Attention

Votre navigateur n'est plus à jour et il se peut que notre site ne s'affiche pas correctement sur celui-ci.

Pour une meilleure expérience web, nous vous invitons à mettre à jour votre navigateur.

Graffitis: c’est l’heure du ménage du printemps

Par Annick Poitras
Graffitis: c’est l’heure du ménage du printemps Photo: S. Perron

Votre propriété a été barbouillée de graffitis multicolores? Si vous habitez à Montréal, la plupart des arrondissements peuvent vous aider à les faire disparaître gratuitement.

Issus des ghettos new-yorkais, les graffitis signés – les tags – ont fait leur apparition au Québec dans les années 1990 et prolifèrent depuis sur les murs, clôtures, portes de garage, bancs de parc… alouette! Ce fléau urbain, qui touche les biens tant du domaine public que privé, donne des maux de tête aux autorités et aux citoyens qui doivent débourser des centaines, voire des milliers de dollars, pour effacer ces inscriptions illicites.

En 2014, 1 041 graffitis en tout genre ont été signalés à Montréal. «Mais ce n’est probablement que la pointe de l’iceberg, car bien des graffitis ne sont pas rapportés», dit Pierre Liboiron, commandant et porte-parole en matière de graffitis au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). En effet, selon la Ville de Montréal, plus de 130 000 m2 de graffitis ont été effacés l’an dernier sur les biens publics et privés, au coût de trois millions de dollars. Ce n’est rien de moins que la superficie de 82 patinoires de hockey!

Reste que le nombre de signalements de graffitis a baissé de moitié depuis dix ans; en 2005, plus de 2 000 cas étaient rapportés à la SPVM. Cela ne signifie pas que le phénomène est enrayé pour autant. Au contraire, de plus en plus de citoyens et de commerçants maugréent contre les tagueurs qui défigurent le paysage.

>> À lire aussi: Graffitis: comment éloigner les tagueurs... et agir si le mal est fait

Service de nettoyage gratuit à Montréal

Depuis quelques années, plusieurs arrondissements montréalais offrent d’enlever gratuitement les graffitis sur les propriétés privées (voyez l’encadré). Si vous faites appel à ce service, vous devrez laisser libre accès aux experts en nettoyage. Le site de la Ville précise toutefois qu’ils n’ont pas «d’obligation de résultat» et que les travaux peuvent laisser certaines traces.

Sur une surface peinte, les graffitis seront recouverts d’une peinture similaire, mais pas nécessairement identique à l’originale. Quant aux inscriptions sur pierre, béton ou métal, elles seront nettoyées à l’aide d’un produit chimique et d’équipements spécialisés.

Dans les arrondissements Rosemont-La Petite-Patrie, Plateau-Mont-Royal et Ville-Marie, il suffit de remplir un formulaire en ligne et d’envoyer par courriel une photo du graffiti. Dans d’autres secteurs, les citoyens doivent plutôt communiquer avec la Ville pour bénéficier de ce service gratuit. Les graffitis admissibles doivent être à une hauteur de 4 ou 5 mètres tout au plus, selon les quartiers, et doivent être visibles de la rue. De plus, certains secteurs peuvent être priorisés, comme c’est le cas sur le Plateau cette année.

Si vous souhaitez faire le travail vous-même, les arrondissements louent des machines au coût d’environ 15 $ par jour. Fait important: dans certains arrondissements, comme Saint-Léonard, les citoyens ont la responsabilité d’effacer les graffitis sur leur propriété, sous peine d’amende de 100 $ pour une première offense.

Dans la Vieille Capitale, les commerçants et les particuliers ont aussi la responsabilité de faire nettoyer leurs bâtiments, confirme Sylvain Gagné, relationniste à la Ville de Québec. «Il n'y a pas d'explosion du nombre de graffitis ces dernières années et pas de programme d'aide en particulier.» La Ville débourse cependant environ 30 000 $ par an pour effacer les tags sur les biens publics.

Phénomène difficile à enrayer

À Montréal, les quartiers situés à proximité du centre-ville sont les plus visés par les tagueurs, confirme le commandant Pierre Liboiron. «Depuis 2009, les arrondissements et la SPVM unissent leurs efforts pour éradiquer les graffitis, notamment en ce qui concerne la surveillance du territoire et l’échange d’information sur les personnes qui commettent ces méfaits», dit-il. Les policiers sont particulièrement aux aguets après les blitz de nettoyage, période durant laquelle les tagueurs sont assez actifs.

En moyenne, à Montréal, 2 650 constats d’infraction sont donnés annuellement, car les arrondissements ont des règlements municipaux qui interdisent les graffitis. Les amendes varient généralement entre 100 et 1 000 $, mais peuvent grimper jusqu’à 5 000 $ dans le Plateau-Mont-Royal et Rosemont-La Petite-Patrie, qui ont resserré la vis. À ces amendes s’ajoutent les frais de nettoyage et des risques de poursuites au civil. «Toutefois, si le malfaiteur a moins de 18 ans, la loi provinciale limite l’amende à 100 $ plus les frais», souligne Pierre Liboiron.

Tagueurs épinglés

Plusieurs mineurs figuraient au sein des 104 tagueurs arrêtés en 2014 pour méfait et qui sont maintenant accusés au criminel. «Ils risquent de traîner un casier judiciaire», précise le commandant. Pourquoi seulement une centaine d’accusations alors que plus de 2 000 constats d’infraction sont émis? «Comme il ne faut que quelques secondes pour faire un graffiti, la difficulté est de prendre les tagueurs en flagrant délit. Souvent, la preuve n’est pas assez forte pour porter une accusation au criminel», explique le commandant. Le nombre d’arrestations de graffiteurs est d’ailleurs à la baisse sur l’île; par exemple, en 2009, il y en avait eu trois fois plus, soit 380.

La stratégie mise de plus en plus sur la prévention, notamment en sensibilisant les jeunes. «Ils font partie du problème et doivent faire partie de la solution», explique Geneviève Dubé, relationniste à la Ville de Montréal. Les parents sont aussi davantage ciblés par les campagnes de prévention, car ce sont souvent eux qui, au final, paient les amendes. Les commerçants qui vendent de la peinture en aérosol sont aussi invités à mettre ces items sous clé afin d’éviter que ces produits soient volés et pour dissuader l’achat récurrent.

Les arrondissements de Montréal offrant un service gratuit d’enlèvement de graffitis sur le domaine privé:

Ahuntsic-Cartierville
Anjou
CDN-NDG
Lachine
LaSalle

Mercier-Hochelaga-Maisonneuve
Montréal-Nord
Outremont
Plateau-Mont-Royal
Rosemont-La Petite-Patrie

Saint-Laurent
Sud-Ouest
Verdun
Ville-Marie
Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension

Source: Ville de Montréal