brathwaite, sur les ondes de TVA il y a quelques jours, visiblement exaspéré par la plus récente vague de publicités frauduleuses ayant déferlé sur Facebook au Québec.

D’autres personnalités au Québec et au Canada anglais ont été associées, malgré elles, à cette supercherie récurrente qui prend diverses formes.

L’ex-maire de Québec Régis Labeaume, l’acteur Claude Legault et les animatrices Véronique Cloutier et Marie-Claude Barrette font partie du lot. Des escrocs ont utilisé leur image et leur notoriété comme appât dans l’espoir de détrousser des internautes.

Des millions de dollars dérobés

 Plusieurs milliers de personnes seraient tombées dans le piège et auraient perdu un total de « 5 à 10 millions de dollars selon les premières estimations », peut-on lire dans une demande d’action collective déposée au palais de justice de Montréal contre Facebook Canada et Meta, la société mère de Facebook et Instagram en Californie. Les pertes financières pourraient même franchir le cap des 100 millions de dollars, selon un rapport d’expertise au soutien de la preuve des requérants.

La requête a été déposée au nom de Marie-Claude Barrette et d’un citoyen beauceron, John Viens. Celui-ci a perdu 3 500 $ en croyant les fausses « confessions » de cette vedette québécoise à propos de son succès avec les cryptomonnaies, provenant d’un article bidon relayé sur Facebook.

Les personnalités publiques concernées disent recevoir des dizaines de messages par semaine d’internautes qui se sont fait piéger. Marie-Claude Barrette a, par ailleurs, déclaré en avoir reçu plusieurs centaines jusqu’à maintenant, peut-on lire dans un rapport d’expertise rédigé par l’Académie de formation et de prévention de la fraude (AFPF) au bénéfice des requérants.

« Les victimes auxquelles nous avons parlé et celles ayant communiqué avec Marie-Claude Barrette mentionnent des pertes directes de 335 $ à 30 000 $, pour une moyenne estimée de 1 000 $ par personne », précisent les auteurs du rapport, Sylvain Paquette et Claudia Aubry.

Des fausses pubs toujours en ligne

Plusieurs victimes de cette escroquerie de grande ampleur se seraient butées à l’inaction de Facebook, malgré la dénonciation de cette supercherie au réseau social, allègue le document judiciaire. Facebook n’est pas toujours prompte à retirer les publicités frauduleuses et juge même parfois qu’elles respectent ses standards en matière de publicité, un non-sens selon l’avocat qui représente les plaignants dans cette affaire.

« Ils ne peuvent pas ignorer la situation tout de même, d’autant plus lorsqu’on leur signale la chose. Ils font des vérifications automatiques qui sont tout à fait insuffisantes. Je ne sais pas si c’est volontaire, mais le système est aveugle », exprime MGérard Samet en entrevue.

Nous avons également fait le test en signalant à Facebook, dans les derniers jours, une des nombreuses publications frauduleuses concernant Normand Brathwaite.

La réponse du réseau social est survenue 24 heures plus tard : « Nous avons examiné la publicité que vous avez signalée et avons déterminé qu’elle n’enfreint pas nos règles publicitaires. Puisque vous nous l’avez signalée, nous ne vous montrerons plus cette publicité à l’avenir. »

Malgré une demande de réexamen, la décision est demeurée la même et la publicité était toujours en ligne.

Facebook énonce pourtant sans détour que ses règles publicitaires « interdisent la promotion de produits, de services, de programmes ou d’offres reposant sur des pratiques trompeuses ou mensongères, notamment dans le but d’arnaquer les internautes, ou de leur soutirer de l’argent ou des informations personnelles. »

Le logo des médias détourné

En plein Mois de la prévention de la fraude, une mise en garde s’impose donc à nouveau sur les sources d’information que vous consultez. Les arnaqueurs n’hésitent pas à reproduire le logo de véritables médias, comme CBC, CTV ou La Presse au Québec, afin de crédibiliser leur récit, d’où l’importance de vérifier l’URL de la page que vous consultez et l’origine du lien.

« Je trouve ça grave quand même. Qu’on me dise que je suis mort, ce n’est pas si pire, mais qu’on nous utilise à des fins de fraude, c’est très sérieux, surtout qu’ils ont pris les couleurs de La Presse », commente Régis Labeaume, aujourd’hui chroniqueur à ce journal.

Indigné, l’éditeur en chef adjoint et vice-président Information de La Presse, François Cardinal, n’a pas manqué de souligner dans une chronique ce week-end l’ironie de la chose. « Facebook a banni les vraies nouvelles de La Presse de sa plateforme depuis août dernier… mais laisse circuler les fausses nouvelles de “La Presse”. Et récolte même une commission par la bande », écrivait-il dimanche.

Précisons que la demande d’autorisation d’exercer une action collective n’a pas encore été approuvée par la Cour supérieure. Et la date d’une première audience n’a pas encore été fixée.

- Capture d'écran de Facebook

À lire aussi : Cryptomonnaies : attention aux piègesDes réponses à vos questions sur les cryptomonnaies et Apprenez-en davantage sur les cryptomonnaies sur le site de l’Autorité des marchés financiers (AMF)

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  • Par Jean-Charles Clouthier
    20 mars 2024

    C'est vraiment aberrant qu'une entreprise si énorme ne prennent pas ses responsabilités ni les actions rapides et nécessaire pour corriger une telle situation. Ou l'on s'en va avec de telles inactions. Il serait peut-être le temps que le gouvernement s'implique dans cette situation dont tout la population peut être exposé. Mais la encore il faudra attendre que le problème soit peut-être plus énorme.

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