Endettement: les Canadiens dans le rouge
Une nouvelle étude confirme que les consommateurs canadiens sont très endettés, mais plutôt bons payeurs. Est-ce aussi votre cas?

Photo: Shutterstock
Consommer et s’endetter: telle semble être la devise du pays! Selon une étude récente publiée par Equifax Canada, agence spécialisée dans l’information aux entreprises et au secteur financier, l’endettement des consommateurs canadiens a progressé de 6,1 % au printemps dernier, par rapport à la même période l’an dernier.
En cumulant désormais des dettes de 1 345,5 milliards de dollars (hypothèques comprises), les Canadiens sont parmi les ménages les plus endettés au sein des pays de l’OCDE, devant entre autres la France, la Grande-Bretagne, le Japon et même les États-Unis. Chez nos voisins du Sud, le ratio d’endettement par rapport au revenu disponible est de 116,2 % (hypothèques comprises), comparé à 162,7 % au Canada (ce ratio est calculé en divisant le total des dettes par le revenu net d’une famille x 100).
Malgré leurs lourdes créances, les Canadiens font preuve de sagesse dans le remboursement de leurs prêts: le taux de défaut de paiement (pendant plus de 90 jours) est en baisse depuis trois ans et atteint même «un minimum record», affirme l’étude d’Equifax Canada.
Bonne dette vs mauvaise dette
Les prêts automobiles et les hypothèques servant à financer un bien immobilier constituent les deux tiers de la dette totale des consommateurs. Ces secteurs ont connu les plus fortes hausses entre 2012 et 2013, hausses qui peuvent s’expliquer par une situation économique plus stable.
C’est plutôt une bonne nouvelle. Car acquérir avant tout des biens durables, comme une maison et un véhicule, que vous pourrez revendre en cas de besoin, est le gage d’un endettement sain, commente Éric Lebel, conseiller en redressement financier et syndic de faillite au sein du cabinet Raymond Chabot Grant Thornton.
C’est ce qui caractérise les bonnes dettes. À l’inverse, rappelle-t-il, «emprunter sur une carte de crédit qui facture 19 % en taux d’intérêt dans le but de voyager n’est pas un bon choix. Vous paierez longtemps un plaisir qui n’aura duré qu’une ou deux semaines».
Inquiétant pour les aînés
Par ailleurs, le rapport d’Equifax Canada révèle que la dette moyenne des consommateurs âgés de 65 ans et plus affiche la plus forte hausse, soit 6,5 %.
Ce phénomène ne surprend pas Éric Lebel. «Souvent, les gens de cet âge ont développé d’importantes habitudes de consommation et, une fois à la retraite, ils ne réduisent pas leur train de vie pour l’adapter à la réalité, soit des revenus moindres.»
Equifax souligne aussi que certains aînés haussent leurs revenus par le truchement du crédit pour pallier des rentes de retraite déficientes, ou pour aider leurs enfants ou leurs propres parents ayant des difficultés financières. Résultat: ils s’endettent, sans nécessairement mesurer leur capacité réduite à rembourser leurs créanciers.
Une limite à ne pas dépasser
Éric Lebel rappelle qu’il est essentiel de toujours réajuster, au besoin, son endettement à ses revenus. «Une personne qui a un taux d’endettement de 35 % par rapport à son revenu (avant impôts) commence à être dans une situation critique, note-t-il. Sa marge de manœuvre ne lui permet plus de faire face aux imprévus de la vie: une maladie entraînant un arrêt de travail, une séparation ou une voiture qui brise.»
Un taux d’endettement de 35 %, ça signifie quoi? Par exemple, ce taux serait atteint par un ménage dont les revenus annuels bruts sont de 62 000 $ et devant assumer les remboursements mensuels suivants:
- 1 250 $ d’hypothèque
- 350 $ de prêt auto
- 250 $ de prêts à la consommation
- Total: 1 850 $
Un taux d’endettement sous la barre du 30 % du revenu avant impôts est considéré comme étant «sous contrôle» par les conseillers financiers.
Où vous situez-vous?
Quelques faits saillants
- Dette des ménages canadiens: 62,4 % est consacré à des hypothèques, 4,3 % au financement d’un véhicule, et 33,3 % émane de prêts personnels et de crédit à la consommation.
- En moyenne, le solde hypothécaire des ménages s’élevait à 168 387 $ au printemps 2013, soit 7,4 % de plus qu’à la même période l’an dernier.
- Toronto affiche le taux de défaillance (remboursements de prêts en retard de 90 jours et plus) le plus élevé des grands centres urbains canadiens. Montréal arrive en 3e position, derrière Halifax. La métropole québécoise fait donc moins bien que Vancouver, Calgary, Ottawa et Edmonton.
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