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Interdire les cartes de crédit aux ados? Pas nécessairement

Par Stéphanie Perron
Interdire les cartes de crédit aux ados? Pas nécessairement iStockphoto

Interdire les cartes de crédit aux mineurs ne serait pas une avenue à privilégier pour freiner l’endettement, croit l’Union des consommateurs.

Voilà une affirmation surprenante provenant d’un groupe de défense des consommateurs. Pourtant, l’organisme a plusieurs raisons de s’opposer à cette mesure, du moins comme elle est proposée dans le projet de loi 24 visant la modernisation des règles relatives au crédit, notamment dans la Loi sur la protection du consommateur.

«Nous n’avons pas d’indication que les mineurs seraient de plus mauvais utilisateurs de crédit que les adultes ou les jeunes en général, souligne le porte-parole de l’Union des consommateurs, Charles Tanguay. La majorité des mesures proposées dans le projet de loi visent à freiner l’endettement des consommateurs. Or, le surendettement passe avant tout par l’éducation et non par l’interdiction.» L’Union croit d’ailleurs qu’une interdiction pourrait inciter les ados à se procurer une carte dès leur majorité.

«C’est une bonne chose que l’interdiction soit inscrite dans la loi», croit au contraire la porte-parole de la Coalition des associations de consommateurs du Québec, Clémence Gagnon. «Même lorsqu’ils ont leur première carte à 18 ans, les jeunes n’en connaissent pas le fonctionnement. Il sera toujours [trop] tôt pour en faire des utilisateurs de crédit», ajoute-t-elle.

>> À voir aussi: le comparateur de cartes de crédit de Protégez-Vous

Les risques de l’autorisation parentale

Dans un mémoire présenté la semaine dernière à la Commission des relations avec les citoyens, l’Union des consommateurs dénonce le fait que le projet de loi permettrait aux compagnies d’émettre une carte de crédit aux mineurs qui possèdent l’autorisation de leurs parents. Le document de 24 pages (PDF) souligne le paradoxe d’un projet qui reconnaît les risques de surendettement des consommateurs, mais qui confierait à ces mêmes consommateurs le soin d’autoriser l’émission de cartes de crédit à leurs enfants mineurs. Le mémoire demande donc la réévaluation de la disposition visant l’interdiction des cartes de crédit pour les mineurs.

«Pour l’instant, il n’y a pas vraiment de problème lié à l’émission de cartes de crédit aux mineurs […] car les institutions ne leur en émettent pas. Or, la loi viendrait autoriser explicitement les compagnies à leur en émettre, pourvu qu’ils aient l’autorisation de leur parent, souligne Me Yannick Labelle, qui a participé à la rédaction du mémoire. Il y a un risque d’abus. Les entreprises pourraient [éventuellement] utiliser le formulaire de consentement afin que le parent se porte caution, ce qui ouvre la porte au surendettement du parent.»

Consultante budgétaire chez Solutions Budget Plus à Sherbrooke, Michèle Goyette s'oppose au fait que les mineurs puissent posséder une carte de crédit, et fait remarquer qu’une autorisation parentale pourrait avoir des conséquences semblables à celles des adolescents qui possèdent un cellulaire: «Les jeunes ne comprennent pas tous les termes du contrat, et les parents sont pris pour payer la facture.»

Parmi les changements majeurs proposés dans le projet de loi, on note l'obligation pour le commerçant de vérifier la capacité du consommateur de rembourser le crédit demandé ou d’exécuter les obligations qui découlent d’un contrat de louage à long terme de biens avant de conclure le contrat. La majorité des organismes de défense des consommateurs s’entendent pour dire que le projet devrait également inclure l’interdiction de solliciter les jeunes partout – y compris dans les cégeps et les universités – , ce qui n’est pas le cas pour l’instant.

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  • Par Ginette Pilon
    05 janvier 2012

    Félicitations à Louise Rodrigue qui a su éduquer son fils. Voilà un jeune homme qui ne s'endettera pas. Quant à Ira Red, ce n'est pas à l'école d'éduquer les jeunes au sujet de l'alcool, la cigarette et encore moins l'endettement. C'est aux parents! Qu'on cesse de reporter sur le dos des enseignants les obligations des parents! Si ça continue, on va demander aux garderies d'apprendre aux enfants à être propres!

    Ginette Pilon

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  • Par LOUISE RODRIGUE
    05 janvier 2012

    Aujourd’hui, le crédit fait partie intégrante de notre vie quotidienne. Il faut cependant garder le contrôle de ses dépenses. Quand mon fils a eu 16 ans, je lui ai permis d’avoir une carte de crédit avec une limite de $500.00 (la carte était à son nom mais le compte arrivait à mon nom). J’ai profité de cette occasion afin de lui enseigner comment l’utiliser de façon équilibrée. Chez-nous on n’achète pas par carte de crédit sur l'impulsion du moment. De plus, on s'assure de bien budgéter afin de payer ses comptes à la fin du mois. Trois ans plus tard (19 ans), il va à l’université, il a sa propre carte et continue à être un consommateur averti.

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  • Par Ira Red
    05 janvier 2012

    «Même lorsqu’ils ont leur première carte à 18 ans, les jeunes n’en connaissent pas le fonctionnement. Il sera toujours [trop] tôt pour en faire des utilisateurs de crédit»

    On peut dire la même chose de l’alcool et de la cigarette. L’éducation devrait se faire à l’école, il serait facile d’intégrer des exemples dans le cours de math.

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  • Par JOHANNE BEAULAC
    05 janvier 2012

    Mes deux filles ont eu leur 1ère carte de crédit à 15½ ans car elles travaillaient et avaient besoin d'une carte de crédit pour acheter des costumes de scène à leurs élèves. Nous avons dû signer pour elles. Elles recevaient leur compte à leur nom. Elles avaient une limite de $300.00. Elles ont toujours respecter la date. Nous leur avons dit de l'utiliser intelligemment. Si tu as de l'argent dans ton compte, tu peux te le permettre sinon attends et ramasse ton argent. C'est ce que nous faisons et c'est ce qu'elles font. Aussitôt qu'elles ont eu 18 ans, elles ont fait une demande d'une autre carte de crédit avec une limite plus intéressante, évidemment sans notre autorisation. Elles possèdent encore leur première carte de crédit. Au début, elles se servaient de leur carte et en arrivant à la maison, elles allaient rembourser immédiatement le montant dépensé. Alors, je trouve que cela dépend de l'enfant à savoir si il peut ou pas avoir une carte. Moi je suis heureuse que mes filles (19 et 21 ans) les utilisent intelligemment et je lève mon chapeau à mes filles car elles savent s'en servir.

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  • Par Mathieu Dostie
    05 décembre 2013

    Étant mineur, je n’ai qu’à acheter une carte de crédit prépayée, qui est disponible au supermarché où je travaille à temps partiel, pour contourner l’autorisation parentale et l’interdiction de posséder une carte de crédit. Je peux ainsi commander en ligne des articles nécessaires, au lieu de brûler de l’essence pour aller les acheter à 30 km de mon domicile!

    Mme Gagnon, la première chose qu’on nous dit dans notre cours d’économie au secondaire est « bienvenue dans le cours le plus important de votre vie ». Soyez assurée qu’à la fin de l’année, on comprend intégralement le fonctionnement du crédit: rembourser avant le délai = crédit gratuit ; rembourser après le délai = crédit très onéreux. On pousse les équations un peu plus loin en y ajoutant de véritables variables, mais le principe demeure le même.

    De plus, je ne vois pas comment nous pourrions réellement apprendre à utiliser le crédit, alors qu’on nous l’interdit: c’est comme tenter d’apprendre à faire des ballons baudruches avec de la gomme sans jamais avoir mâché de gomme…

    En somme, je vous en prie, cessez de nous prendre pour des imbéciles: ça devient insultant insultant, à la fin.