Hausse du salaire minimum : suffisant pour vivre ou survivre ?
Le salaire minimum augmentera de 0,50 $ le 1er mai au Québec pour atteindre 15,75 $. Si vous travaillez à temps plein avec ce taux horaire, vous devriez être en mesure de répondre à vos besoins de base, mais pas d’obtenir ce que l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques appelle le « revenu viable », soit celui qui permet de sortir de la pauvreté.
« La hausse du salaire minimum à 15,75 $ (3,28 %) est plus élevée que l’augmentation prévue de l’inflation en 2024-2025 (2,3 %) », souligne le gouvernement du Québec. Le salaire minimum des travailleurs à pourboire, quant à lui, passe à 12,60 $ l’heure.
Concrètement, le salaire minimum de 15,75 $ représente un revenu disponible (ce qu’il vous reste en poche après impôts, cotisations et prestations gouvernementales), qui varie selon la réalité de chaque ménage.
Voici les estimations auxquelles arrivent les experts de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques (CFFP) de l’Université de Sherbrooke Suzie St-Cerny et Luc Godbout dans leur analyse annuelle du salaire minimum, en retenant les cas des ménages dans lesquels chaque adulte travaille à temps plein (35 heures par semaine) et en tenant compte des divers paliers d’imposition et des allocations pour enfants :
Revenu disponible
Personne seule | 26 186 $ |
Famille monoparentale avec un enfant | 39 827 $ |
Couple avec deux enfants | 65 261 $ |
Les chercheurs de l’Université de Sherbrooke ont comparé ces différents revenus disponibles avec ce qu’on appelle la Mesure du panier de consommation (MPC), qu’ils ont ajustée pour tenir compte de l’inflation. Cette mesure officielle de la pauvreté au Canada représente le coût d’un panier de biens et services (logement, alimentation, transport, vêtements, etc.) correspondant à un « niveau de vie modeste et de base ».
« Si je tombe de vélo, que je me casse quatre dents et que je dois les faire réparer, cette dépense-là n’est pas calculée dans la MPC », illustre le professeur Luc Godbout.
Leur conclusion ? Non seulement tous les ménages énumérés plus haut arrivent à combler leurs besoins de base, mais leur taux de couverture de la MPC s’est amélioré entre 2023 et 2024. « Cela signifie que le revenu disponible, qui tient compte du salaire minimum et des prestations de l’État, a augmenté plus vite que l’inflation », résume M. Godbout.
Le Québec est d’ailleurs la province canadienne où le revenu disponible des ménages gagnant le salaire minimum permet de mieux couvrir les besoins de base, tels que définis par la MPC. « Cela s’explique par la conjugaison de plusieurs facteurs, dit Suzie St-Cerny : le salaire minimum, les prestations fédérales et provinciales, les impôts et le coût de la vie. »
Loin du « revenu viable » avec le salaire minimum
Le problème avec la MPC, c’est qu’elle ne concerne que le « strict minimum » et exclut des dépenses importantes, comme les soins des dents ou des yeux, souligne la spécialiste de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) Eve-Lyne Couturier.
Voilà pourquoi elle préfère s’attarder au « revenu viable », soit l’équivalent du revenu disponible nécessaire pour sortir de la pauvreté en tenant compte non seulement des dépenses de base (alimentation, logement, transport), mais aussi de certaines dépenses discrétionnaires, comme celles liées à des vacances.
Le « revenu viable » pour 2024 varie selon l’endroit où l’on se trouve. Voici les résultats de l’IRIS pour les ménages vivant à Montréal, comparés aux revenus disponibles calculés par la CFFP de l’Université de Sherbrooke pour le même type de ménage dont les membres gagnent le salaire minimum :
Différence entre… | le revenu viable (IRIS) | et...le revenu disponible (CFPP) |
Personne seule | 38 479 $ | 26 186 $ |
Famille monoparentale avec un enfant | 51 223 $ | 39 827 $ |
Couple avec deux enfants | 81 999 $ | 65 261 $ |
Ça saute aux yeux : l’écart est grand entre le revenu viable calculé par l’IRIS (selon une méthodologie révisée pour l’édition 2024 de son étude annuelle) et le revenu disponible des ménages qui gagnent le salaire minimum, même s’il couvre les besoins de base de la MPC, d’après le CFPP.
« Depuis dix ans, le salaire minimum n’a jamais permis d’atteindre le revenu viable, déplore Eve-Lyne Couturier. On voit que le manque à gagner pour sortir de la pauvreté ne fait qu’augmenter pour une personne qui travaille à temps plein au salaire minimum, notamment en raison de la hausse des coûts liés au logement. »
Alors, le salaire minimum est-il suffisant pour vivre ou pour survivre ? La réponse dépend des besoins qu’on juge essentiels et des données qu’on utilise pour les évaluer. Selon Eve-Lyne Couturier, un salaire horaire permettant de sortir de la pauvreté devrait varier entre 20 $ (à Trois-Rivières) et 30 $ (à Sept-Îles), en tenant compte du coût de la vie dans ces régions.
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